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divisée en deux Corps; l'un des 120 Représentans élus récemment par les Communes de Paris, et ayant à leur tête M. le Maire et M. de la Fayette, Commandant-Général de la Milice nationale de la capitale: l'autre composé des Electeurs, provisoirement constitués pendant les premiers jours de trouble, et remplacés dans leurs fonctions par les Députés, régulièrement élus, des Assemblées de Districts. M. Necker, adressa à l'un et à l'autre de ces Corps, le même Discours que voici :

»Je manque d'expreffions, Meffieurs, pour vous témoigner, & en votre perfonne, à tous les citoye s de Paris, la reconnoiffance dont je fuis pénétré. Les marques d'intérêt & de bonté que j'ai reçues de leur part, foar un bienfait hors de toute proportion avec mes foibles fervices, & je ne puis m'acquitter que par un fentiment ineffaçable. Je vous promets, Meffieurs, d'être fidèle à cette dernière obligation, & jamais devoir ne fera plus doux ni plus facile à remplir.» "Le Roi, Meffieurs, a daigné me recevoir avec la plus grande boné, & a daigné m'affarer du retour de sa confiance la plus entière. Mais aujourd'hui, Meffieurs, c'eft eatre les mains de l'Affemblée nationale, c'est dans les vôtres que repofe le falur de l'État, car ea ce moment il ne refte prefque plus aucane action au gouvernement. Vous donc, Meffieurs, qui pouvez tant, & par la grandeur & l'importance de la ville dont vous êtes les notables citoyens, & par l'influence de votre exemple dans tout le royaume, je viens vous conjurer de donner tous vos foins à l'établiffement de l'ordre le plus parfait & le plus durable.

Rien ne peut fleurir, rien ne peu profpérer fans st ordre; & ce que vous avez déja fait, Mefneurs, en fi peu de temps, annonce & devient un garant de ce que vous faurez achever; mais jufqu'à ce dernier terme la confiance fera incertaine, & une inquiétude générale troublera le bonheur public, éloignera de Paris un grand nombre de riches confommateurs, & détournera les étrangers de venir y verfer leurs richeffes. Enfin, Paris, cette célèbre cité, Paris, cette première ville de l'Europe, ne reprendra fon luftre & fa profpérité qu'à l'époque où l'on y verra régner cette paix & cette fubordination qui calment les efprits, & qui donnent à tous les hommes l'affurance de vivre tranquilles, & fans défiance fous l'empire des lois & de leur confcience! Vous jugerez, Meffieurs, dans votre fageffe, il n'eft pas temps bientôt de faire ceffer ces perquifitions multipliées auxquelles on eft foumis avant d'arriver à Paris, & que l'on commence à éprouver à une trèsgrande diftance de la Capitale; il eft jufte de s'en rapporter à cet égard à votre prudence & à vos lumières; mais les amis de la profpérité publique doivent défirer que les abords de Paris rappellent bientôt au commerce & à tous les voyageurs, que cette ville eft comme autrefois le féjour de la paix, & qu'on peut de tous les bouts du monde y venir jouir, avec confiance & liberté, du génie induftriel de fes habitans, & du fpectacle de tous les monumens que cette fuperbe ville renferme dans fon fein, & que de nouveaux talens augmentent chaque jour."

«Mais, Meffieurs, c'eft au nom d'un plus grand intérêt que je dois vous entretenir, un moment, d'un intérêt qui remplit mon cœur & qui l'oppreffe. Au nom de Dieu, Meffieurs, plus de jugemens de profcription, plus de fcènes iangrantes. Généreux François, qui êtes fur le point

de réunir à tous les avantages dont vous jouiffez depuis long-temps, le bien ineftimable d'une li berté fage, ne permettez pas que de fi grands bienfaits puiffent être mêlés à la poffibilité d'aucun reproche. Ah! que votre bonheur, pour devenir encore plus grand, foit pur & fans tache; fur-tout confervez, refpectez même, dans vos momens de crifę & de calamité, ce carac tère de bonté, de juftice & de douceur, qui diftingue la nation Françoife, & faites arriver le plutôt poffible le jour de l'indulgence & de l'oubli : croyez, Meffieurs, en ne confultant que votre cœur, que la bonté eft la première de toutes. les vertus. Hélas! nous ne connoiffons qu'imparfaitement cette action, cette force invifible qui dirigeat & déterminent les actions des hommes; Dieu feul peut lire au fond des cœurs & juger aves fureté, juger en un moment de ce qu'ils méritent de peine ou de récompenfe; mais les hommes ne peuvent readre un jugement, les hommes fur-tout ne peuvent ordonner la mort de celui à qui le Ciel a donné la vie, T'examen le plus attentif & le plus régulier, Je vous préfente cette obfervation, cette demande, cette requête au nom de tous les motifs capables d'agir fur les efprits & fur les ames; & j'efpère de votre bonté que vous me permettrez d'appli quer ces réflexions générales, ou plutôt l'expreffion de ces fentimens fi vifs & fi profonds, à une circonftance particulière & du moment. Je dois le faire d'autant plus que fi vous aviez une autre opinion que la mienne, j'aurois à m'excufer d'un tort auprès de vous, dont je dois vous rendre compte. Mardi, jour de mon arrivée à Paris, j'appris à Nogent que M. le Baron de Befenval avoit été arrêté à Villenaux, & cette nouvelle me fur confirmée par un gentilhomme, Seigneur du leu, qui, fans connoître particulièrement M. de

