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nous avançons dans la vie, plus nous nous approchons de la mort. >>

12. S. AUGUSTIN, in Sentent. à Prospero collectis, sent. ult. : « Vous regorgez de biens, et vous vous vantez de la noblesse de votre extraction; vous vous faites gloire des avantages de votre patrie, de la beauté de votre corps, des honneurs que les hommes vous décernent; mais considérez-vous vous-même, voyez que vous êtes mortel, que vous êtes terre, et que vous rentrerez en terre. Regardez autour de vous ceux qui avant vous ont joui des mêmes honneurs. Que sont devenus ces hommes à qui les premiers des citoyens faisaient la cour? Que sont devenus ces empereurs réputés invincibles? Que sont devenus ces ordonnateurs de fêtes et d'assemblées, ces généraux d'armées, ces satrapes, ces potentats? Tout cela n'est-il pas réduit en cendre et en poussière? Reste-t-il de toute leur grandeur autre chose que des ossements? Considérez ces sépulcres, et tâchez d'y faire la distinction. entre le maître et l'esclave, entre le riche et le pauvre. Discernez, si vous le pouvez, le captif d'avec le roi, le fort d'avec le faible, l'homme à belle prestance de l'homme difforme et monstrueux. En un mot, rappelez-vous votre nature, et vous cesserez de vous enorgueillir. Pour vous le rappeler, vous n'avez qu'à vous considérer vous-même. »

13. S. AUGUSTIN, Epist. LXXX (al. 199) ad Hesychium: << Chacun de nous sujet de craindre que le jour qui sera pour lui le dernier de sa vie ne le surprenne comme un voleur: car le dernier jour du monde trouvera chacun dans le même état où le dernier jour de sa vie l'aura laissé, et nous serons tous jugés au dernier jour sur l'état où la mort aura trouvé chacun de nous.

>> C'est pour cela que Jésus-Christ même nous dit dans l'Evangile de saint Marc Veillez, parce que vous ne savez quand viendra le maître de la maison, si ce sera le soir ou à minuit, au chant du coq ou au matin; de peur que, survenant tout d'un coup, il ne vous trouve endormis; et ce que je vous dis, je le dis à tous, veillez (MARC, XIII, 35-37). Comment le dit-il à tous, si ce n'est en ce sens qu'il le dit à tous ses élus et ses bien-aimés, qui appartiennent à son corps, c'est-à-dire à son Eglise? Cet avis ne s'adressait donc pas seulement à ceux à qui il parlait dans ce moment, mais à tous ceux qui ont été depuis eux jusqu'à nous, à nous-mêmes, et à tous ceux qui viendront après nous jusqu'au jour de son avènement. Car on ne peut pas dire que ce jour-là doive trouver sur la terre ceux à qui il disait : Veillez, de peur

que le Seigneur, survenant tout d'un coup, ne vous trouve endormis, ni que cette parole s'adresse aux morts aussi bien qu'aux vivants. Pourquoi dit-il donc qu'il adresse à tous ce qui semble ne regarder que ceux qui se trouveront alors sur la terre, sinon parce que cette parole est pour tous de la manière que je viens de dire, et que ce grand jour viendra pour chacun, lorsque viendra celui où chacun sortira de cette vie dans l'état où il sera jugé ce jourlà? Ainsi tout chrétien doit veiller, de peur de ne pas se trouver prêt à l'avènement du Seigneur. Car ce jour-là ne nous trouvera prêts, qu'autant que nous l'aurons été au jour de la mort.

