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Etats-Généraux devoit énoncer au Roi le vœu général, mais ne devoit pas toujours avoir egard au mouvement et aux désirs du Peuple. M. de Custines ayant été interrompu, par un cri general, sur l'expression d'Etats-Généraux, il a repris la parole et dit : Que l'usage ancien l'avoit habitué à cette dénomination. L'Assemblée nationale, a-t-il ajouté, n'a pas le droit de demander le renvoi d'un Ministre, lorsqu'on ne lui fait pas son procés. Il falloit attendre le retour de M. Necker, de la bonté du Roi.

M. de Mirabeau a fait l'apologie de ses principes, en rejetant le projet d'une dénonciation qu'on ne pouvoit étayer par des preuves, tandis que mille indices devoient oter toute confiance aux agens de l'autorité. M. le Comte de Clermont-Tonnerre a observé que l'Assemblée nationale ne peut faire que ce qu'elle doit. Nous ne parlons pas dans le désert, a-t-il ajouté: le Roi sait tout; laissons au Roi le droit de renvoyer ses Ministres, et de rappeler les autres, le regret de l'Assemblée doit suffire. Il a déclaré qu'une Nation législative, exécutrice, dénonciatrice et juge, s'exposeroit à tous les dangers. Il a fini par dire qu'il n'y avoit lieu à déli

bérer.

di

M. Grégoire a dit que ceux qui voudroient le rappel de M. Necker, diroient rappel; ceux qui désireroient le renvoi des Ministres, roient renvoi; et ceux qui seroient des deux avis, rappel et renvoi.

M. Fréteau a observé qu'on ne pouvoit demander le renvoi des Ministres; mais qu'en exposant au Roi le vœu de la ville de Paris, c'étoit indiquer le rappel de M. Necker. Grands débats sur la manière de poser la

question, pendant plus d'une heure et demie. Enfin, il a été décidé que l'éloignement des Ministres et le rappel de M. Necker ne seroient point séparés, et que ces deux demandes seroient insérées dans l'Adresse au Roi. On a rédigé en conséquence une Adresse qui porte que d'après les conseils demandés par le Roi, l'Assemblée prioit Sa Majesté de renvoyer tous les Ministres en place, et demandoit le retour de M. Necker et des anciens.

Cette Adresse a passé presque unanime

ment.

M. le Président a lu ensuite une Lettre de M le Maréchal de Broglie, qui lai annonçoit que les troupes partiroient aujourd'hui des environs de Paris pour se rendre à leurs garnisons respectives; et que celles qui alJoient arriver, reprendroient la route de leurs quartiers.

La Séance levée à quatre heures et demie, a été prorogée à huit heures du soir.

Du 16 Juillet, au soir. L'Assemblée s'est formée à huit heures du soir, pour lire le projet d'Adresse au Roi,

On a lu une Lettre de M. Bochard de Saron, Premier Président du Parlement de Paris, à M. le Président, à laquelle étoit joint un Arrêté de la Cour, rendu le même jour, dont on a également fait la lecture. Voici l'Arrêté du Parlement.

« La Cour, instruite par la réponse du jour d'hier à l'Assemblée nationale, de l'ordre donné aux troupes de s'éloigner de Paris et de Versailles, a arrêté que M. le Premier Président se retirera à l'instant par - devant

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ledit Seigneur Roi, à l'effet de le remercier des preuves qu'il vient de donner de son amour pour ses Peuples et de sa confiance dans les Représentans, dont le zèle et le patriotisme ont contribué à ramener la tranquillité publique..

A arrêté, que M. le Premier Président fera part de l'Arrêté de ce jour à l'Assemblée nationale. »

La Lettre de M. de Saron au Président de P'Assemblée, pour lui communiquer l'Arrêté de sa Compagnie, a donné lieu à quelques débats.

M. le Comte de Clermont-Tonnerre a observé que le Parlement de Paris paroissoit, par cette lettre, traiter avec l'Assemblée nationale, de corps à corps, et que le Premier Président, se retirant de vers le Roi, auroit pu se retirer de même devers l'Assem blée nationale.

