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enfant ne peut être tiré des écoles par son père, sa mère ou ses tuteurs, qu'il ne lise correctement, qu'il ne sache par cœur le catéchisme de Heidelberg et quelque autre catéchisme approuvé, s'il a assez de temps et de loisir pour cela; enfin qu'il ne puisse rendre raison de sa foi d'une manière assortie à sa capacité. On doit avoir égard au défaut de talent; ceux qui sont sortis de l'école, mais qui n'ont point encore été admis à la communion, restent dans l'obligation de fréquenter l'école au moins deux fois la semaine. Chaque année, au printemps, il y a un examen fait par le pasteur en présence des anciens ou assesseurs du consistoire. Les communes distribuent des prix. Les pasteurs doivent visiter fréquemment les écoles; les anciens ou assesseurs du consistoire les visitent à tour. Les régents, les pères et les mères, les enfants négligents seront d'abord repris en particulier, ensuite cités, s'il en est besoin, en consistoire, punis après cela de la prison; s'ils se rendaient rebelles, ils seront même dénoncés au bailli ou à la classe, selon les cas, enfin accusés au consistoire suprême, ou même à LL. EE. s'il est nécessaire. Un extrait abrégé des ordonnances pour les écoles sera lu en chaire, chaque année, pour l'instruction des auditeurs.

Les ordonnances ecclésiastiques de 1773, les dernières qui aient été promulguées, renferment aussi un titre sur les écoles en 10 articles. Ce code est beaucoup plus simple: sans supprimer ni modifier essentiellement aucun des principes établis, il est l'expression d'une administration plus large, moins inquiète, moins jalouse de tout régler, et qui compte déjà sur l'empire des mœurs et des usages qu'elle a su introduire dans le pays. Enfin, dans le dernier code consistorial, celui de 1787, on ne trouve plus qu'un article qui a pour objet la fréquentation des écoles; il en rappelle l'obligation et s'en réfère aux Ordonnances précédentes.

Telle est la législation bernoise sur les écoles populaires. Toutes les questions importantes que ce sujet, si vital pour un peuple, soulève, y sont posées et résolues avec autorité; obli gation générale de fréquenter l'école dès l'enfance jusqu'à l'ad mission à la communion; pénalité prononcée par un tribuna plutôt ecclésiastique que civil; examen et choix des institu teurs, visite et inspection des écoles, remis au clergé et au baillis bernois. Les objets de l'enseignement sont fixés nette ment : la lecture, les prières, un ou plusieurs catéchismes, l'é tude de quelques passages de la Bible, et, pour les enfants qu en auront le temps, l'écriture et les principes du plain-chan Une seule règle de méthode est donnée, mais elle est féconde en cultivant la mémoire, formez l'intelligence. L'entretien d écoles est à la charge des communes et des familles. Les cond tions de la sortie des écoles sont réglées: il faut savoir lir savoir le catéchisme et même plusieurs catéchismes. Le cat chisme devait accompagner le berger qui gardait les tro peaux de la commune ; ainsi sur le penchant de nos montagne au fond de nos vallées, dans les riantes prairies qui entourent n villages, vous auriez vu le jeune pâtre étudiant son catéchism

Il règne dans cette législation une fermeté de décision nous étonne, aujourd'hui que toutes ces volontés souverai sont transformées en questions. Aucune des difficultés et complications que l'administration des écoles rencontre t les jours, n'est seulement pressentie. Il ne semble pas possi au législateur qu'un doute s'élève ; les théories pédagogiq n'existent pas pour lui: tout est pratique; il va droit au et le règle. C'est un dictateur qui conçoit la désobéissan mais non la discussion; et, la désobéissance elle-même, les I grands moyens sont là pour la réprimer.

3.

Après la loi, l'exécution.

teurs.

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- Les écoles y sont comprises. — Combien il y en a. elles sont fréquentées. · Soutenues par les pasteurs. L'enseignement.

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Les régents.

Les considérations qui précèdent nous montrent l'instruction populaire telle que la loi voulait la faire; elles révèlent la pensée du gouvernement. Mais on se demande aussi comment étaient dans la réalité ces écoles dont nous connaissons l'organisation théorique? Les lois sont écrites dans les codes; mais elles sont écrites aussi, et en caractères bien plus lisibles, dans la réalité et dans la vie. Quelques renseignements positifs sur les faits seront donc ici bien placés. Malheureusement les monuments de cette époque, dans l'ordre de choses qui nous occupe, sont rares et dispersés çà et là: on conçoit que le besoin de rassembler les détails dans un seul tableau n'était pas senti; peut-être même aurait-on craint ce miroir de la vérité. Cependant nous possédons un document important.

