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ROSINE.

Quoi, vous n'accordez pas même qu'on ait des principes contre la séduction de monsieur Figaro ?

BARTHOLO.

Qui diable entend quelque chose à la bizarrerie des femmes ? et combien j'en ai vu de ces vertus à principes.... ROSINE, en colère.

Mais, monsieur, s'il suffit d'être homme pour nous plaire, pourquoi donc me déplaisez-vous si fort?

BARTHOLO, Stupéfait. Pourquoi ?... pourquoi?... Vous ne répondez question sur ce barbier ?

ROSINE, outrée.

pas à ma

Eh bien oui, cet homme est entré chez moi ; je l'ai vu, je lui ai parlé. Je ne vous cache pas même que je l'ai trouvé fort aimable: et puissiez-vous en mourir de dépit. Elle sort.

BARTHOLO, seul.

Oh! les juifs ! les chiens de valets! la jeunesse ! l'Eveillé, l'Eveillé maudit.

SCENE IV.

BARTHOLO, L'EVEILLE.

L'ÉVEILLÉ arrive en baillant, tout endormi.
Ah, ah, ah, ah...

BARTHOLO.

Où étais-tu, peste d'étourdi, quand ce barbier est entré

ici?

L'EVEILLE.

Monsieur, j'étais... ah, ah, ah...

BARTHOLO.

A machiner quelqu'espiéglerie, sans doute? Et tu ne l'as vu?

pas

L'ÉVEILLÉ.

Sûrement, je l'ai vu, puisqu'il m'a trouvé tout malade, à ce qu'il dit; il faut bien que cela soit vrai, carj'ai com mencé à me douloir dans tous les membres, rien qu'en l'en entendant parl... Ah, ah, ah.

BARTHOLO, le contrefaisant.

Rien qu'en l'en entendant. Où donc est ce vaurien de la Jeunesse? Droguer ce petit garçon sans mon ordonnance; il y a quelque friponnerie là-dessous.

SCENE V.

Les précédens, LA JEUNESSE arrive en vieillard, avec une canne en béquille; il éternue plusieurs fois. L'ÉVEILLÉ, toujours baillant.

La Jeunesse.

BARTHOLO.

Tu éternueras dimanche.

LA JEUNESSE

Voilà plus de cinquante... cinquante fois... dans un moment. (Il éternue.) Je suis brisé.

BARTHOLO.

Comment! je vous demande à tous deux s'il est entré quelqu'un, chez Rosine, et vous ne me dites pas que ce barbier... L'ÉVEILLÉ, continuant de bailler Est-ce que c'est quelqu'un donc M. Figaro ? Ah, ah...

BARTHOLO.

Je parie que le rusé s'entend avec lui.

LIÉVEILLÉ, pleurant comme un sot.

Moi... Je m'entends!

LA JEUNESSE, élernuant.

Eh mais, monsieur, y a-t-il... y a-t-il de la justice?

BARTHOLO.

De la justice, c'est bon entre vous autres, misérables! la justice, je suis votre maître,moi, pour avoir toujours LA JEUNESSE éternuant.

raison.

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Mais pardi, quand une chose est vraie.

BARTHOLO.

Quand une chose est vraie? Si je ne veux pas qu'elle soit vraie, je prétends bien qu'elle ne soit pas vraie ; il n'y aurait qu'à permettre à tous ces faquins-là d'avoir raison, vous verriez bientôt ce que deviendrait l'autorité. LA JEUNESSE, éternuant.

J'aime autant recevoir mon congé. Un service terrible, et toujours un train d'enfer.

L'EVEILLÉ, pleurant.

Un In pauvre homme de bien est traité comme un misérable.

BARTHOLO.

Sors donc, pauvre homme de bien. ( Il les contrefait.) Et t'chi, et t'cha; l'un m'éternue au nez, l'autre m'y baille.

LA JEUNESSE.

Ah! monsieur, je vous jure que sans mademoiselle, il n'y aurait... pas moyen de rester dans la maison. ( Il sort

en éternuant.

BARTHOLO.

Dans quel état ce Figaro les a mis tous ! Je vois ce que c'est le maraud voudrait me payer mes ceut écus sans bourse délier.

SCENE VI.

BARTHOLO, DON BAZILE, FIGARO, caché dans le cabinet, paraît de temps en temps, et les écoute. BARTHOLO, continue.

Ah! Don Bazile, vous veniez donner à Rosine sa leçon de musique ?

BAZIL E.

C'est ce qui presse le moins.

BARTHOLO.

J'ai passé chez vous sans yous trouver.

BAZILE.

J'étais sorti pour vos affaires. Apprenez une nouvelle assez fâcheuse.

Pour vous ?

BARTHOLO.

BAZILE.

Non, pour vous. Le comte Almaviva est en cette ville.

BARTHOLO.

Parlez bas. Celui qui faisait chercher Rosine dans tout Madrid ?

BAZILE.

Il loge à la grande place, et sort tous les jours déguisé.

BARTHOLO.

Il n'en faut point douter. cela me regarde. Et

BAZILE.

que faire? Si c'était un particulier, on viendrait à bout de l'écarter.

BARTHOLO.

