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L'onéprouve aussi des retards dans le payement de la taille, des vingtièmes et de la capitation; en sorte que les Receveurs généraux et les Receveurs des tailles sont aux abois, et plusieurs d'entre eux ne peuvent tenir leurs traités.

La force de l'exemple doit empirer journellement ce malheureux état des affaires; et les conséquences peuvent en être telles, qu'il devienne au-dessus de votre zéle et de vos moyens de prévenir le plus grand désordre et dans les finances et dans toutes les fortunes, et d'empêcher, au moins pendant long-temps, la dégradation des forces de ce beau Royaume.

Je crois donc, Messieurs, que vous sentirez la nécessité d'examiner, sans un seul moment de retard, l'état que je vous présente des secours indispensables pour empêcher une Suspension de payemens; et le Roi ne doute point que vous ne sanctionniez ensuite l'emprunt qu'exigent la sureté des engagemens, et des dépenses inévitables pendant deux mois; terme qui vous suffira sans doute pour achever ou pour avancer les grands travaux dont vous êtes occupés, et pour établir un ordre permanent, et tel que la France a droit de l'attendre de votre zèle éclairé, et des dispositions justes et bienfaisantes de Sa Majesté.

Il est vraisemblable qu'avec trente millions, il sera possible de pourvoir aux besoins indispensables pendant l'intervalle que je viens d'indiquer; mais il n'y a pas un instant à perdre pour rassembler cette somme. Je crois qu'il ne faut point chercher àdécider la confiance par de hauts intérêts; ce n'est point de la spéculation qu'il faut attendre des secours dans les circonstances présentes, mais d'un sentiment généreux et

patriotique, et ce sentiment répugneroit à accepter aucun intérêt au dessus de l'usage. Je proposerois donc, Messieurs, que l'eraprunt ut simplement à cinq pour cent par an, remboursable à telle époque qui seroit deniandée par chaque prêteur à la suivante tenue des Etats-Generaux.

Que ce remboursement fût placé en première ligne dans les arrangemens que vous prendrez pour l'établissement d'une Caisse d'amortissement.

Mais comme il est très-possible que, par le résultat de vos soins et de vos travaux, les affaires générales du toyaume et de la finance acquièrent un grand degré de prospérité, et qu'un intérêt de cinq pour cent devienne en peu de temps un intérêt-precieux, je voudrois que le remboursement de l'Emprunt proposé, n'cút lien qu'avec le consentement des prêteurs.

Je proposerois que cet Emprunt fût en billets au porteur ou en contrais, au choix des prêteurs; et qu'il fût stipulé que dans le cas où le Roi, de concert avec l'Assemblée nationale, ordonneroit la conversion en contrats des ellets at porteur actuellement existans, ceux de l'Emprunt proposé ne, pourroient jamais être soumis à cette conversion sans le consentement des prêteurs.

Je proposerois encore que l'on dressât une liste de tous les prêteurs et de tous les souscripteurs qui, par eux-mêmes ou par la confiance de leurs Correspondans et de leurs Cliens, auroient rempli cet Emprant patriotique, et que cette liste fût communiquée à votre Assembléc, et conservée, si vous le jugiez à propos, dans vos registres.

Vous ne vous refuserez pas, Messieurs, à

la sanction de cet Enprani. Plusieurs cahiers, sans doute, ont exigé que la Constitution für glée avant le consentement à aucun impot, à aucun emprunt; mais pouvoit-on prévoir les difficultés qui ont retardé vos travaux ? pouvoit-on prévoir la révolution inouie arrivée depuis trois semaines? Vos Commettans vous crieroient, "'ils pouvaient se faire entendre: Savez PEtat, sauvez la Patrie; c'est de notre repos, c'est de notre bonheur dont Vous êtes comptables. Et combien ne l'êtesTons pas aujourd'hui, Messieurs, que le Gonvernement ne peut plus rien, et que vous seuls avez encore quelque moyen pour résister à Porage! Pour moi, j'ai rempli ma tâche; je dépose entre vos raina la connoissance des allaires; et de quelque moyen dont vous fassiez le choix, mon devoir se borne à respecter vos opinions, et a donner, jusqu'au dernier moment, des témoignages de zèle et de dé

Fouement.

