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malheureux. Se pourroit-il donc qu'à cette époque, où la Représentation nationale est plus nombreuse, plus éclairée, plus imposante qu'elle n'a jamais été, où la réunion de tous les Membres de l'Assemblée dans un seul et même Corps, et son union intime de principes et de confiance avec le Roi, ne laissent aucune ressource aux ennemis de la prospérité publique; se pourroit-il que tant et de si grands moyens fussent impuissans pour remédier aux maux qui nous pressent de toutes parts?

Vous l'avez justement pensé, Messieurs; une belle et sage Constitution est et doit être le principe le plus sûr et le plus fécond du bonheur de cet Empire. Sa Majesté attend, avec la plus vive impatience, le résultat de vos travaux, et Elle nous a expressément chargés de vous pressér de les accélérer; mais les circonstances exigent des précautions et des soins, dont l'effet soit plus instant et plus actif. Elles exigent que vous preniez les plus promptes mesures pour réprimer l'amour effréné da pillage et la confiance dans l'impunité; que vous rendiez à la force publique l'influence qu'elle a perdue. Ce n'est point celle que vous autoriserez, qui sera jamais dangereuse ; c'est le desordre armé qui le deviendra chaque jour davantage. Considérez, Messieurs, que le mépris des Lois existantes menaceroit bientôt celles qui vont leur succéder; c'est aux Lois la licence aime à se soustraire, que point parce qu'elles sont mauvaises, mais parce qu'elles sont des Lois. Vous réformerez des abus qu'elles présentent; vous perfectionmerez l'ordre judiciaire dans toutes ses parties. Le pouvoir militaire deviendra, comme il doit être, de plus de plus en plus redoutable à l'en

non

nemi, utile au maintien de l'ordre, sans qu'il puisse être jamais dangereux pour le Citoyen. Mais jusqu'à ce que votre sagesse ait produit ces grands biens, la nécessité réclame le concours de vos efforts et de ceux de Sa Majesté pour le rétablissement de l'ordre er l'exécution des Lois.

Sa Majesté compte assez sur la sagesse des résolutions que vous prendrez à ce sujet, pour vous annoncer d'avance qu'Elle s'empressera de les sanctionner et de les faire exécuter dans tout son Royaume.

Il étoit juste, Messieurs, de vous entretenir d'abord de la subversion générale de la police publique. Il étoit juste de vous deman der l'emploi de tous vos moyens pour son rétablissement. Le Ministre vertueux que le Roi vous a rendu, qu'il a rendu à vos regrets et à votre estime, va vous montrer, sous une nouvelle face, les funestes eflets de ces mêmes désordres; il va mettre sous vos yeux P'état actuel des finances.

Vous reconnoîtrez ce que les lenteurs, et en beaucoup d'endroits la nullité des perceptions, forment de vide dans le Trésor Royal, ou plutôt dans celui de l'Etat; car le Roi ne distingue pas son trésor de celui de la Nation, et quand ses besoins vous sont connus, vous ne pouvez vous dispenser d'y subvenir, sans ébranler, dans une proportion quelconque, toutes les fortunes et l'organisation même du Corps politique.

Vos Commettans, il est vrai, se sont flattés que la Constitution pourroit avoir reçu sa sanction, avant qu'il fût nécessaire de vous occuper d'aucun impôt, ni même d'aucun emprunt; mais ils ont également voulu que vous consolidiez la dette publique, et que

vous rejetiez, avec une juste indignation, toute mesure qui seroit capable d'aferët là confiance.

Le ten ps est venu, Messieurs, où une impérieuse nécessite semble vous commander, et vous avez deja fait commente l'espilt qui vous anime, en prorogeant les impo's etablis, et en plaçant les occanciers de Faiat sous la sauve-garde de Thonneur et de la loyauté, Italiçose.