» Les apôtres savaient donc au moins, et savaient trèscertainement, que Jésus-Christ ne viendrait point de leur temps, c'est-à-dire pendant qu'ils étaient encore dans cette vie mortelle. Cependant, qui peut douter qu'ils ne se soient maintenus, et plus exactement que personne, dans cet état de vigilance que Jésus-Christ recommande à tous, de peur que, survenant tout d'un coup, il ne nous trouve endormis (1)? >>

»

14. Le même, Lib. LXXXIII quæstionum, q. 59: « Veillez, nous dit Notre-Seigneur, parce que vous ne savez ni le jour ni l'heure (MATTH., XXV, 13). Chacun de nous ignore, non-seulement la dernière heure où viendra l'époux, mais encore celle où il mourra lui-même. Mais ceux qui se tiendront prêts pour le moment du sommeil, je veux dire pour le moment de la mort qui arrivera à tous, le seront aussi pour le moment où la voix qui retentira au milieu de la nuit réveillera tous ceux qui seront endormis du sommeil de la mort. >>

15. S. CYPRIEN, Epist. LII ad Antonianum : « Celui qui n'a pas pensé qu'il devait mourir, ne mérite pas de recevoir des consolations au moment de sa mort. >>

16. S. AUGUSTIN, Serm. III de sanctis Innocentibus, qui est decimus de Sanctis: « C'est une punition infligée au pécheur, que cet oubli de lui-même dans lequel il meurt, après qu'il a oublié Dieu pendant la vie. »

17. Le même, Tract. XXXIII in Evangelium Joannis : « On ne peut nier que Dieu, suivant le témoignage de son prophète, n'ait promis le pardon à ceux qui font pénitence; mais vous ne sauriez me montrer que Dieu, par le même prophète, vous ait promis une longue vie... Il offre à ceux qui seraient tentés de désespoir la grâce de son pardon comme un sûr asile; mais d'autres

(1) Cf. Les Lettres de saint Augustin, trad. en français, Paris, 1684.

sont tentés de présomption, et se perdraient en remettant leur conversion d'un jour à l'autre pour ces derniers, il a voulu que le jour de la mort fût incertain (4). »

18. S. GRÉGOIRE-LE-GRAND, Lib. XVI Moralium in Job, c. 31 : « Nous disons que la miséricorde de Dieu oublie celui qui a oublié le premier la justice de Dieu, parce que ceux qui ne redoutent pas présentement sa justice, ne pourront pas dans la suite éprouver les effets de sa miséricorde. »>

19. S. AUGUSTIN, Lib. de discipliná christianá (2), vel de domo disciplinæ, c. 11: « Comme ce seul nom de mort vous émeut et vous saisit de crainte! comme il glace d'effroi vos cœurs ! Comme vos gémissements témoignent de vos alarmes! Oui, je vous ai entendus, vous avez gémi, et c'est que vous craignez la mort. Si vous la craignez, pourquoi ne vous précautionnez-vous pas contre elle? Vous craignez la mort. Que craignez-vous? Elle viendra. Que je la craigne ou que je ne la craigne pas, elle viendra toujours; que ce soit plus tôt ou que ce soit plus tard, elle n'en viendra pas moins. Vos craintes ne feront pas que ce que vous craignez n'arrive pas en effet. »

Ibidem, c. 12: « Craignez plutôt ce qui ne sera pas, du moment où vous ne voudrez pas que cela soit. Quelle est cette chose? Le malheur de pécher. Craignez de pécher, parce que si vous aimez le péché, vous encourrez une autre mort, à laquelle vous pourriez échapper, si vous n'aimiez pas le péché. Etes-vous donc assez perverti pour aimer mieux la mort que la vie? A Dieu ne plaise, répliquez-vous. Quel est l'homme qui puisse aimer mieux la mort que la vie? C'est peut-être vous-même que je vais convaincre d'aimer mieux la mort que la vie; et voici comment Vous aimez votre tunique; vous voulez qu'elle soit bonne. Vous aimez votre terre; vous voulez qu'elle soit bonne. Vous aimez votre fils; vous voulez qu'il soit bon. Vous aimez votre ami; vous voulez qu'il soit bon. Vous aimez votre maison; vous voulez qu'elle soit bonne. N'est-ce pas que vous voulez aussi avoir une bonne mort? Car tous les jours vous demandez que puisque la mort doit vous arriver, ce soit une bonne mort que Dieu vous donne, et vous dites: Dieu me préserve d'une

(1) Cf. Les Traités de saint Augustin sur l'Evangile de saint Jean, tome II, p. 325-327.