On ne doit pas ce dissimuler qu'au milieu des troubles dont nous sommes environnés, le succés de cet Emprunt n'est pas démontré. Cependant, un premier Emprunt, garanti par les Représentans de la Nation la plus attachée aux lois de Phonneur, et la plus riche de l'Europe, présente un emploi à l'abri de toute inquiétude réelle. On appercevra, sans dome aussi, qu'indépendamment des sentimens généreux et patriotiques qui doivent favoriser le succès de cet Emprunt, il y a bien des motifs de politique propres à déterminer les Capitalistes. H est manifeste que chacun ▲ un intérêt majeur à prévenir une confusion générale, et à vous laisser le temps d'arriver à votre terme. Ah! Messieurs, que ce tèrme est nécessaire ! qu'il est pressant! vous voyes

si

les désordres qui régnent de toutes parts dans le royaume; ces désordres s'accroîtront, yous n'y portez pas, sans délai, une main salutaire et conservatrice: il ne faut pas que les matériaux du bâtiment soient dispersés ou anéantis, pendant que les plus habiles Architectes en composent le dessin.

Vous considérerez, Messieurs, s'il n'est pas devenu indispensable d'inviter ceux qui dispo sent aujourd'hui de quelque manière d'une puissance exécutrice, à maintenir le recou vrement des droits et des impôts établis tant qu'ils font partie des revenus de l'Etat. On ne peut payer sans recevoir, on ne peut recevoir sans l'action des lois ; et cette action s'affoiblit, lorsqu'aucun pouvoir ne la rassure et ne la soutient. L'habitude de se soustraire aux charges publiques, déja si attrayante par elle-même, acquiert de nouvelles forces par l'exemple; et lorsqu'elle n'est pas combattue de bonne heure, il n'est souvent plus possible de la dominer sans les moyens les plus violens. Vous ne pouvez donc, Messieurs, vous dis-, penser de jeter un regard d'inquiétude sur l'état de la France, afin de prévenir que des précautions trop tardives n'empêchent ce beau royaume de profiter des bienfaits que vous Jui préparez. Le Roi, Messieurs, est disposé à concourir à vos vues, et les Ministres auxquels il a donné sa confiance, s'en serviront selon ses intentions, pour contribuer avec vous au bonheur de la Nation. Réunissonsnous donc pour sauver l'Etat, et que tous les gens de bien entrent dans cette coalition: il ne faut pas moins que l'efficacité d'une pa

reille alliance, pour surmonter les difficultés dont nous somnies entourés. Le mal est si grand que chacun est malaeureusement à portée

portée de l'apprécier; mais au centre où les Ministres du Roi sont placés, il présente un tableau véritablement effrayant. Tout est relâché, tout est en proie aux passions individuelles, et d'un bout du royaume à l'autre on soupire ardemment après un plan raisonnable de Constitution et d'ordre public, qui rétablisse le calme et présente l'espoir du bonheur et de la paix.

Malgré nos maux, le royaume est entier, et la réunion de vos lumières peut féconder tous les germes de prospérité. Que personne donc, ni dans cette Assemblée, ni dans la Nation ne perde courage: le Roi voit la vé rité; le Roi veut le bien; ses Sujets ont conservé pour sa personne un penchant que le retour de la tranquillité de son royaume fortifiera et augmentera. Livrons-nous donc Messieurs, à l'heureuse perspective que nous pouvons découvrir; un jour, peut-être au milieu des douceurs d'une sage liberté et d'une confiance sams nuages, la Nation Françoise effacera de son souvenir ces temps de calamité, et en jouissant des biens dont elle sera redevable à vos généreux efforts, elle ne séparera jamais de sa reconnoiss ance, le nom du Monarque à qui dans votre amour vous

venez d'accorder un si beau titre.

Les Miniftres retirés, M. de Clermont-Lodève s'eft écrié qu'à l'instant, & par acc'amation, on devoit confentir l'Emprunt demandé; mais ce mouvement d'enthoufiafme n'a pas éte contagieux.

Un Député des Communes a commercé par réclamer fes cahiers, qui lui interdi fent l'octroi de tout Emprunt ou Impôt, avant la confection des Lois politiqu; mais s'il étoit nécefNo. 33. 15 Août 1789. k

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