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M. le Duc d'Aiguillon a dit : « MM., comme Membre du Parlement, je m'empresse de vous exprimer combien je désa"prouve la manière dont il se conduit envers l'Assemblée nationale. »

MM. les Ducs de Luynes, de la Rochefoucauld et de Choiseuil - Praslin ont adhé ré à cette Déclaration.

MM. Duval d'Esprémesnil, Fréteau et de Saint-Fargeau ont aussi témoigné leurs regret à l'Assemblée. Les deux derniers ont taché de justifier l'Arrêté du Parlement, en dans un ordre de choses aussi nouveau, on étoit exposé à ne pas connoître toutes les convenances.

disant

que

M. le Comte de la Chatre est entré, et a dit qu'il annonçoit à l'Assemblée, de la part du Roi, que Sa Majesté ayant appris qu'une

nombreuse Députation de Paris venoit let prier d'honorer cette ville de sa présence, Elle engageoit l'Assemblée nationale à envoyer une Députation au-devant de celle de Paris, pour l'engager à retourner sur ses pas, et l'assurer que Sa Majesté, sensible aux vœux de leurs Concitoyens, se rendroit demain à Paris.

On a annoncé que M. le Baron de Breteuil avoit donné sa démission.

On a fait part à l'Assemblée qu'on venoit d'expédier des courriers pour le rappel des anciens Ministres.

- L'Assemblée a nommé une Députation pour aller à Paris; et une seconde, pour se rendre chez le Roi, remercier Sa Majesté, et lui témoigner l'amour et la reconnoissance dont sa justice et sa bonté pénètrent tous les creurs. On a prié la Députation qui alloit à Paris, de défendre à M. le Marquis de la Fayette de se rendre à Versailles, à la tête d'un détachement de la Milice Bourgeoise, pour accompagner le Roi.

M. le Comte de la Chatre qui, dans l'in tervalle, étoit retourné au Château, est rentré; il a annoncé, de la part du Roi, que Sa Majesté venoit d'écrire à M. Necker, pour l'engager à venir reprendre ses fonctions près de lui.

La salle a retenti aussitôt des transports de joie et d'ivresse; et on n'a plus entendu que le cri universel de Vive le Roi.

Il a été arrêté que la Députation qui alloit se rendre chez le Roi, lui demanderoit la permission d'envoyer à Paris une nombreuse Députation pour l'y recevoir. Les Députés de cette ville ont demandé la per

mission de s'y rendre, et elle leur a été ac

cordée.

M. le Président a dit: Messieurs, votre Prési dent a été chargé jusqu'à présent de porter au Roi des paroles de douleur, trouvez bon qu'il aille lui en porter de reconnoissance et de joie. Cette demande a été approuvée par acclamation. M. le Président s'est mis aussitôt à la tête de la Députation.

Elle a été reçue sur-le-champ. M. l'Archevêque de Vienne a témoigné au Roi la joie de l'Assemblée, sa sensibilité, sa fidélité et son amour. Le Roi lui a répondu qu'il voyoit avec plaisir le contentement de son Peuple, et a permis à l'Assemblée d'envoyer une Députation pour lui servir de cortège.

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M. le Président se retiroit, lorsque le Roi l'a rappelé, et lui a dit : « Je veux don*ner à l'Assemblé Nationale une preuve de "ma confiance; je vous remets la Lettre que j'écris à M. Necker pour le rappeler, et je vous charge de la faire partir.

»

M le Président a rendu compte de ces details à l'Assemblée, qui a arrêté que son President et ses Secrétaires joindroient surle-champ une Lettre à celle du Roi pour M. Necker. Elle a chargé M. Dufrêne de SaintLéon d'être le porteur de ces deux Lettres, et de se rendre aussitôt à Bruxelles. M. Dufréne est parti au moment même.

Voici la lettre écrite, le 16, par l'As

semblée, à M. Necker.

« L'Assemblée nationale, Monsieur, avoit déja consigné, dans un acte solennel, que vous emportiez son estime et ses regrets; cet honorable témoignage vous a été adressé de sa part, et vous devez l'avoir reçu. »

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