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Saint-Prieft, & vingt-deux autres ont été incendiés. Plufieurs gentilshommes ont été tués. On eft venu arracher les laboureurs de leurs travaux, pour les fo cer, le piftolet à la main, à ces dévastations. A Vienne, on avoit mis en prison 37 brigands; cette ville, quoique confidérable, menacée d'être incendiée & pillée, a été obligée, pour fa fureté, de les relâcher.

La commiffion des Eta's du Dauphiné confirme ces malheurs, & implore du fecours.

Le Mâconnois offie de pires horreurs encore. Plufieurs des incendiaires ont été trouvés chargés de pancartes, qui portoient : » Le Roi ordonne de brûler tous les châteaux ; il ne veut que le fien. «< M. de Cuft nes a opiné à terminer fans délai le bel arrêté du 4, à le joindre à celui de la veille, & à l'envoyer dans les provinces.

M. de Clermont Tonnerre: Au même instant on a armé le peuple dans tout le royaume. Ce concert indique un complot. Le remède eft fimple: fanctionner d'abord les facrifices, afin que la France fache qu'il n'existe plus qu'un intérêt, l'intérêt national. Il a enfuite propofé un arrêté, relatif aux brigands détenus; mais un autre membre a obfervé qu'il ne falloit pas multiplier les décrets.

M. le Duc de Liancourt a appuyé l'avis de ne pas défemparer jusqu'à la rédaction parachevée de l'arrêté du 4.

M. le Duc du Châtelet a vu, comme M. de Clermont-Tonnerre, un concert dans les attentats commis par-tout, au même inftant. Il a propofé de faire démentir le prétendu Arrêt du Roi, & de prier Sa Majesté de promettre une récompenfe aux Révélateurs des Inftigateurs ou Complices de

cet incendie.

Les cinq principaux projets d'Arrêté ont été renvoyés au Comité de Rédaction, auquel se éuniront les Auteurs de ces projets.

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La Ville de Saint-Denis a envoyé une Dépr tation, chargée de témoigner à l'emblée fa douleur de l'affaffinat du Lieutenan de Maire de cette Municipalité.

Des Cultivateurs des environs de Paris ont porté des plaintes amères, des dégats qu'occafionnoient dans les campagnes des bandes de geas armés qui, fous prétexe de faire des patrouilles, font des battues de gibier & foulent aux pieds les récoltes. Le défordre fera profcrit dans l'Arrêté à prendre.

M. l'Evêque de Chartres a obfervé que plufieurs Membres de l'Affemblée, peu favorifés de la fortune, & ne recevant pas les honoraires promis par leurs Commettans, ne pouvoient demeurer ici plus long tems. Il a propofé en conféquence de faire une extenfion à l'Emprunt, pour fubvenir aux befoins des Députés.

Un autre Membre a cbfervé qu'on ne devoit point interrompre les Difcuflions des Affaires de Etat, pour s'occuper de l'intérêt perfonnel.

Un Membre des Communes a ajouté quil étoit indigne de l'Affemblée de faire un Emprunt pour elle.

Un Préopinant a propofé de former un Emprunt particulier, pour les Députés. Cette propofition a été fort mal reçue.

Un grand nombre de Membres vouloient attendre la rédaction de l'Arrêté ; d'autres ont voulu partir. M. le Préfident a propofé, par affis ou levé, de lever la Séance.

Cet avis a paffé à une grande majorité.

Du Dimanche 9 AOUT, Séance extraordinaire. Elle a été tout entière confacrée à la Difcuffion de la forme & des conditions de l'Emprunt. Le Préambule du Décret a été dressé en ces termes : » L'Assemblée Nationale, informée des be

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fins urgens de l'Etat, decrète uu Emprunt de

» trente miliions »

Sur l'avis de M. le Vicomte de Noailles l'intérêt de cet emprunt a été fixé à quatre & demi pour cent, fans retenue.

Nous développerons cette Difcuffien dans le Journal fuivant.

