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qui l'insultent sont punis de mort subite. Enfin viennent ses études, où l'on voit encore bien des choses étranges.

4° Protoevangelium Jacobi minoris.

Vers la fin de cet ouvrage (c. 25), Jacques s'annonce luimême comme en étant l'auteur. Le sujet en est la naissance de Marie, le choix qui est fait d'elle pour être la mère du Rédempteur, son mariage avec le charpentier Joseph et la naissance du Seigneur, jusqu'au massacre des Innocens à Bethleem.

Cet ouvrage, intitulé διήγησις και ιστορια, πως ἐγεννήθη ή υπεραγια Θεοτοκος εἰς ήμων σωτηρίαν, est sorti d'une main eis habile. On y représente le mariage de Joachim et d'Anne, parens de Marie, comme étant demeuré long-temps stérile. La douleur qu'ils en éprouvent, et surtout celle d'Anne (c. 23), y est peinte avec des expressions poétiques et une grande vérité. Privée d'enfans et convaincue, d'après les idées nationales des Juifs, chez qui une nombreuse famille était regardée comme le plus grand bienfait du ciel, que Dieu lui avait retiré sa bénédiction pour quelque faute qu'elle ignorait (5), elle ne regarde plus le mariage comme un moyen de satisfaire un appétit sensuel. Bien convaincus qu'ils ne sont que des instrumens de Dieu, les deux époux ne songent plus dès lors qu'à exprimer leur amour pour ce Dieu, dont les malheureux aiment à se rapprocher. Purifiés de tout ce qui tient aux sens, ils reçoivent l'assurance que la stérilité d'Anne va cesser, et ils promettent de leur côté de consacrer d'une manière toute particulière au service de Dieu l'enfant qu'il va leur donner. La conception et le fruit sont donc également purs et immaculés. C'est ainsi que la primitive

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(5) C. 5. Thil., p. 188. Νυν οἶδα, ὅτι κύριος ὁ Θεὸς ἱλασθη μοι, και ἀφειλε μου παντα τα ἁμαρτηματα.

Eglise s'exprimait au sujet de la conception sans tache de Marie. Le récit qui suit de l'enfance de Marie, des rapports de sa mère avec elle, de la joie de ses parens à la vue de ses progrès, est si agréable et si touchant, que le lecteur croit assister à ce qu'on lui présente. A l'expiration de la troisième année, Marie est consacrée au Seigneur et conduite dans le temple pour y être élevée (6). Combien la description suivante n'a-t-elle pas d'attraits! A l'âge de douze ans (époque de nubilité chez les Hébreux) elle tombe en partage à Joseph, qui est chargé de la protéger et de la nourrir. Le reste de l'histoire de Marie, jusqu'à la naissance du Sauveur, n'est pas toujours aussi bien faite que le commencement; mais le style en est toujours noble, délicat et digne; le récit est conforme à celui de notre Evangile, mais, comme de raison, chargé d'une foule de détails.

5° Evangelium Thomæ Israelitæ.

Cet ouvrage est plus correct que l'évangile de l'enfance de Jésus. Il ne conduit pas l'enfant en Egypte, mais commence à sa cinquième année. Pour le reste, la tendance en est absolument la même, et la rédaction de l'une et de l'autre se ressemble beaucoup, quoique pas assez pour que l'on puisse les considérer comme étant le même ouvrage. Celui-ci s'étend également jusqu'à la douzième année de Jésus, c'est-àdire jusqu'au voyage de Jérusalem.

ous les deux paraissent dirigés contre la fable corinthienne et basilidienne, d'après laquelle le Christ et Jésus ne se seraient unis que dans la trentième année, lors du baptême dans le Jourdain, et que c'est pour cette raison que Jésus-Christ n'avait pas fait de miracle auparavant. En

(6) C. 8, p. 202. *Ην δε Μαρια ώσει περιστερα γενομένη ἐν τῷ ναῷ κυ μου, έλαμβανε προγὴν ἐκ χειρὸς ἀγγελου.

conséquence, on le présente ici comme en faisant depuis son enfance. Les récits, souvent assez étranges, doivent apparemment ètre regardés comme des allégories de ses œu vres futures, de sorte que le commencement de sa vie est simplement l'image de ce qu'il fera réellement plus tard quand il se montrera en public. Quiconque s'oppose à lui, comme enfant, meurt; c'est ce qui arrive par exemple dans le chapitre 4 à un jeune garçon, qui lui saute sur l'épaule. Cela signifie que tous ses ennemis et ses adversaires sont morts spirituellement, C'est ainsi que dans l'autre Evangile, il est dit que quiconque est lavé par son eau recouvre la santé corporelle, pour exprimer que le baptême rend la santé à l'âme ; quand il change un mulet en homme, cela veut dire qu'il rend leur première forme spirituelle aux hommes qui sont devenus comme des bêtes. Dans un autre endroit (c. 5), les accusateurs de Jésus sont frappés de cécité par sa parole. Ces rapports allégoriques deviennent clairs dans le chap. 8, où Jésus prononce pour la première fois l'arrêt et dit que les hommes doivent reconnaître leur faute avant que leur guérison soit possible; qu'ils doivent d'abord mourir au péché pour acquérir ensuite une vie véritable. Il en est de même à l'égard des leçons que prend Jésus, et des réponses qu'il fait à ses maîtres (c. 6). L'idée dominante en est qu'ils ne savent donner que des enseignemens extérieurs, qu'ils ne pénètrent pas dans les profondeurs, que l'alphabet n'est que typique et n'a aucun sens par lui-même, etc. En particulier, la réponse donnée dans le chap. 8 à la question de ce que c'est que l'aleph, demeurera sans doute encore long-temps une énigme, mais le symbole littéral d'après lequel la lettre A représenterait, par sa forme, la Trinité, pourrait bien être juste.

