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d'Arabes forme peut-être un des tableaux politiques les plus curieux de la Terre ; tableau que Lycurgue eût admiré, & qui n'eft pas affez connu «.

Après cette énumération rapide des avantages de ce petit Gouvernement, le cœur de M. le Ch. de *** s'échauffe, & il exprime les fentimens dans un langage plus favorable que la profe aux élans de l'imagination & de la fenfibilité.

O mes Confrères généreux!
Nobles Membres d'un Corps illuftre,
Vous rendez les Maltois heureux;
Et c'eft-là votre plus beau luftre.

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Oui, je veux offrir quelque jour,
Aux yeux de l'Europe étonnée,
Cette Peuplade, fortunée

Que la bienfaifance & l'amour
A vos Loix avoient destinée.
Je veux qu'au bout de l'Univers
On refpecte ce coin de terre
Où le Sujet marche fans fers,
Et le Souverain fans tonnerre.
On verra la fimplicité

De ce Chef-d'œuvre politique,
Dont la bafe eft l'égalité,

Dont la juftice & la bonté
Font mouvoir le reffort unique.

Dans fon ftyle un peu trop diffus,
Vertot, fur nos remparts en cendre,

A célébré les Alexandre;

Et moi je peindrai les Titus.

Ceci conduit l'Auteur à une difcuffion critique au fujet d'une certaine Lettre écrite de Malte il y a quelques années par un de nos meilleurs Poëtes à une jolie femme de Paris : cette jolie femme eur comme on fait, l'imprudence de la faire circuler dans le monde, elle fut même imprimée; & M. le Ch. de *** a cru qu'il étoit de fon devoir d'y répondre. Il le fait fur tous les points d'une manière aufli décente que victorieufe. On peut juger par ce qu'il dit en finiffant cette réponse, des juftes égards qu'il y a mis. M. l'Abbé,

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il ne peut m'être agréable de me mefu "rer avec vous. Vos vertus me font con»nues, & je fais vos vers par cœur; mais plus j'attache de prix à votre cftime, » moins j'ai dû vous paffer des farçafmes que trop d'efprits fuperficiels pongroient prendre pour règles de leurs jugemens. L'erreur des hommes tels que vous, eft toujours plus ou moins contagieufe; c'eft, » entre mille autres, un des inconvéniens "attachés à la célébrité «.

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Il feroit à défiter que la critique parlât toujours ainfi on n'en auroit pas moins raifon; & l'on rendroit la raifon aimable, même à ceux à qui elle ferait contraire.

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Il y a peu d'Ouvrages où la philofophie

& les connoiffances hiftoriques foient auffi néceffaires & puiffent être auffi heureufement employées, queles Voyages. Un efprit cultivé, une mémoire fille, éclairent, pour ainfi dire, l'oeil de l'Obfervateur, Pár des rapprochemens ingénieux, il entichit les fcènes préfentes du fouvenir des feènes paffees. Un monument lui rappelle des Peuples entiers ; une pierre lui retrace tout un Empire. C'est une vérité dont on trouve de fréquens exemples dans ces deux Vohunes en voici un pris au hasard.

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"On demandoit à un Philofophe ce qu'il avoit vu en Grèce : Le Temps, répondit-il, "qui démoliffoit en filence. Ce mot n'a pas befoin de commentaire : toutes les idées qu'il fait naître vous affaillent dans les environs de Naples. La terre y eft jon»chée de monumens antiques. On y mar» che fur des ruines. De la colonne bri"fee, fur laquelle on fe repofe, on s'enfonce dans le paffé, on s'clance dans "l'avenir. Le voile du Temps fe déroute. "Je voyois paffer devant moi & ces Empires détruits les uns par les autres, & ces grands perfonnages devant lefquels fe taifoit la Terre étonnée; & cette fuite de » Cefars, qui ont tous fini par une mort violente; car on fait que le premier fut "affalliné par Brutus, & qué Livie fut fortement fonpçonnée d'avoir avancé les jours d'Augufle. Tibère mourut étouffé par Ferdre de Caligula, lequel, à fon rour,

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fur poignardé par Chéreas. Le poifon termina la vie de Claude; & Néron fut contraint de fe tuer lui-même, &c. ". L'Hiftoire & la Philofophic Orientale viennent alors joindre dans l'imagination du Voyageur, un de les tableaux à celui de l'Hiftoire Romaine. "A cette étrange » deftinée de tous les Céfars, dit-il dans une Note, on pourroit joindre cette réflexion d'un Vieillard Arabe. On ap portoit à un Calife de Syrie la tête de » fon concartent au Califat. Tous les Courtifans, fuivant l'ufage, le félicitoient fur fon bonheur. Le Vicillard » feul gardoit un profond filence. A quoi penfestu donc, bon homme, lui dit le Calife? Je penfois, répondit le Vieillard, que dans cette même place où je fuis, j'ai vu préfenter la tête de Hofein

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Obeid, celle d'Obéid, à Moktar, çelle de Moktar, à fufab; & que voilà celle de Mufab qu'on te préfente. Je penfois encore que mon père avoit cent ans, lorfque la vie s'éteignit tout doucement dans mes bras ; que j'en ai quatre-vingts, » & que je vis dans l'efpérance, quand je » rendrai mon corps aux élémens, de ren»dre auffi mon dernier foupir dans le fein » de mon fils ".

De Naples, notre Voyageur fe rend à Rome. Il ne décrit point ce que tant d'autres ont décrit avant lui; il ne s'égare point, par exemple, dans les détails de l'églife de

S.Pierre; mais il raffemble en peu de mots tour ce qui en peut donner une idée immenfe; & il termine ce tableau par une comparaifon d'un genre nouveau entre ce Temple & celui des Dieux du Paganifme.

Quand il n'y auroit que Rome dans toute l'Italie, il faudroit fe rendre à Rome de toutes les parties du Monde; & quand il n'y auroit à Rome que le feul Temple de S. Pierre, il faudroit y » venir encore; il faudroit voir ce monu"ment que Montefquieu compare aux Pyrénées, où l'ail, qui d'abord croyoit »les mefurer, découvre des montagnes & »fe perd toujours davantage.

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Deux Etrangers étoient à Rome du » temps de Léon X; ils vifitoient le Pan» théon, & ne fe laffoient point d'admirer »ce chef-d'œuvre de l'architecture anti"que. Le Bramante aura beau faire, difoit » l'un d'eux; il n'imaginera rien au delà » de cette coupole. Il fera mieux, répli » qua le Bramante qui étoit là, & que les » deux Etrangers ne connoiffojent pas ; il faura fe donner un point d'appui, dans les airs, & y porter cette coupole » énorme. Ne croit-on pas entendre, pe » croit-on pas voir un de ces fiers Titans » qui entaffoient Offa fur Pélion?

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Epuifons cet article gigantefque. Il » fallut plus d'un fiècle, le règne de qua» torze Papes, & 250 millions de notre monnoie, pour achever cette Bafilique. Le

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