En 1764, le gouvernement de Berne fit faire une enquête générale dans tout le canton, allemand et français; il désirait essentiellement constater l'état du paupérisme. Les pasteurs furent chargés de fournir les renseignements statistiques et de répondre à un certain nombre de questions sur chacune des communes de leurs paroisses respectives. Au sujet de l'éducation des enfants, on demandait : « Quelles sont les précautions >> prises pour l'éducation des enfants et leur encouragement au >> travail ? >>

Dans leurs réponses, les pasteurs ne s'attachent pas exclusi

vement à décrire les moyens destinés à l'éducation des enfants pauvres il n'existait que deux ou trois institutions fondées dans ce but spécial; mais ils rendent compte de l'état des écoles populaires en général, de celles précisément dont nous nous occupons dans cette notice. En rapprochant les indications des pasteurs, on obtient un tableau assez propre à satisfaire les hommes qui veulent étudier les lois dans les faits, non moins que dans les codes. Chaque communauté devait avoir son école; le nombre des écoles était en 1764 de 341 approximativement (7). Quel était à cette époque le nombre des communes? Nous l'ignorons; mais les résultats de l'enquête prouvent avec une triste évidence que le nombre des écoles était insuffisant. Le chiffre de la population, comparé à celui de ces institutions, le démontre clairement. En 1764, la population du Pays de Vaud, y compris le Pays d'Enhaut, est fixée par le recensement de M. le doyen Muret à 116,815 âmes, par le recensement bernois à 115,366. C'est pour cette population qu'il y a 341 écoles. Aujourd'hui, d'après le recensement de 1849, nous avions 196,595 âmes, et pour cette même année 736 écoles. Ainsi, pour une augmentation de population de 79,780 âmes, le recensement Muret pris pour terme de comparaison, nous avons acquis 395 écoles, c'est-à-dire, bien plus que pour la population totale de 1764. La différence est notable; elle s'explique cependant jusqu'à un certain point.

En 1764, plusieurs écoles étaient surchargées d'enfants. On voit par un recensement fait en 1801, après plusieurs améliorations apportées au régime des écoles, dont le nombre s'élevait alors à 534, qu'il y avait 54 écoles qui contenaient plus de 80 écoliers. Plusieurs écoles en renfermaient au delà de 100, à l'époque de l'enquête du gouvernement bernois. Ainsi, à Pully, il n'y avait qu'une école pour 120 enfants; au Chenit, 5 écoles pour 400. Cette insuffisance du nombre des écoles était parti

culièrement remarquable dans les villes. Lausanne, où l'on compte aujourd'hui un si grand nombre d'écoles publiques ǝt privées, avait 7 écoles publiques; les écoles de charité élevaien 1200 enfants. A Morges, ville qui se distingue par son zèle pour l'instruction primaire et qui possède 8 écoles publiques, on comptait de 6 à 7 cents jeunes gens âgés de moins de seize ans. Pour l'instruction de cette nombreuse jeunesse, il y avait trois régents qui enseignaient le latin à une trentaine d'enfants tout au plus; pour tous les autres, il n'y avait qu'un seul régent et quelques femmes à qui l'on donnait trois ou quatre écus de salaire. De là résulte, ajoute l'enquête, une ignorance grossière parmi le peuple. A Vevey, la dernière classe du collége n'était qu'une école primaire; il y avait de plus à l'hôpital une école pour les pauvres; enfin dans la ville plusieurs petites écoles pour les jeunes enfants. Pour la commune de Bex et ses nombreux hameaux, il y avait 6 écoles; aujourd'hui on en compte 9. Ces rapprochements pourraient être multipliés; mais nous nous arrêtons: sans doute on ne s'étonnera plus du petit nombre des écoles.

Si du moins elles eussent été fréquentées avec régularité; mais partout des plaintes se font entendre. En été surtout, les écoles sont désertes, et l'on ne voit pas que l'on ait recours à des moyens de répression. Mais déjà à cette époque quelques pasteurs établirent des écoles du dimanche. A Ormont-dessus, le pasteur Henri François Wulliamoz avait pris le parti de faire tenir une école chaque dimanche pendant l'été, et une partie de l'automne, dans la cour de la cure, en sa présence.

L'inspection et le soin des écoles appartenaient aux pasteurs; la loi les leur attribuait; mais elle leur associait des membres du consistoire. Cependant le document auquel nous empruntons ces détails, atteste que les pasteurs s'en occupaient seuls avec suite et avec zèle. Sans doute, quelques

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