Oui, en s'embusquant le soir, armé, cuirassé. ...

BAZIL E.

Bone Deus! Se compromettre, susciter une méchante affaire, à la bonne heure, et pendant la fermentation calomnier à dire d'experts; concedo.

BARTHOLO.

Singulier moyen de se défaire d'un homme !

BAZILE.

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La calonnie, monsieur? vous ne savez guères ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens prêts d'en être accablés Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté pas d'horreurs, pas de conte absurde qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville en s'y prenant bien; et nous avons ici des gens d'une adresse !... D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage; Pianissimo, murmure et file et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable; puis tout-à-coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil. Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grace au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? BARTHOLO.

Mais quel radotage me faites-vous donc là . Bazile? et quel rapport ce piano crescendo peut-il avoir à ma situation?

BAZILE.

Comment, quel rapport? ce qu'on fait partout pour érarter son ennemi, il faut le faire ici pour empêcher le vôtre d'approcher. BARTHOLO.

D'approcher? Je prétends bien épouser Rosine avant qu'elle apprenne seulement que ce comte existe.

BAZILE.

En ce cas, vous n'avez pas un instant à perdre.

BARTHOLO.

Et à qui tient-il, Bazile? Je vous ai chargé de tous les détails de cette affaire.

BAZIL E.

Oui. Mais vous avez lésiné sur les frais, et dans l'harmonie du bon ordre, un mariage inégal, un jugement inique, un passe-droit évident, sont des dissonnances qu'on doit toujours préparer et sauver par l'accord parfait de l'or. BARTHOLO, lui donnant de l'argent.

Il faut en passer par où vous voulez ; mais finissons.

BAZILE.

Cela s'appelle parler. Demain tout sera terminé ; c'est à vous d'empêcher que personne, aujourd'hui, ne puisse instruire la pupille.

BARTHOLO.

Fiez-vous-en à moi. Viendrez-vous ce soir, Bazile ?

BAZILE.

N'y comptez pas. Votre mariage seul m'occupera toute la journée; n'y comptez pas.

Serviteur.

BARTHOLO, l'accompagne.

BAZILE.

Restez, docteur, restez donc,

BATHOLO.

Non pas. Je veux fermer sur vous la porte de la rue,

SCENE VII.

FIGARO seul, sortant du cabinet.

Oh! la bonne précaution! Ferme, ferme la porte de la rue et moi je vais la r'ouvrir au comte en sortant. C'est un grand maraud que ce Bazile, heureusement il est encore plus sot. Il faut un état, une familie, un nom, un rang, de la consistance enfin, pour faire sensation dans le monde en caloniniant. Mais, un Bazile, il médirait qu'on ne le croirait pas.

SCENE VIII.

ROSINE, accourant,

ROSINE

FIGARO,

Quoi, vous êtes encore là, M. Figaro ?

FIGARO.

Très-heureusement pour vous, mademoiselle. Votre tuteur et votre maître de musique, se croyant seuls ici, viennent de parler à cœur ouvert

ROSIN E.

Et vous les avez écoutés, M. Figaro? mais savez-vous que c'est fort mal.

FIGARO.

D'écouter ? C'est pourtant ce qu'il y a de mieux pour

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bien entendre. Apprenez que votre tuteur se dispose à Vous épouser demain.

Ah! grands dieux.

ROSINE.

FIGARO,

Ne craignez rien; nous ui donnerons tant d'ouvrage qu'il n'aura pas le temps de songer à celui-là.

ROSINE.

Le voici qui revient; sortez donc par le petit escalier.. Vous me faites mourir de frayeur. (Figaro s'enfuit.)

SCENE IX.
EARTHOLO, ROSINE.

ROSINE.

Vous êtiez ici avec quelqu'un, monsieur ?

BARTHOLO.

Don Bazile que j'ai reconduit, et pour cause. Vous eussiez mieux aimé que c'eût été monsieur Figaro ?

ROSINE.

Cela m'est fort égal, je vous assure.

BARTHOLO.

Je voudrais bien savoir ce que ce barbier avait de si pressé à vous dire?

ROSINE.

Faut-il parler sérieusement? il m'a rendu compte de l'état de Marceline, qui même n'est pas trop bien, à ce qu'il dit.

BARTHOLO.

Vous rendre compte! Je vais parier qu'il était chargé de vous remettre quelque lettre.

ROSINE.

Et de qui, s'il vous plait?

BARTHOLO.

Oh, de qui! de quelqu'un que les femmes ne nomment jamais. Que sais-je, moi? Peut-être la réponse au papier

de la fenêtre.

ROSINE, à part.

Il n'en a pas manqué une seule. Haut. Vous mériteriez bien que cela fût.

BABTHOLO, regarde les mains de Rosine.

Cela est. Vous avez écrit.

ROSINE, avec embarras.

Il serait assez plaisant que vous eussiez le projet de m'en faire convenir.

BARTHOLO, lui prenant la main droite.

Moi, point du tout; mais votre doigt encore taclié d'encre! Hein ? rusée signora ?

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BARTHOLO, lui tenant toujours la main.

Une femme se croit bien en sûreté, parce qu'elle est seule

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