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No. 12.

NOTES SUR LE PROFESSEUR ALLAMAND.

La bibliothèque cantonale possède plusieurs manuscrits de ce professeur. En voici la liste avec quelques observations:

Sermons sur divers textes de l'Ecriture Sainte, prêchés à Ormontdessus, à Bex et à Corsier, par François-Louis Allamand, pasteur et professeur; depuis 1748 à 1773. 14 vol. in-4°.

Les sujets de ces sermons, très-variés, sont tirés de l'Ancien et du Nouveau Testament; le dogme et la morale ont chacun leur part. Quelques textes sont traités seulement sous forme d'analyse. Les plans sont simples et fort clairs, la composition naturelle et souvent ingénieuse.

Le caractère d'application pratique domine dans les idées; le style est aisé, vif, spirituel et toujours populaire; on n'y trouve pas la grande éloquence, mais l'attention est captivée; il y a même souvent de l'originalité.

Pensées anti-philosophiques, l'Anti-Bernier, remarques sur le système de la nature. 1 vol. in-4°. Nous reviendrons dans la suite sur cet ouvrage.

Harmonie et paraphrase de l'histoire évangélique, 1 vol. in-4°. Pot-pourri, morceaux divers de polémique théologique et autres fragments. 5 vol. in-4o, par Fs.-Ls. Allamand, professeur à l'académie de Lausanne. Nous avons remarqué dans ce recueil, qui eût été digne d'un autre nom, les morceaux suivants:

Plan d'études... «J'ai résolu de me former un plan d'études, dit l'auteur en commençant. Ce morceau est intéressant, et la publication, au moins partielle, n'en serait pas sans à-propos.

Mémoire sur la profanation du dimanche.

Remarques sur l'ouvrage d'Osterwald sur l'exercice du ministère. Remarques sur les ordonnances pour les églises du Pays de Vaud.

Projet de règlement et de tablature pour les écoles ressortissantes du colloque d'Aigle.

Lettre aux auteurs de la Bibliothèque raisonnée.

Discours académiques, 1773. 1 vol. in-4°. En voici les sujets: 1° De moralis philosophiæ simul et linguæ græcæ studio. Discours inaugural prononcé le 26 avril 1773, en entrant dans la profession ethico-græca.

2o Discours prononcés aux promotions du collége académique de Lausanne sur l'éducation. Allamand a prononcé trois discours de promotion; le premier manque dans le manuscrit. Les trois discours ont le même sujet, mais considéré sous divers points de vue.

Le premier traite de l'importance des premières instructions, en 1776.

Le second, des différents moyens d'éducation, en 1777.

Le troisième, des avantages de l'éducation publique par dessus la domestique, 1778.

3o Un discours prononcé à l'installation de M. Dutoit, dans la chaire d'éloquence, le 2 décembre 1775.

Enfin le même volume contient des discours de compliment adressés aux baillis, etc.

Nous avons cherché à caractériser l'esprit du professeur Allamand, car il avait surtout de l'esprit. Que l'on ne pense pas cependant que chez lui l'esprit tînt lieu des véritables talents; non, mais il les stimulait et leur imprimait son cachet. Ses talents n'étaient pas médiocres, et l'Académie a compté peu de professeurs aussi distingués. Mais la gloire n'est pas venue le trouver au milieu de nos Alpes ou, pour mieux dire, il n'a pas voulu la chercher. Cependant son nom n'est pas resté dans l'oubli. Gibbon, dans son Journal, s'exprime ainsi sur cet homme, qu'un historien de la philosophie, dont nous parlerons bientôt, appelle extraordinaire.

mais

<< C'est un ministre dans le Pays de Vaud et un des plus beaux › génies que je connaisse. Il a voulu embrasser tous les genres, > c'est la philosophie qu'il a le plus approfondie. Sur toutes les ques>tions il s'est fait des systèmes, ou du moins des arguments toujours › originaux et toujours ingénieux. Ses idées sont fines et lumineuses,

› son expression heureuse et facile. On lui reproche avec raison trop › de raffinement et de subtilité dans l'esprit ; trop de fierté, trop d'ambition et trop de violence dans le caractère. Cet homme qui aurait › pu éclairer ou troubler une nation, vit et mourra dans l'obscurité. › C'est du professeur Allamand que Gibbon disait aussi : Est sacrificulus in pago et rusticos decipit.

Nous ne ferons aucune remarque sur le portrait tracé en français par Gibbon; mais nous nous étonnerons du rôle honteux que l'écrivain anglais fait jouer à notre professeur dans sa petite sentence latine empruntée à Vossius. Comment! cet homme violent, fier, ambitieux, devient un vil hypocrite! cet homme qui pourrait éclairer ou troubler une nation s'abaisse à tromper de pauvres campagnards! Ce pasteur de village, homme d'un si grand esprit, prêche contre ses convictions! Nous ignorons quels faits justifient une si grave inculpation. Quant à nous, nous n'avons rien trouvé dans ses ouvrages imprimés ou manuscrits qui puisse la motiver. Les incrédules du dix-huitième siècle aimaient à s'associer les hommes distingués par leur esprit et par leur savoir; ils leur faisaient à bon marché une réputation d'impiété. Mais avant de ranger le pasteur de campagne, le professeur d'exégèse du Nouveau Testament, le professeur de morale, au nombre des faussaires et des hypocrites, demandons les preuves.

