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n'a pour ainsi dire rien de commun avec tout ce qui précède ; il n'y est presque pas question de sujets théologiques, et après une courte introduction, il ne traite que de logique et de dialectique. D'après Photius le commencement était différent selon les divers exemplaires, et il contenait en outre plusieurs erreurs dogmatiques, dont le livre qui nous reste n'offre aucune trace. Dans d'autres copies ce livre était remplacé par un écrit dont nous parlerons plus bas (Quis dives salvetur?); ce qui rend fort problématique la dissertation connue aujourd'hui sous ce titre. Toutefois ces divers motifs ne sont pas concluans. Les paroles par lesquelles Clément termine le septième livre, la désignation de celles qui commencent le huitième, faite par Photius, et qui s'accordent avec le nôtre; enfin le manque de tout motif contraire nous décide à regarder ce livre comme authen tique. Clément s'y était proposé de réveiller dans les chrétiens le goût de l'étude de la philosophie et des belleslettres, afin de leur faire acquérir, sur tous les points, la superiorité sur les païens.

4° Nous possédons encore un quatrième ouvrage de Clément, dont le contenu est d'un usage plus général. Tis ó anisaμszos mhauglog (Quis dives salvetur ?). Cariophyle et Ghisler avaient attribué cet écrit à Origène; mais leurs motifs ne sauraient prévaloir contre le témoignage una nime de l'antiquité. L'occasion qui a donné lieu à cette dissertation est expliquée dans le ch. 4. L'idée de la communauté des biens, telle qu'elle existait dans l'origine à Jérusalem, était toujours chère aux chrétiens, et quoiqu'elle ne se réalisât pas partout de la même manière, on ne cessait néanmoins d'y tendre. Les paroles de Jésus: Si vous vou« lez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-le aux pauyres; et celles-ci: Il est plus facile

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à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu, avaient quel

que chose d'effrayant pour les riches païens. Ils ne pouvaient se décider à se dépouiller de tous leurs biens, et cette pensée les éloignait de la foi. C'est pour cela que Clément consacre à cette question une dissertation spéciale, et le commentaire qu'il fait sur le jeune riche est sans contredit ce qui a été écrit de meilleur sur ce sujet. Dans l'introduction (c. 1-3), il remarque que tantôt le désir de flatter les riches, tantôt une fausse interprétation de ce passage, deviennent nuisibles à leur salut, et il ajoute que, pour cette raison, il va en donner la véritable explication. Les paroles du Seigneur n'ôtent point au riche tout espoir de salut, pourvu que du reste il suive les commandemens de Dieu. Car en considérant ce passage de plus près, on verra que Jésus n'a point exigé de lui qu'il renonçât à ses richesses, mais qu'il déracinât dans son cœur toutes ses passions, et c'est là tout ce qu'il demande à Zachée. D'ailleurs Jésus n'a-t-il pas recommandé de faire l'aumône, ce qui suppose nécessairement la possession de richesses. Ce n'est point en effet leur simple possession qui décide du sort de l'homme, mais le plus ou moins d'attache qu'on y a et l'usage qu'on en fait. Aussi est-ce en cela que le jeune homme n'avait pas compris Jésus, et c'est là la cause pour laquelle il s'est retiré avec tristesse (c. 4-26). Dans la seconde partie (c. 27-42) Clément fait voir comment les richesses peuvent même devenir des moyens de salut. Le devoir qui nous est imposé d'aimer Dieu et notre prochain, se remplit mieux par notre libéralité envers les malheureux et sur→ tout envers les veuves et les orphelins, dont les prières profitent à leur tour aux riches. Les plus grands encouragemens à cette charité active nous sont donnés, d'abord par l'exemple du Sauveur, puis par la dignité de la charité chrétienne, qui dure éternellement, et par sa puissance salutaire, qui est en état d'effacer même les péchés. Cet écrit se termine par l'histoire touchante de ce jeune homme

et de l'apôtre saint Jean, d'où il résulte que si les riches sont damnés, ce ne sont pas leurs richesses qui en sont cause, mais leurs dispositions.

La contexture générale de cet ouvrage est fort simple et il est écrit, depuis le commencement jusqu'à la fin, avec esprit et sensibilité. Sa tendance est toute pratique, et quoique le sujet dont il traite soit local, il est exécuté d'une manière si intéressante, qu'il conservera son prix en tous temps et en tous lieux.

