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VI

bre considérable des objets qu'il faut classer et apprécier: d'abord, les institutions elles-mêmes dans la pensée qu'elles manifestent, dans le but qu'elles doivent atteindre et l'organisation dont elles ont été douées; puis, les hommes qui mettent en jeu cet organisme et ont droit à un souvenir. On peut rarement considérer de front et parallèlement ces deux points de vue. Il faut quelquefois séparer entièrement les établissements et les hommes. Plus souvent on doit les subordonner les uns aux autres. Les mémoires des académies et des sociétés savantes présentent ordinairement, dans deux collections distinctes, les notices scientifiques qui font l'histoire de l'institution, et les éloges des académiciens, qui s'attachent au point de vue biographique. L'Histoire littéraire de Genève, par Senebier, est essentiellement une histoire biographique; cependant l'étude des institutions y occupe une bonne place. Plus d'attention encore est accordée aux considérations générales dans l'Histoire de l'académie de Prusse, par M. Bartholmess, et c'est à juste titre que l'auteur a pu l'appeler philosophique1.

Nous avons dû aussi faire un choix; et lorsque nous nous sommes vu en présence de nos écoles et de notre académie; lorsque nous avons considéré, d'un côté, leur origine, leur nature, leurs fonctions, leur mission dans le pays, le bien qu'elles ont fait, celui qu'il ne leur a pas été donné d'accomplir; lorsque, d'un autre côté, se sont offerts à nos regards les professeurs placés dans nos chaires académiques et les instituteurs attachés à nos écoles, nous n'avons pas hésité : les institutions sont devenues l'objet principal de notre étude, les hommes ont été repoussés dans les plans lointains.

1 Histoire philosophique de l'académie de Prusse, par Christian Bartholmess. 2 vol. in-8°. Paris 1851; imprimerie de Marc Ducloux.

VII

Il nous en a souvent coûté de n'accorder que quelques lignes ou même un mot unique à des savants honorables qui ont payé à leur pays le tribut d'une vie de travail et de moralité. Mais combien d'hommes acquittent généreusement cette dette, puis s'en vont par le chemin de toute la terre! Après quelques jours de regrets fugitifs, aucune bouche ne prononce plus leur nom; leur tombe est muette, et l'histoire n'a pas de voix pour eux. Cependant nous avons cherché à faire connaître à nos lecteurs tous les professeurs qui ont siégé dans notre académie; ceux dont notre histoire ne fait pas mention, ont trouvé place dans l'appendice ou dans les notes; pour quelques-uns, leur nom seulement est prononcé; pour d'autres, leur nom et un souvenir.

Nous aurions peut-être besoin de justifier le choix de notre sujet. Le pays de Vaud est si petit en Europe! l'académie de Lausanne, si petite au milieu des institutions de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre ! Nous pourrions répondre en deux mots que nous n'écrivons pas pour l'Europe; mais c'est aussi avec un juste sentiment de fierté nationale que nous ajouterons: Malgré leur petitesse, nos écoles et notre académie ont, dans tous les temps, attiré les regards de l'étranger; on vient les visiter, comme nos lacs et nos montagnes. S'il est des voyageurs qui se bornent à contempler les œuvres de la nature, nous en connaissons aussi qui ont des yeux et du cœur pour les œuvres des hommes, pour ces œuvres morales par lesquelles un peuple occupe quelquefois plus d'espace dans le monde des intelligences que sur la carte routière du touriste. On a toujours jugé notre petit pays digne d'une étude bienveillante. Trouvera-t-on en Europe un seul coin de terre que les regards cherchent aussi souvent,

VIII

où ils aiment autant à s'arrêter, où l'âme place mieux ses sympathies, pour jouir du repos avec plus de plénitude et une joie plus intime?

Mais le citoyen du canton de Vaud trouve dans sa nationalité des motifs qui excitent sa curiosité et lui en font même un devoir. L'instruction publique est un des éléments essentiels de la vie d'une société civilisée; elle en est l'élément caractéristique, celui qui donne aux autres leur signification. Le premier et le dernier mot d'une nation se lisent dans son instruction publique.

On connaît peu l'Académie et les écoles, telles qu'elles étaient sous le régime bernois. Les hommes qui ont vécu dans ces temps aujourd'hui reculés, sont en petit nombre: les traditions s'effacent ou s'altèrent; les souvenirs s'éva nouissent. Nous nous sommes demandé si cette vieille instruction publique n'aurait point quelques bons exem ples, quelques bons conseils à donner aux rénovateur modernes. La terre tourne; elle tourne sur elle-même les choses passées reprennent souvent leur ancienne place elles y reviennent quelquefois naturellement; quelquefoi il faut savoir les y remettre, ou bien les laisser au mou vement qui emmène tout. Conserver la mémoire de choses importantes, par un récit puisé à des sources im partiales et sûres, laisser une trace des études auxquelle nos pères consacraient leurs premières années, montre les développements lents des institutions dans cet àg prudent et économe, cette entreprise nous a paru bon et patriotique; nous l'avons tentée.

Lausanne, novembre 1855.

ANDRÉ GINDROZ, PROFESSEU R

HISTOIRE

DE

L'INSTRUCTION PUBLIQUE

DANS LE PAYS DE VAUD.

INTRODUCTION.

L'instruction publique, considérée dans son point de vue extérieur, est l'ensemble des établissements publics destinés à répandre, par la voie de l'enseignement, les connaissances qui peuvent contribuer au bonheur d'une nation. L'état politique, social et moral d'un peuple donne à l'instruction publique son caractère et sa direction; mais il en subit aussi l'influence lente et irrésistible. Il y aura donc dans l'instruction publique d'un pays des mouvements et des changements correspondant aux grandes époques de l'histoire nationale.

Sous ces différents rapports, le pays dont nous devons faire connaître l'instruction publique, offre trois périodes distinctes: la période bernoise, avec les temps qui précédèrent immédiatement la réformation; la période de la république helvétique ; enfin, la période vaudoise, depuis que le Pays de Vaud forme un canton indépendant dans la Confédération Suisse. Une quatrième période s'ouvrira-t-elle par la centralisation de l'instruction publique? Un avenir prochain nous l'apprendra.

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