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No 14.

NOTE SUR JEAN-BAPTISTE PLANTIN.

J.-B. Plantin, fils de Michel Plantin, de Montpreveyres, régent au collége de Lausanne, est né dans cette ville le 3 septembre 1624.

M. le ministre Louis Carrard a lu dans une séance de la Société d'histoire de la Suisse romande une notice biographique sur Plantin. Aux investigations les plus ingénieuses et les plus exactes, s'unissait l'intérêt d'une exposition élégante et claire. Cet ouvrage mérite à tous égards d'enrichir la collection de nos mémoires historiques.

Introduire dans notre écrit les points importants d'un ouvrage inédit, serait une espèce de vol, ou du moins une indiscrétion dont nous ne voulons pas nous rendre coupable; mais les faits connus et les titres des livres appartiennent à la publicité et nous pouvons les inscrire ici. Plantin fut consacré au St.-Ministère, en 1648; il exerça les fonctions pastorales successivement à Aigle, à Crissier, à Assens, au Mont, à Château-d'OEx, à Savigny, à Lausanne.

Au mois de novembre 1663, il fut nommé gymnasiarque ou premier régent du collège de cette ville. Après quelques années d'exercice, il se voua de nouveau au service de l'église; mais il ne tarda pas à l'abandonner. Au mois de juillet 1677, le gouvernement de Berne lui permit de donner des leçons publiques d'histoire, toutefois sans caractère académique. Au mois d'août 1678, il rentra dans la carrière de l'enseignement et fut nommé modérateur (ludi-moderator), instituteur de la quatrième classe du collége de Lausanne; au mois de juin 1684, il fut élu modérateur de la première classe. Il mourut à Lausanne le 7 mars 1700.

On voit que Plantin n'a pas été professeur à l'Académie; aussi le Livre noir et le manuscrit du professeur Chavannes sur l'Académie ne lui accordent aucune mention. On lira avec intérêt quelques détails sur Plantin considéré comme naturaliste, dans une Notice de

M. le doyen Bridel, sur la naissance et les progrès des sciences naturelles dans le Pays de Vaud. Voir Feuille du canton de Vaud, Tome IX. 1822.

Voici la liste des ouvrages de Plantin, suivant les indications de M. Carrard.

Helvetia antiqua et nova, Berne 1656, ouvrage réimprimé dans le Thesaurus historia helvetica, Tiguri 1735, et à part à Zurich, en 1737.

Petit Chronique de la ville de Lausanne. 1656. Manuscrit à la Bibliothèque cantonale.

Lausanna restituta. 1665. Discours de promotion; manuscrit. Abrégé de l'histoire générale de la Suisse. Genève 1666. 1 vol. in-12.

Recueil de l'Abrégé de l'histoire suisse, par J.-B. Plantin. 1666. Manuscrit donné à la Bibliothèque cantonale par Madame Clavel de Breules. C'est peut-être celui dont parle Ruchat, sous le nom de Chronique du Pays de Vaud, et qui se trouvait chez M. d'Ussire, un des ancêtres de M. Clavel.

Petit Chronique de Berne. Lausanne 1678.

L'article sur Plantin, inséré dans le Conservateur, année 1824, renferme quelques erreurs que M. Carrard a rectifiées.

N° 15.

PROFESSEURS DE PHILOSOPHIE.

Nous avons rassemblé sur l'enseignement de la philosophie quelques notes plus détaillées que les considérations générales exposées dans le corps de notre ouvrage. Leur place naturelle se trouve

ici.

On a recueilli en deux volumes in-4° un certain nombre de thèses soutenues sous la présidence de quelques-uns des anciens professeurs de philosophie de l'académie de Lausanne. Ces thèses, qui ont été

imprimées à Berne, peuvent servir à donner une idée de l'enseignement. Nous en citerons quelques-unes.

Les premières constituent un ensemble intitulé Disputatio de philosophia in genere, défendues sous la présidence du professeur Pierre Davel. C'est le plan général de son enseignement et comme le compendium de son système.

Voici l'analyse succincte des idées de l'auteur.

La nature de l'homme tient le milieu entre celle des anges et celle de la brute. S'il donne à son âme la culture dont elle est susceptible, l'homme s'élève et se rapproche de l'ange; il s'abaisse au niveau de la brute, lorsqu'il demeure inculte et grossier.

Les disciplines qui servent à la culture de l'homme sont de diverses espèces. On peut en général les distinguer en libérales et illibérales ou mécaniques: les premières concernent l'état intérieur de l'homme et perfectionnent directement et par elles-mêmes ses plus nobles facultés. Les disciplines libérales sont de deux degrés ou ordres. Les supérieures sont celles à l'acquisition desquelles servent Es les autres; elles appartiennent au doctorat dans les académies; savoir la théologie, la jurisprudence, la médecine.