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En définitive, de quelque manière que l'on considère ces ouvrages, soit qu'il faille les prendre littéralement ou comme des allégories, il est incontestable qu'ils sont mal faits, que

leurs auteurs ont manqué d'adresse et de tact, qu'ils blessent souvent le sentiment chrétien, et qu'ils contredisent l'idée que les Evangiles authentiques nous donnent de Jésus-Christ. On peut en dire autant du style. Le grec en est barbare et rempli d'expressions que l'on ne trouve point chez les bons écrivains, d'où il ne faudrait pourtant pas conclure que ces ouvrages mêmes soient d'une époque récente.

-6° Anaphora Pilati.

Il n'est guère possible de douter qu'il ait existé un rapport adressé par Pilate à Tibère. L'usage des gouverneurs de province dans l'empire romain le prouve, et S. Justin, Apol. I, c. 48, Tertullien, Apol., c. 21, Eusèbe, Hist. ecclés., le confirment. Mais ces Acta Pilati sont depuis long-temps perdus, et leur souvenir n'a fait qu'inspirer l'envie et fournir l'occasion de composer diverses relations sous son nom. Celle que nous possédons aujourd'hui sous le titre de popz lloutenu Пzov, etc., offre tous les signes de la supposition. Pilate y fait à Tibère un rapport officiel sur les miracles de JésusChrist, et sur son exécution à l'instigation des scribes et des pharisiens. La forme même diffère du style des proconsuls romains, et l'écrivain parle de Jésus et de ses actions avec autant d'admiration qu'un chrétien lui-même aurait pu le faire. L'auteur ne fait pas preuve d'un talent fort distingué.

Editions. Le premier qui ait fait un recueil de ces écrits apocryphes, et notamment des Évangiles, fut Michel Néander, dont l'ouvrage, intitulé Apocrypha s. Narrationes de Christo, Maria, Joseph, etc., parut à Bâle en 1543 et 1567. Le recueil de Nicolas Glaser, Hambourg 1614, est moins riche; on y trouve peu de chose sur les apocryphes proprement dits; mais, en revanche, beaucoup de témoignages extérieurs au sujet de Jésus-Christ. L'Orthodoxo

graphis de Hérold, Bâle 1555, contient davantage, ainsi que le Monument. S. PP. orthodox. de Grynæus, Bâle 1569, et de la Barre, Historia Christ. vett. PP. Paris 1583. Tous ces éditeurs furent de beaucoup surpassés en zèle, en instruction et en talent, par Alb. Fabricius. Son Codex apocryphus Nov. Test., parut à Hambourg, 1703 et 1709, en 2 vol. in-8°, avec un troisième volume supplémentaire en 1719 et 1743. Les Pseudoepigrapha du Nouveau Testament y sont rassemblés avec beaucoup de soin, tant en entier que par fragmens, et l'éditeur y a réuni quelques autres ouvrages, tels que le Pasteur, d'Hermas. Nous devons citer encore ici un livre anglais : A new and full method of settling the canonical authority of the New Testament, by the Rev. Jerem. Jones, Oxford, 1798, en 3 vol., dont le premier contient des fragmens, et le second des ouvrages de ce genre qui nous ont été conservés entiers. Le recueil le plus récent, mais dont il n'a malheureusement paru encore que le premier volume, est celui de Thilo, Codex Apocryphus Nov. Test., Leipsick 1822. C'est un ouvrage excellent sous tous les rapports,

Des livres Sibyllins.

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Le nom de sibylle remonte à la plus haute antiquité grecque, et se retrouve à toutes les époques de cette histoire (7). Dès les premiers temps de Rome, et sous ses rois, on le revoit encore, et les personnages qu'il servait à désigner acqui

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(7) Selon Creuzer sur Cic. de nat. Deor., L. III, c. 3, p. 221, Hé-, raclite fut le premier qui parla des Sibylles dans Plut. de Pythiæ Orac. Vol. II, p. 617. Voyez Symbol. et Mythol., t. I, p. 191 (1TM• édit.), d'où il ne faut pourtant pas conclure que le nom et la chose ne ussent pas connus plus tôt.

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