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Nations la Religion & les Coutumes de leurs pères. Par-tout où la main de Dieu les a conduits, on voit un peuple qui ne s'aflocie avec aucun autre, qui n'adopte aucunes mœurs, qui vit dans les maximes & dans fes pratiques propres. Chez les anciens Romaias.... dans la Rome moderne au centre de la Catholicité, dans la France, dans tous les lieux & tous les temps, on trouve les Juifs régis par la Loi de Moile, & féparés de mœurs & de police comme de créance, d'avec le refte du genre humain.

Il faut donc examiner cette Loi. Contient-elle quelque difpofition qui faffe du concours des pères une condition néceffaire du mariage des enfans? Non; au contraire, on trouve des exemples d'enfans mariés fans le confentement des parens. Tel eft celui de Tobie marié par l'Ange fon conducteur, & fait à l'infçu de fon père: tel eft celui de Samfon, qui, fans égard pour les remontrances de fes parens, fur le mariage qu'il vouloit contracter avec une Philiftine, leur répondit qu'il la vouloit, parce qu'elle lui avoit plu, & l'époufa. Les ufages ne fout pas plus févères que la Loi. Tour Juif eft majeur à quatorze ans, & peut fi bien fe marier, qu'il eft fans exemple qu'aucun père ait figné l'a Kerouba, qui eft parmi eux l'acte irrévocable qui les lie l'un à l'autre.

Morte Robbes répondoit que les Ordonnances de nos Rois fur les mariages lioient

tous leurs fujets, de quelque Religion qu'ils faffent; le confentement des parens au mariage de leurs enfans, eft une Loi de Police générale pour tous les habitans du Royaume, fans diftinction de culte. Les Loix des Juifs & leurs ufages ne font pas moins précis. Dieu dir dans l'Ancien Teftament: Tu ne donneras pas ta fille aux Gentils, & ne prendras pas leur fille pour ton fils. Abraham choifit Rebecca pour fon fils, & les parens de celle-ci répondirent: Recevez-la de nos mains. Ifaac défendit à fon fils Jacob de prendre une fille de la terre de Canaan. Hémor, père de Sichem, demanda Dina à Jacob pour fon fils. Efau ayant épousé une Cananéenne fans confulter fon père, Dieu prononça lui-même la condamnation.

Arrêt du 16 Mars 1744, qui confirma le mariage.

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NOUVELLE Correfpondance, ou Choix de Lettres intéressantes fur divers fujets, recueillies en 1789. A Spa; & fe trouve à Paris, chez Buillon, Libr. rue Hautefeuille, No. 20.

ON lit avec intérêt les Obfervations qui peignent les mœurs d'une Nation, lors inême que les formes qu'elles nous retra cent font paffees de mode, ou qu'elles nous font étrangères. Nous en avons une preuve incontcftable dans le Spectateur

Anglois, Ouvrage devena claffique, même pour la France; & le tableau des ridicules qui régnoient à Londres du temps de Steele & d'Adiffon, nous intérelle cncore aujourd'hui. Ce principe une fois pofé, quel fuccès ne doit point avoir un Recueil de Lettres intéreffintes, qui eft le fidèle miroir de nos mœurs?" Celui des travers, comme "l'obferve très-judicieusement l'Auteur, » eft, à la vérité, fi mobile, qu'il change à Paris plus d'une fois chaque année; mais le ridicule ne s'en fait que mieux appercevoir, quand on commence à n'y • être plus fi accoutumé. Du refte, ce genre "a la même utilité que la Comédie «.

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La plupart des morceaux qui compofent ce Recueil, & qui ont été puisés dans différens Journaux, font d'un ftyle ingénieux & léger. Dans d'autres morceaux, traités plus férieufement, on trouve des objets d'utilité, ce qui jette une agréable variété dans ces Ecrits. Pour en donner une idée, nous allons rapporter ici en fon entier une Lettre d'une jolie Femme fur fon vieux Mari. » Monfieur, je n'y tiens plus, il faut que j'éclate à mon tour. J'ai beaucoup à me plaindre du fort, ~ » Pourquoi cela? Le voici en trois » mots Je fuis mariée, je fuis jeune; on » me trouve jolie; món Mari eft riche; » & fi cela continue, il faut m'enterrer » dans fix mois. Cela vous étonne? Je vais » m'expliquer mieux; vous faire l'histoire

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de mon Mari, c'est vous offrir le tableau
de mes douleurs.

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"Mon Mari eft riche, mais il eft vieux; ce n'eft pas là fon plus grand tort. Etant jeune, il avoit pris une vieille femme; & etaut vieux, il m'a épousée, moi qui "n'ai pas encore dix fept ans. Voilà qui peut paroite plaisant, & j'en ritois pent étre la première, fi je n'y étois pour. rien, mais par malheur, je fais les frais. du dé outment, & cela gåte l'aventure." Sa première femme, dont il avoit époufe la fortune, & qui croyoit que fon or devoir lui tenir licu de jeuneffe & de beauté, étoit pour lui une compagne auth *exigeante qu'importune. Sa jalouíte en faifoit un argus autfi ennuyeux qu'incorrup tible. Enfin le bonheur du jeune époux ne commença que le premier jour de fon veavage. Il trouvoit les procédés de La Dame très ridicules; il les regarde » comme tels encore aujourd'hui. Eh bien! Monfieur, la conduite dont il fut la vichme comme jeune époux, il la tient » envers moi comme vieux mari. Mon air, mes manières, mes habits, mon ftyle

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» même

tout excite fon humeur

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meme fa jaloufe. Il fe plaint tous les »jours à mes parens de mon indifcrétion » & de ma légèreté, & mes párens prétendent qu'il a raifon. Quand je me plains de fon humeur, on me dit que "je favois bien qu'il étoit vieux en l'é

poufant; & je réponds qu'il favoit fort bien auffi que j'étois jeune quand il me ❞ prit.

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Lorfque je confentis à le prendre pour époux, malgré fon âge avancé, je lavois hiftoire de fon premier mariage; luimême me l'avoit racontée plus d'une fois. Je crus au moins qu'en l'époufant, je le trouverois tout corrigé par fa propre expérience. Je me figurai qu'il n'a dopteroit pas des ridicules dont il s'étoit moqué tant de fois & dont il avoit 2 été le martyr. Point du tout; on diroit » que c'est une revanche qu'il veut pren» dre. Il voudroit toujours me voir louer » le temps pallé, que je n'ai pas connu » & blâmer le prétent qui me plaît beaucoup. Il trouve tous nos Acteurs dételtables, toutes nos Pièces mauvaises, tous. »nos Livres bêtes, nos modes extravagantes, & fur tout nos jeunes gens ridicules; c'eft à-dire qu'il faudroit, felon » lui, n'aller jamais aux Spectacles, ne plus lire aucuns Romans, renoncer aux modes, & ne fréquenter que des vieil»lards. Vous conviendrez, tout riche qu'il » eft, que c'eft exiger un peu trop; que fes procédés font ufura res, & que c'est » vendre trop cher fon argent. Il me dit » à tout moment de prendre un air plus » raffis; mais que me répondroit-il, Mr., fi je le priois de devenir plus jeune? "Je voudrois qu'on fit quelque bonne

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