Le Roi, Messieurs, vous demande de prendre en considération cet important objet, din lequel il ne veut jamais avoir d'intérêt sépare des co.res, li a voulu que sa franchise) galant le sentiment de sa confance, on ne vous dissime as rien. Il désire enfin que vous associant à sci sollicitudes, vous reunissiez vos efforts am si as, pour rendre à la for publique, son érergie; au pouvoir judiciaire, son activite; aax deniers publics, leur cours necessaie et légitime.

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« Et nous Messieurs que vous avez si sensiblement honorés de atre bienveillance, nous Alinisires d'en Rui qui ne veut faire qu'un uvec su Hotion, et qui sommes respons sables envers elle, comme envers lui, de nos conseils et de notr♦ administration, nous qui sommes intimement unis par notre amour pour le meilleur des Rois, par notre confiance réciproque et mutuelle, par notre zelē pour le bonheur de la France, et par notre Edèle attachement à vos maximes, nous venons réclamer vos lumières et votre appul, pour préserver la Nation des maux qui l'affligent, ou qui la menacent. »

M, Necker a présenté ensuite, et en ces sergies, le sab'eau du Royaume, et la ne

*sité d'un secours inmediat pour les Fi

Nances.

«Je viens, Messieurs, vous instruire de l'élat présent des Finances, et de la nécessité devenue indispensable de trouver sur-le-champ

des ressources.""

A mon retour dans le Ministère, att mois d'août dernier, il n'y avoit que quatre cents mille francs en ecas ou billets de la Caise d'Escompte au Tresor roya!; le detit ente les revenus et les depenses ordinaires etoit énorme, et les opérations antérieures à cette époque avolent detruit le crédit entièredient.

Il a failu, avec ́ces difficultés, conduire les affaires sans tromble et sans convulsion, et arriver à l'époque où l'Assemblée nationale, apres avoir pris connoissance des affaires, phurroit remettre le calme et fonder un ordre durable.

Cette époque s'est éloignée an-delà du terme qu'il eiwit naturel de sopposer; et en même temps des depenses extraordinaires et des diminutions inattendues dans le produit des revenus, ont augmenté Pembarras des finances.

Les secours immenses en blés que le Roi ■ été obligé de procurer à son royaume, unt donné lieu non-sevlement à des avancesconsiderables, mais ont encore occasionné une perte d'une grande importance, parce que le Roi n'auroit pu revendre ces blés au prix coûtant, sans exceder les facultés d Peuple, et sans occasionner le plus grand trouble dans son royaume. Il y a en de plas et il y a journellement des pillages que la force publique ne peut arrêter. Enfin, la misere generale et le defaut de travail ont

obligé Sa Majesté à répandre des secours considérables.

On a établi des travaux extraordinaires autour de Paris, uniquement dans la vue de donner une occupation à beaucoup de gens qui ne trouvoient point d'ouvrage et le nombre s'en est tellement augmenté, qu'il se monte maintenant à plus de douze mille hommes. Le Roi leur paie vingt sous par jour, dépense indépendante de l'achat des outils et des salaires des surveillans.

Je ne ferai pas le recensement de plusieurs autres dépenses extraordinaires amenées par la nécessité; mais je n'omettrai point de vous rendre compte d'une circonstance de la plus grande gravité: c'est de la diminution sensible des revenus, et du progrès journalier de ce malheur.

Le prix du sel a été réduit à moitié par contrainte dans les généralités de Caen et d'Alençon, et ce désordre commence à s'introduire dans le Maine. La vente, du faux sel et du tabac se fait par convois et à force ou verte dans une partie de la Lorraine, des Trois-Evêchés et de la Picardie; le Soissonnois et la généralité de Paris commencent à s'en ressentir.

Toutes les barrières de la Capitale ne sont pas encore rétablies, et il suffit d'une seule qui soit ouverte, pour occasionner une grande perte dans les revenus du Roi. Le recouvrement des droits d'Aides est soumis aux mêmes contrariétés. Les bureaux ont été pillés, les registres dispersés, les perceptions arrêtées ou suspendues dans une infinité de lieux dont l'énumération prendroit trop de place, et chaque jour on apprend quelque autre nouvelle aflligeante.

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