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le dirois le doux miel que l'Hymétique mousche Comme au grave Thébain a confit dans sa bouche: Mais n'ayant eu du Ciel un si rare bonheur, l'aime mieux admirer de ses vertus l'honneur Que les aller chantant :

PHILOMVSE, FRANÇOIS.

En matière si haute

L'on est bien en danger de faire quelque faute
Un jeune matelot qui cingle en haute mer
› Est bien le plus souvent en crainte d'abysmer.

POLYMVSE, LAUSANNOIS.

D

le me contenteray de dire sa clemence,
Et le louable amour qu'il porte à la science,
Quand le second honneur des Romains Empereurs,
Vne fleur du Printemps, ou vn Printemps de fleurs
Fleurissait sur la terre, il respandait sa grace
Sur le docte Maron et sur le luth d'Horace

Quand le cher nourrisson des neuf sœurs et de Mars,
Ce mignon de Pallas, ce grand fauteur des Arts:
Ce Mécène Romain, de qui la renommée
Par ses rares bienfaits par le monde est semée :
Quand, di-ie, il fleuronnait des scavants honoré,
C'estait alors vrayment un beau siècle doré,
Mais luy nouveau Cesar, mais lui nouveau Mécène
Par sa douce clémence et sa faveur humaine
Estrive à faire naistre et refleurir encor
Les doux-flairantes fleurs du fleuri siècle d'or.
Vn nouveau bastiment, vne nouvelle chaire
Nous montre bien à clair le desir véhément

Qu'il nourrit dans le cœur pour nostre aduancement.
Mais si vous séiournez en ce fameux Lycée,
Sa clémence par vous sera bien plus prisée :

Car vous l'esprouuerez et la verrez à clair
Et direz que mes dits ne cheminent au pair
Ne marchent à l'esgal avecques son mérite,
Et que pour sa valeur ma louange est petite.

PHILOMVSE, FRANÇOIS.

le demeureray donc, et vous demeureray
Bien humble serviteur.

POLYMVSE, LAUSANNOIS.

Et moy vous serviray

En toute occasion

PHILOMVSE, FRANÇOIS.

Monsieur, toute ma vie

A vos commandements vous verrez asseruie.

Nous laissons le reste de la comédie, consacré à célébrer dans le même style original et guindé les mérites civils et militaires de l'apollon Zehender; et bientôt après arrive l'éloge de son successeur Burkard-Fischer, et ce magnifique Seigneur n'est pas un moins grand personnage que celui dont il vient occuper la place. Revenons à l'académie de Lausanne. On sera peut-être curieux de connaître les noms des professeurs qui en occupaient les chaires à cette époque, le 1er octobre 1630, et dont on vient de lire l'emphatique éloge. Les voici, extraits de nos tables chronologiques: Amport, professeur de théologie; Girard des Bergeries, Nicolas, professeur d'hébreu et de catéchèse; Reinhard, Jean, professeur de grec et de morale; Muller, Georges, professeur de philosophie, de physique et de mathématiques; Wild, Jérémie, professeur d'éloquence ou de belles-lettres latines.

Le Lausannois Polymuse fait allusion à un événement académique qui eut lieu sous le balliage de M. Zehender. Un nouveau

bâtiment, une nouvelle chaire. » En 1629, on construisit un auditoire, avec une chaire, pour l'enseignement de la théologie. Jusque là, comme nous l'avons dit, les leçons s'étaient données dans le chœur de la cathédrale.

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Le point de vue que nous avons choisi pour raconter les destinées de l'Académie, ne nous a pas permis d'apercevoir assez distinctement quelques détails de son administration particulière et de sa vie locale, nous dirions presque de sa vie privée : les déposer ici nous semble une œuvre de justice.

L'administration de l'Académie était assez compliquée : elle embrassait les objets suivants :

1° Tout ce qui concernait l'instruction dans les auditoires académiques et le college, depuis la surveillance sur l'enseignement, les personnes qui le donnaient et celles qui le recevaient, jusqu'à celle sur l'édifice du collége dans ses diverses parties.

2o Les gages ou bourses accordées aux étudiants qui prenaient l'engagement, sous le cautionnement de deux personnes, de se vouer à l'état ecclésiastique. Si cet engagement n'était pas rempli, les cautions pouvaient être tenues à restituer les valeurs perçues par l'étudiant. Quelques-uns de ces gages étaient destinés aux jeunes gens des Vallées vaudoises du Piémont, qui venaient étudier à Lausanne. Les cantons réformés de la Suisse payaient aussi une contribution annuelle pour l'entretien de ces élèves. Une commission particulière, appelée Chambre vaudoise, avait la gestion de ces fonds.

3o La Bibliothèque. L'Académie administrait les fonds affectés à cet établissement et dirigeait l'achat des livres.

