Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

N'attendent pas que l'onde applanie et docile,
Rassise en son canal, prenne un cours plus tranquille.
Ils partent; et le Fleuve en son lit de roseaux
Se cache, et disparaît replongé dans les flots.

IV. Le Centaure Nessus tué par Hercule.

S'IL fut vaincu, le saule, à la pâle verdure, De son front mutilé déguise au moins l'injure. Toi, farouche Nessus, atteint du même amour, La flèche du vainqueur te fit perdre le jour. Hercule, aux murs Thébains, où l'honneur le rappelle, Emmenant avec lui son épouse nouvelle, Arrive sur les bords du rapide Evénus; Où les flots tournoyans, et par l'hiver accrus, Opposent à ses pas leur barrière écumante. Sur pour lui du passage, il craint pour son amante.

Le centaure Nessus a vu son embarras.

Que le trajet, dit-il, ne vous alarme pas.
Confiez à mes soins une épouse craintive:
Et vous, hardi nageur, regagnez l'autre rive.
Déjanire tremblante, assise sur son dos,
Pâlit et du Centaure et du danger des flots.
Hercule qui la suit du cœur et de la vue,
Elance à l'autre bord son arc et sa massue;
Le lion de Némée et son pesant carquois
Surchargent son épaule; et léger sous ce poids,

Nec dubitat; nec, quâ sit clementissimus amnis,
Quærit; et obsequio deferri spernit aquarum.
Jamque tenens ripam, missos cùm tolleret arcus,
Conjugis agnovit vocem : Nessoque parante
Fallere depositum; Quò te fiducia, clamat,
Vana pedum, violente, rapit? tibi, Nesse biformis,
Dicimus: exaudi; nec res intercipe nostras.
Si te nulla mei reverentia movit, at orbes
Concubitus vetitos poterant inhibere paterni.
Haud tamen effugies, quamvis ope fidis equinâ.
Vulnere ', non pedibus te consequar. Ultima dicta
Re probat: et missâ fugientia terga sagittâ
Trajicit. Extabat ferrum de pectore aduncum :
Quod simul evulsum est, sanguis per utrumque foramen
Emicuit, mixtus Lernæi tabe veneni.

Excipit hunc Nessus : Neque enim moriemur inulti,
Secum ait : et calido velamina tincta cruore

Dat munus raptæ, velut irritamen amoris *.

1

Quelle énergie d'expression et de pensée. Voyez comme les mouvemens du style sont analogues aux mouvemens de l'ame d'Hercule. Son discours s'élance en avant, et poursuit en quelque sorte le Centaure: il exprime le reproche, l'indignation, la menace, et la résolution ferme et impétueuse d'une prompte vengeance.

2 Le Centaure laisse en mourant sa tunique à Déjanire comme un talisman propre à réveiller l'amour d'Hercule, toutes les fois qu'il paraîtrait la négliger pour quelqu'autre.

Si les fleuves domptés m'ont cédé la victoire', Osons les vaincre encore: il dit, et met sa gloire A surmonter des flots l'impétueux effort,

Lutte contre le fleuve, et touche à l'autre bord. Il relevait son arc: un cri soudain l'attire. L'infidèle Nessus enlève Déjanire.

Arrête, crie Hercule, arrête, écoute-moi. Si tu peux, sans trembler, te jouer de ma foi, Que ton père, attaché sur la roue infernale, T'apprenne à respecter la couche nuptiale *. Centaure agile, en vain tu prétends m'échapper: Et plus prompt que tes piés, mon arc va te frapper. Il dit : l'arc en sifflant a suivi sa parole. Le ravisseur fuyait : une flèche qui vole Atteint son dos, le perce, et traverse son flanc. Nessus avec effort la retire; et son sang, Où se mêle déjà le fiel de l'hydre impure, A flots empoisonnés jaillit de sa blessure. Je mourrai, dit Nessus, mais je serai vengé: Et dépouillant ses flancs où le fer s'est plongé, Il remet sa tunique à la nouvelle épouse, Comme un don précieux à sa flamme jalouse.

'Allusion au combat d'Hercule avec le fleuve Achéloüs. * Autre allusion au supplice d'Ixion, père du Centaure, qui avait osé prétendre à la couche de l'épouse de Jupiter.

V. Herculis in Etá monte sacrum. Imbutam veneno tunicam ad eum mittit Dejanira.

LONGA fuit medii mora temporis : actaque magni
Herculis implerant terras, odiumque novercæ.
Victor ab Echaliâ Cenæo sacra parabat

Vota Jovi, cùm Fama loquax præcessit ad aures,
Deïanira, tuas, (quæ veris addere falsa
Gaudet, et e minimâ sua per mendacia crescit)
Amphitryoniaden Ioles ardore teneri.

Credit amans: Venerisque novæ perterrita famâ
Indulsit primò lacrymis; flendoque dolorem
Diffudit miseranda suum: mox deinde, Quid autem
Flemus, ait? pellex lacrymis lætabitur istis:

Quæ quoniam adventat, properandum, aliquidq; novandum
Dum licet; et nondum thalamos tenet altera nostros.
Conquerar, an sileam? repetam Calydona, morerne?
Excedam tectis? an, si nihil amplius, obstem '?
Quid si, me, Meleagre, tuam memor esse sororem,
Forte paro facinus? quantumque injuria possit,
Foemineusque dolor, jugulatâ pellice, testor?
In cursus animus varios abit : omnibus illi
Prætulit imbutam Nessco sanguine vestem

1 Ici la diction répond aux mouvemens incertains de l'ame de Déjanire. Elle est en quelque sorte irrésolue et chancelante entre deux sentimens qui se combattent l'un l'autre.

V. Sacrifice d'Hercule sur le mont Eta. Déjanire lui envoie la Tunique empoisonnée.

LES grands travaux d'Alcide, et le bruit de son nom,
Avaient rempli le monde, et fatigué Junon.
Vainqueur de l'Echalie, à Jupiter propice,
Ce héros sur l'Eta prépare un sacrifice :
Quand par un bruit fâcheux, la déesse aux cent voix,
Qui du vrai, qui du faux se nourrit à-la-fois,
Messagère indiscrète, annonce à Déjanire
Que l'époux pour qui seul elle vit et respire,
D'Iole sa captive, est captif à son tour.

Elle aime, elle est crédule: et quand son tendre amour
Eut gémi, soupiré de l'oubli de ses charmes:
Pourquoi pleurer, dit-elle ? afin que de mes larmes
Ma rivale triomphe. Elle approche. Hâtons-nous.
N'attendons pas qu'elle entre au lit de mon époux.
Dois-je partir, rester, ou me plaindre, ou me taire?
Non, sœur de Méléagre, ose imiter ton frère.
Cours, vole à ta rivale, un poignard à la main,
Et venge ton injure, en lui perçant le sein.
Entre divers desseins son ame balancée,
Sur un parti dernier arrête sa pensée.
Le tissu que Nessus remit entre ses mains,
Rallumera des feux peut-être mal éteints.

« ZurückWeiter »