P. S. C'est par méprife que, dans le No. 31 nous avons annoncé le départ de M. le Comte de Crillon pour les easx. Ce Député n'a jamais eu l'idée de s'éloigner un moment de l'Allemblée Nationale, & n'a pas été abfent une feule Séance. On l'a confondu avec M. le Comite railon d'Andlau qui a demandé à fe retirer pour de fanté.

De Paris, le 12 août.

L'importance et la variété des détails qu'on vient de lire dans le Journal de l'Assemblée nationale, restreint à peu de lignes, pour aujourd'hui, le précis des faits que nous aurions à rapporter, soit de la Capitale, soit des Provinces. Des bords du Rhône à ceux du Rhin, et de la Moselle à la Loire, elles ont offert, presque au même instant, un tableau digne de réflexion et de pitié. Le Dauphiné, le Maconnois, le Beaujolois, le Bugey, le Pays de Gex, la Franche-Comté, le Sundgaw, l'Alsace, une partie de la Lorraine, de la Normandie, du Perche, du Maine, du Nivernois, de la Tourraine, de l'Anjou, etc. ont offert, en 15 jours, le pillage des

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titres seigneuriaux, l'incendie des Châteaux, celle de plusieurs Abbayes; des meurtres et des dévastations qui accableront pour plusieurs années les Fermiers et les Seigneurs, le revenu public et celui des particuliers. Nous croyons prudent, même nécessaire, de garder le silence sur cette pluralité funeste de désastres de toutes parts, nous sommes accablés de leurs récits; il nous faut le temps de la réflexion avant de les mettre au jour.

Une Abbave célèbre dans le Mâconnois (Cluny), attaquée par une foule de brigands, leur a opposé, dit-on, une résistance efficace, et en a tué cent. En Franche-Comté, un nom bre de personnes se sont également réunies pour la défense de leurs foyers, et l'on cite une Dame d'un nom très-connu, qui, habillée en homme, et armée, a étendu de sa main trois incendiaires morts à ses pieds. Les Milices Bourgroises et les Maréchaussées ont sauvé plusieurs héritages, et quoiqu'un grand rombre d'ouvriers ait par-tout déserté les moissons, pour suivre un torrent dont l'Assemblée nationale cherchera Ja source, on espère que ce fléau, aussi pide que la peste, sera arrêté dans ses

progrès

La pluralité des Districts de Paris a adopté, à ce que nous croyons, au moins la première partie du plan te M. de la Fayette, pour la formation de la Milice

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Parisienne: un grand nombre de GardesFrançoises s'y sont incorporés, et l'on a proposé dans quelques Districts, de reconnoître leurs services, entr'autres, par le don d'une Médaille d'or, qu'ils porteront à leurs boutonnières. Depuis 15 jours, les Compagnies qui étoient restées à Versailles, ont abandonné cette ville, pour se réunir à leurs camarades.

Quant aux événemens de détail, ils se réduisent à quelques particularités. Les canons de M. le Prince de Conti à l'IsleAdam, ont été conduits ici, au nombre de dix-sept, le 4 de ce mois. » Il est assez << plaisant, dit une feuille de la Capitale, «qui rend compte de cette capture, << d'avoir vu des Grenadiers couchés sur « des lits superbes, et des étoffes magnifiques souillées par tous les genres de malpropretés. » La moralité de cette expédition, dit l'Auteur que nous citons, est que la force fait tout.

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Le sieur Duchartel, Lieutenant de Maire de Saint-Denis, accusé par le cri populaire, d'accaparemens, et d'a voir fait vendre du pain mêlé de blé et de seigle, a été proscrit, et massacré dans la nuit du dimanche au lundi 10; sa tête a été promenée dans la ville par ses meurtriers, dont quelques-uns, diton, sont arrêtés.

Un autre incident a alarmé la Capitale, la semaine dernière. Voici ce qu'on en raconte. Les Régisseurs des poudres

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