4o L'Académie avait une bourse ou caisse particulière. Ce petit capital, qui lui appartenait à titre de propriété privée, provenait

d'une source fort honorable pour les professeurs. Pendant les persécutions qui furent exercées en Angleterre contre les réformés, sous le règne de Marie, plusieurs jeunes Anglais vin rent se réfugier à Lausanne. Ils ne recevaient aucun argent de leurs familles, quoiqu'ils fussent riches; mais ils furent accueillis, secourus et instruits gratuitement par les professeurs de l'Académie. Lorsqu'ils furent rentrés en Angleterre, ils voulurent témoigner leur reconnaissance à leurs amis de Lausanne, et leur envoyèrent une somme de L. 3,000. Les professeurs décidèrent de consacrer les intérêts de ces fonds à des dépenses utiles à la science. Des donations et d'autres obventions portèrent ce capital à dix mille livres. Les intérêts étaient affectés à payer quelques bourses particulières, à payer des passades, viatiques, ou secours à des gens de lettres voyageurs dans le besoin, enfin à payer les banquets académiques dans les circonstances solennelles.

Les Cérémonies. Dans un petit pays, dans une petite ville, avec un gouvernement aristocratique, les cérémonies sont un grand événement. On était heureux lorsqu'une circonstance importante venait animer la paisible Lausanne et embellir par une pompe inusitée les rues solitaires du quartier savant.

Une belle place était accordée à l'Académie dans ces solennités : l'éloquence des compliments lui appartenait de droit. Un prince étranger se montrait-il à Lausanne? L'Académie en corps le complimentait, toutefois avec la permission du Bailli. L'installation d'un Bailli était aussi un jour d'éloquence. L'Académie présentait d'abord ses hommages au Seigneur trésorier, député du Sénat de Berne, pour introduire le Bailli dans son petit royaume. Il fallait ensuite complimenter le héros du jour, le moderne Bailli.

La nomination d'un professeur devenait aussi l'occasion d'une fête. L'installation avait lieu dans la grande salle du collége, appelée le temple allemand, parce qu'on y célébrait un service religieux dans cette langue; c'est aujourd'hui la grande salle de la Bibliothèque cantonale. Les cérémonies étaient alors, comme aujourd'hui, une succession de discours. Le Bailli présentait le nouveau professeur; son discours était bref. Le Recteur, auquel on donnait le titre de magnifique, prenait ensuite la parole, au nom de l'Académie et du

collége. Enfin venait le tour du récipiendaire; il prononçait sa harangue inaugurale. Tous les discours achevés, écoutés ou non, l'Académie, en corps, reconduisait le Seigneur bailli dans son château. La cérémonie était-elle terminée? Non : le nouveau professeur offrait un festin à ses collègues.

Les promotions du collége, ou la distribution des prix aux écoliers, étaient aussi une grande fête, et à juste titre, car il n'y a point de bonne fête sans la jeunesse: avec la joie du moment, il faut l'espérance de l'avenir. Les examens étaient terminés; les douces vacances commençaient; on pensait aux courses de montagnes, aux promenades dans les forêts solitaires, aux plaisirs champêtres : quel délicieux farniente on allait goûter! Il y avait bien quelques petits malheureux : les écoliers qui n'avaient point obtenu de promotion, les échoués ! Mais les larmes de l'enfance tarissent aisément. D'ailleurs ils étaient bien persuadés qu'on avait été beaucoup trop sévère, et leurs parents, qui en jugeaient de même, les consolaient de leur mieux. Jeunes martyrs de l'injustice humaine, l'un devait son échec à Monsieur le Régent, qui n'avait jamais pu lui pardonner une charmante espièglerie; c'était le professeur de grec ou de latin qui en voulait à un second; un troisième avait eu du malheur dans ses examens.

La cérémonie des promotions avait sa beauté. Le soleil éclairait à peine de ses premiers rayons les beaux tilleuls de la cour du collége, que l'on voyait arriver les jeunes écoliers parés de leurs habits de fête. Les maîtres les recevaient; ils les disposaient dans l'ordre des classes et les conduisaient silencieusement dans notre belle cathédrale, pour recevoir de la bouche d'un vénérable pasteur, vieilli dans les expériences de la vie, quelques conseils affectueux qui respiraient la simplicité et la prudence de l'Evangile. C'était pour cette vive et joyeuse jeunesse le sérieux de la fête. Au sortir du temple, chacun retournait chez soi; on déjeûnait, on rajustait un habit dérangé et l'on se parait d'un énorme bouquet bien appliqué sur le cœur. Ainsi décoré, le jeune écolier revenait au collége, avec un empressement plus vif. L'heure de la fête allait sonner; les maîtres attendaient déjà ; on formait de nouveau le cortége et l'on se rendait dans le chœur de la cathédrale. Bientôt après arrivaient le seigneur Bailli, l'Académie

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