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Un historien de la philosophie, avons-nous dit, appelle Allamand un homme extraordinaire. Nous voulions parler de Dugald Stewart, qui dans son Histoire abrégée des sciences métaphysiques, morales et politiques, depuis la renaissance des lettres (trad. par M. J. A. Buchon. Paris 1823. 3 vol.) s'exprime de la manière suivante, en parlant des disciples de notre professeur Pierre de Crousaz. Un de ces disciples, › M. Allamand, ami et correspondant de Gibbon, mérite une mention > particulière ici, pour ses deux lettres publiées dans les Oeuvres posthumes de cet historien, et qui contiennent une critique si judi› cieuse et si parfaite du système des idées innées de Locke (l'auteur > a voulu dire des opinions de Locke sur le système des idées innées), › que bien des logiciens des plus fameux de nos jours feraient fort › bien d'en faire leur profit. Si j'eusse connu plutôt ces leures, je › n'aurais pas tant attendu pour leur rendre une justice tardive. >

Dans une note placée à la fin du volume, le philosophe écossais transcrit une lettre d'Allamand à Gibbon, très-remarquable par la finesse, la netteté et même la nouveauté des idées. L'argumentation est vive et pressante. Quelques remarques ont une grande affinité avec les objections de Reid contre la doctrine des idées (image de perception). Voyez l'ouvrage de D. Stewart, cité plus haut, T. II, page 29 et suivantes.

Le professeur Allamand, François-Louis, était originaire de la commune d'Ormont-dessus; il était frère, et il fut le premier maître da célèbre Jean-Nicolas-Sébastien Allamand, professeur à Leyde. Leur père était régent au collége. Notre professeur fut installé dans la chaire de grec et de morale, le 28 avril 1773; il occupa cette chaire jusqu'à sa mort, le 3 avril 1784.

L'enseignement d'Allamand était plein d'intérêt : clarté, vivacité, érudition en littérature grecque et en théologie, tels en étaient les traits distinctifs. Des anecdotes curieuses, placées à propos au milieu des discussions les plus graves, soutenaient l'attention par le charme de la variété. La vieillesse amena un triste changement. Le professeur Allamand, dit-on, donnait à la fin de sa vie ses leçons avec quelque insouciance, au grand détriment des études.

No 13.

NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR LE PROFESSEUR ALEXANDRE-CÉSAR

CHAVANNES.

‹ Tu seras pasteur à Lausanne; tu seras pasteur à Vevey; tu seras › professeur à Lausanne. Telles furent les prédictions faites à ses trois fils par César Chavannes, vénérable pasteur de la grande et belle paroisse de Montreux ; toutes les trois se sont accomplies.

< Tu seras professeur à Lausanne : › c'était au jeune AlexandreCésar que ces paroles s'adressaient, et jamais peut-être la prophé

tique sagacité d'un père n'avait mieux deviné la vocation providentielle de son fils. En serait-il des professeurs comme des poètes? Assurément; et nous dirons même qu'il n'est aucun art, aucune science que l'on puisse cultiver avec distinction si la nature ne l'a pas voulu. Le fameux adage nascimur poetæ, fimus oratores, n'est donc qu'à moitié vrai.

Malheur à l'orateur sans génie! Malheur au poète ignorant!

Quoi qu'il en soit, si la nature avait créé le jeune Chavannes professeur, l'éducation ne fit pas défaut à cette destinée, et plus encore l'éducation qu'il se donna que celle qu'il reçut. Mais n'anticipons pas.

Alexandre-César Chavannes naquit le 30 juillet 1731, à Montreux. Dès l'âge de six ans, il subit le sort de la plupart des enfants destinés aux professions savantes; il fut envoyé au collège de Lausanne; il en parcourut les six classes et fut introduit dans l'Académie, pour étudier, suivant l'ordre établi, les belles-lettres, la philosophie et la théologie. Arrivé au terme de ses études académiques, il fut consacré au St-Ministère, au mois d'octobre 1753; il avait 22 ans. C'était là le cours calme et régulier de l'instruction des jeunes gens et la marche paisible de leur développement intellectuel. Il n'en fut pas de même pour le jeune Chavannes; il avait à peine atteint l'âge de 17 ans qu'il éprouva, avec une grande vivacité, le malaise intérieur que fait naître dans un esprit juste et clairvoyant sur lui-même, une instruction confuse, mal assurée et dont on ne peut pas disposer utilement. Plus d'une fois, on le sait, des hommes d'un génie émi– nent ont été atteints du même tourment intérieur, après leurs études régulières. A cette question que sais-je? ils n'avaient point de bonne réponse à faire : ils savaient peu, et surtout ils savaient mal. A vrai dire, il n'est pas donné à tous les jeunes gens de reconnaître l'insuffisance de leur instruction; sentir ce malheur est un bonheur peu commun; les intelligences vulgaires ne le connaissent pas.

Chavannes l'éprouva; et pour lui, comme pour plusieurs hommes de sa force, ce fut dans les mathématiques que brilla le rayon de lumière qui devait éclairer sa vie.

Au milieu de l'ennui et du dégoût, un méchant exemplaire d'Eu

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