5° Ouvrages perdus. Indépendamment des ouvrages de Clément dont nous venons de parler et qui nous ont été conservés, Eusèbe et saint Jérôme en nomment un assez grand nombre d'autres, que nous ne possédons plus. Ses Hypotyposes ou Institutions, formant huit livres, sont le plus important de ses ouvrages. Ils renfermaient une exposition abrégée du véritable contenu des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament (πασης της ἐνδιαθηκου γραφης ἐπι τετμημένας διηγήσεις), sans même en excepter nos livres deutéro-canoniques. On y trouvait plusieurs notices précieuses sur l'histoire du canon du Nouveau Testament; Eusèbe les a citées. Quant à l'ouvrage même, Photius n'en donne pas un témoignage très favorable (18); selon lui, il est rempli d'erreurs, dont les unes étaient propres aux premiers gnostiques et les autres à Origène, telles, par exemple, que l'éternité de la matière, la métempsychose, la préexistence d'autres mondes au nôtre, etc. Mais ce qui est digne de remarque, c'est que non seulement Eusèbe et saint Jérôme ne parlent point de ces errreurs, mais soutiennent encore tout le contraire; tandis que les erreurs qui lui sont reprochées, dans cet ouvrage, sont réfutées par luimême dans les Stromates. Les autres Pères de l'Eglise, qui tous ne peuvent se lasser de vanter son érudition, sont

(18) Phot. codex 109-111.

muets sur ces erreurs. Il est donc plus que probable que cet ouvrage aurait été plus tard falsifié par des hérétiques, et Photius lui-même ne paraît pas éloigné de cette pensée.

Un autre de ses écrits avait pour titre De Paschate, sur la célébration de la Pâque, et fut occasionné, d'après ce que l'auteur nous apprend lui-même, par la publication de l'ouvrage de Méliton de Sardes sur le même sujet. Il contenait en outre la tradition d'autres Pères plus anciens. Un autre écrit encore intitulé Canon ecclesiasticus, avait beaucoup de rapport avec le précédent ; il était dirigé contre ceux qui penchaient au judaïsme dans les cérémonies de la Pâque (pos Tous inviaiGouraç), et était dédié à l'évêque Alexandre.

Clément avait composé aussi des traités sur le Jeûne (Siaλέξεις περί νηστείας); sur la Calomnie ( περι καταλαλίας); sur la Patience, adressée aux néophytes (porpanτexos eis оμv); il reste des fragmens de deux autres dissertations sur la Providence et sur l'Ame.

Enfin, dans les ouvrages de Clément qui sont parvenus jusqu'à nous, il parle de divers écrits qu'il avait déjà achevés, tels que celui qui traitait de la Continence (Pædag. II, c. 10), ou bien qu'il se proposait de terminer, comme ceux qu'il avait composés sur la Résurrection (Pædag. II, c. 20); sur les Anges (Strom. VI, p. 631); sur le Démon (Strom. IV, p. 507); sur les Prophètes (Strom. V, p. 531), et d'autres, mais au sujet desquels nous ne possédons aucun détail.

6° Ouvrages apocryphes. Dans les éditions les plus récentes des œuvres de Clément d'Alexandrie, on trouve au supplément un écrit intitulé Excerpta ex Scriptis Theodoti et doctrinæ, quæ orientalis vocatur ad Valentini tempora spectantis epitoma (iz Toy sodotou zaz της ανατολικής καλουμένης διδασκαλίας κατα του; Οὐαλεντινου Xpovove). Les motifs extérieurs pour croire à l'authenticité de cet écrit ne lui sont pas favorables. Aucun des anciens

auteurs ne l'a connu ou nommé. Le style n'est pas, à vrai dire, sans ressemblance avec celui de Clément; mais les principes qui y sont énoncés ne sont nullement les siens. Ainsi il est dit que Dieu est un être corporel; que le Sauveur n'est pas le même que le Verbe fait homme; qu'avant la venue de Jésus-Christ tout était soumis au destin, etc. Il faudrait donc supposer que Clément n'a voulu dans cet ouvrage que répéter les idées des gnostiques de son temps. Mais il est plus probable que cet écrit n'est point de Clément ; il est du moins certain que nous n'avons aucune preuve pour le lui attribuer.

Il en est à peu près de même à l'égard d'un autre écrit intitulé Ecloga ex Scripturis Prophetarum. Le titre ne s'accorde pas bien avec le sujet; car non seulement il s'y trouve des passages qui ne sont point tirés des livres prophétiques, mais qui leur sont encore absolument contraires. Ainsi les apocryphes, tels que le livre d'Hénoch, la révélation et la prédication de saint Pierre, y sont cités au milieu d'autres livres canoniques. A coté de plusieurs opinions, nous en trouvons aussi plusieurs qui appartenaient aux gnostiques.

Enfin nous possédons sous le titre de Adumbrationes in epistolas catholicas, des éclaircissemens succincts sur les épîtres catholiques que l'abbé Cassiodore passe pour avoir tirées de Clément. Je me suis servi de cette expression dubitative, parce qu'il n'est pas certain que ces éclaircissemens soient les mêmes que ceux-ci que cet abbó tira des œuvres de Clément. Il est certain que Clément, dans ses hypotyposes, avait commenté les épîtres catholiques et même les épîtres deutéro-canoniques, et l'on a soutenu d'après cela, avec vraisemblance, que cet écrit pouvait bien être un extrait de cet ouvrage; toutefois, quoique Cassiodore avoue qu'il a supprimé ou changé plusieurs passages répréhensibles, ces Adumbrationes ne sont pas exempts d'erreurs pélagiennes, et leur tendance anti-arienne y est impossible à méconnaître.

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