Aux disciplines du second ordre, appartient la philosophie. Ici se présente la question de savoir quel degré et quelle place mérite la. philosophie au milieu de ces disciplines: la théologie, la jurisprudence et la médecine lui sont-elles tellement supérieures que la philosophie ne puisse avoir aucun titre à rivaliser avec elles en dignité ? Nous laissons la discussion de cette question; nous passons aussi rapidement sur les explications du mot philosophie et les divers sens qui lui sont affectés. La définition de la philosophie soulève des problèmes difficiles à résoudre. 1o La philosophie peut-elle être définie comme un tout collectif, d'une manière parfaite? ou bien n'en peuton donner qu'une définition imparfaite? 2o La philosophie peut-elle être considérée comme un tout universel ou un genre, dont les parties qu'elle comprend sont les espèces? - Nous passons encore sous silence la discussion à laquelle ces questions donnent lieu; elle abonde en distinctions de peu d'utilité. Arrivant enfin à une définition, la thèse présente les deux suivantes, que nous croyons devoir

reproduire dans la langue savante : Philosophia est ordinata collectio disciplinarum evidenter discursivarum. Vel est ordinata collectio habituum cognoscitivorum rerum per rationes necessarias. Ainsi la philosophie se distingue quant au fond et quant à la forme, par le genre et par la différence. La cause efficiente de la philosophie peut être considérée sous trois points de vue: per infusionem, per institutionem, per inventionem. Les causes auxiliaires sont natura et cura. Natura incipit, ars dirigit, exercitium perficit. Il y a trois dons (dotes) de la nature qui sont nécessaires, savoir ingenium, judicium, memoria. Cura comprend l'art et l'exercice ou la vue (visus). L'art contient les préceptes confirmés surtout par une longue expérience et découlant des principes de la connaissance humaine. Les principes de notre connaissance ont trois sources: sensus, ratio, scriptura. Le sensus n'est pas seulement la sensation organique, mais aussi les perceptions qui ont les principes ou media de notre cognition. Il y a ici trois degrés : l'observation ou l'histoire, c'est la sensation recueillie et étudiée par l'intelligence; l'expérience, collection de plusieurs observations; l'induction, qui déduit des conclusions générales, des théorèmes. Ratio n'est pas ici la faculté intellectuelle, mais les principes nés avec nous, c'est-à-dire des axiomes, comme le tout est • plus grand qu'une de ses parties; le principe de contradiction; -— il faut adorer Dieu; — il faut fuir ce qui est honteux. Enfin scriptura, c'est la révélation surnaturelle de Dieu. Ces trois principes sont subordonnés ratio succurrit sensui, scriptura vero rationi. Ici s'élève la question des rapports de la révélation avec la philosophie : les distinctions abondent; en résumé, la thèse tend à établir que la révélation est un principe de philosophie externum et per accidens tale, norma partialis, inadæquata et quoad quædam, per accidens et secundariò faciens.— Suivent des thèses sur le but, la fin de la philosophie, ou prochain : les actes philosophiques théorétiques, pratiques, poétiques; ou éloignés ou suprêmes, summus; ou subordonné soit par rapport au philosophe lui-même, il jouit de la félicité philosophique, joie secrète, assimilation à Dieu; soit par rapport à la société humaine; soit par rapport aux disciplines supérieures. sujet, recipiens la philosophie, est ou quod ou quo. Quod, ce ne sont

:

- Le

ni les animaux brutes, ni Dieu, mais l'homme qui procède discursivement et dianoetiquement. Le sujet quo est l'intelligence ou l'esprit humain. Le sujet occupans, ou l'objet, est double: matériel et formel; l'objet matériel comprend toutes les choses divines, humaines, théorétiques, pratiques, poétiques. Formel en tant qu'il tombe évidemment sub discursum et qu'il peut être connu par des raisons nécessaires.

Les thèses dont nous venons d'indiquer les principales doctrines sont accompagnées de trois pièces de vers latins en l'honneur du répondant, c'est-à-dire de celui qui devait les défendre. Une de ces poésies est l'ouvrage de J.-P. D'Apples, médecin et instituteur de la troisième classe du collége; elle se fait remarquer par le tour poétique, la richesse et l'élégance du style. On trouve dans ce recueil de thèses plusieurs autres pièces de vers de D'Apples; on ne saurait refuser à notre poète un véritable talent et la connaissance de la langue poétique des Romains. La plupart des autres thèses sont aussi escortées de poésies qui célèbrent l'esprit et le savoir du répondant; elles sont toutes également décorées au frontispice d'une dédicace, toutefois sans épître; c'est en général à des seigneurs de Berne, à quelques généreux protecteurs que sont offerts ces hommages. Nous nous sommes arrêtés avec quelque complaisance sur la disputation qui vient de nous occuper, pour faire connaître cette espèce d'exercice. Il nous suffira maintenant d'indiquer le sujet de quelques autres thèses.

De l'utilité et de la nécessité de la philosophie dans la théologie en général. L'auteur fait observer que, dans la médecine et la jurisprudence, la philosophie remplit non-seulement un rôle ministériel et organique, mais aussi une fonction principale et directrice, puisqu'elle en pose les fondements: dans la médecine, comme un petit ruisseau découlant de la source de la physique; dans la jurisprudence, elle construit l'édifice de l'éthique.

Il en est autrement à l'égard de la théologie. Citons ici les expressions pittoresques que l'écrivain emploie pour déterminer le rôle de la philosophie à l'égard de la théologie: Ancillari ei datur et famulæ officia obire. Imperare non licet, nec Domina aucthoritatem

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