fans

Befenval, mais animé par un fentiment de bonté, fit arrêter ma voiture pour m'entretenir de fon inquiétude, & me demander fi je ne pouvois pas être en fecours à M. de Befenval, qui étoit parti pour la Suiffe avec la permiffion d) Roi. J'avois app.is la veille, les malheureux évènemens de Pa is, & le fort infortuné de deux magiftrats ac cufés & exécutés rapidement; mon ame s'émut, & je n'héma point à écrire de mon caroffe ces mots-ci à MM. les Officiers municipaux de Ville

naux. »

« Je fais pofitivement, Meffieurs, que M. le » Baron de Befenval, arrêté par la milice de » Villenaux, a eu la permiffion du Roi de fe "rendre en Suiffe, dans fa patrie; je vous demande » inftamment, Meffieurs, de refpecter cette per"miffion dont je vous fuis garant, & je vous en

aurai une particulière obligation: tous les motifs » qui affectent une ame fenfible, m'intéressent » à cette demande. M. de...... veut bien fe » charger de ce billet que je vous écris dans ma voiture, fur le grand chemin de Nogent à Versailles. J'ai l'honneur d'être, &c. » Ce mardi 28 juillet 1789.

J'ai app.is, Meffieurs, que ma demande n'a point été accueillie par MM. les Officiers munipeux de Villenaux, parce qu'ils vous avoient écht pour recevoir vos ordres. E oigné de Paris, pendant les malheureux évènemens qui ont excité vos plaintes, je n'ai aucune connoiffance particu lière des torts qui peuvent être reprochés à M. de Befenval, je n'ai jamais eu de relation de fociété avec lui; mais la juftice m'ordonne de lui rendre, dans une affaire importante, un témoignage favorable. Il étoit Commandant pour le Roi dans la Géné alité de Paris, où, depuis deux à trois mois,il a fallu continuellement affurer la tranquillité

des marchés, & protéger des convois de grains; il étoit donc néceffaire d'avoir continuellement recours au Commandant détenu maintenant à Valeaax; & quoique das lo.dre mici.tériel j'aurois du m'adreffer au Secrétaire d'Etat de la guerre, qui auroit tranfmis les demandes du Minitre des Finances au Commandant des Troupes, M. de Befenval m'écrivit fort honRêtement que cette ma che indirecte pouvant occafionner de la lenteur dans le fervice pub ic, il m'invito t à lui donner des inftructions directes & qu'il les exécuteroit ponctuellement. J'adoptai cette difpofition, & je ne puis rendre trop de juftice au zèle & à l'activité avec lefquels M. de Befenval a répondu à mes défirs, & j'ai remarqué conftamment qu'il réunifloit de la modération & de la prudence à l'activité militaire, en forte que j'ai eu fouvent occafion de le remercier de fes foins & de fon attention foutenue. Voilà, Meffieurs, ce qui m'est connu de ce genéral, en ma qualité d'homme public. Je dois vous dire enfuite de la part du Rei, que Sa Majefté honore depuis long-temps cet Officier de fes bontés. Je ne fais de quoi il peut être accufé auprès de vous; mais foumis aux lois de la difcipline militaire, il faudroit peu-être des titres d'accufation bea formes pour l'empêcher de retourner dans fa parrie; & comme étranger, comme membe diftingué d'un pays avec lequel la France a depuis fi long-temps des relations d'alliance & d'amitié, vous aurez furement pour M. de Befenval tous les égards qu'on peut efpérer d'une nation hofpitalière & généreufe; & puifque ce feroit

comme criminel ou fufpe&t, un Officier-général étranger qui retourne dans fon pays avec la permfhon du Roi, j'ofe vous prier de confidérer 4 vous

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