(2) Cet ouvrage n'est pas de saint Augustin, mais plutôt de Valérien, évêque de Cémèle, au jugement du P. Sirmond. V. NAT. ALEX., Hist. eccles., t. V, p. 102.

mauvaise mort! Vous aimez donc plus votre mort que votre vie. Vous craignez de faire une mauvaise mort, et vous ne craignez pas de mener une mauvaise vie. Corrigez la vie mauvaise que vous ménez, craignez la mauvaise mort. Ou plutôt ne la craignez pas; celui qui mène une bonne vie ne peut pas faire une mauvaise mort. Je le répète, et je ne crains point de l'assurer de nouveau; j'ai cru, et c'est pourquoi j'ai parlé (Ps. CXV, 10); celui qui mène une bonne vie ne peut pas faire une mauvaise mort. Mais déjà je vous entends vous récrier: Est-ce que des justes n'ont pas souvent péri par quelque naufrage? Je le répète; celui qui mène une bonue vie ne peut pas faire une mauvaise mort. Est-ce que beaucoup de justes n'ont pas péri par l'épée ? Je le répète, celui qui mène une bonne vie ne peut pas faire une mauvaise mort. Est-ce que beaucoup de justes n'ont pas été victimes de brigands? Est-ce que beaucoup de justes n'ont pas été dévorés par des bêtes féroces? Je le répète, celui qui mène une bonne vie ne peut pas faire une mauvaise mort. Voilà ce que j'aurai toujours à vous répondre. Car est-ce que vous entendez, par une mauvaise mort, mourir dans un naufrage, ou par le glaive, ou par la dent des bêtes? Est-ce que telle n'a pas été la mort des martyrs, dont nous célébrons les fêtes? A quels genres de mort n'ont-ils pas été exposés? Et cependant, si nous sommes chrétiens, si nous nous souvenons que nous sommes ici dans une école de sagesse, si une fois sortis de ce lieu nous n'oublions pas l'enseignement qui nous y a été donné, n'appelons-nous pas heureux les martyrs? Examinez quelle a été leur mort. Voyez-la des yeux du corps, elle a été mauvaise. Voyez-la des yeux de la foi, c'est une chose précieuse aux yeux du Seigneur que la mort de ses saints. N'ayez donc plus d'horreur de ce qui dans la mort vous présente tant d'horreur, si vous imitez les martyrs. Occupez-vous seulement de mener une bonne vie, et de quelque manière que vous ayez à sortir de ce monde, vous en sortirez pour trouver le repos, pour entrer en possession d'une béatitude exempte de toutes craintes, et qui n'aura point de fin. La mort du riche paraît bonne à celui qui ne considère que la pourpre et le lin dont ce riche était vêtu jusqu'au moment où il a quitté la vie; mais qu'elle est mauvaise aux yeux de celui qui considère ce même riche dévoré de soif, et demandant en vain au milieu de ses tourments une goutte d'eau pour se rafraîchir! La mort pauvre paraît mauvaise à celui qui le considère étendu à la porte du riche, désirant comme les chiens quelques miettes de

du

pain qui tombent de la table de ce dernier. Voilà, dira-t-il, une mort mauvaise, une mort digne de toute notre aversion. Mais considérez la fin : vous êtes chrétien; envisagez la chose avec les yeux de la foi. Ce pauvre vint à mourir, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. De quoi servait au riche son tombeau de marbre, tandis que lui-même était dans l'enfer tout brûlant de soif? Quel tort faisaient au pauvre ses haillons et les ulcères dont son corps avait été couvert, puisqu'il reposait désormais dans le sein d'Abraham? Le riche vit de loin jouissant du repos, celui qu'il avait méprisé comme il le voyait étendu à sa porte. Choisissez maintenant entre la mort de l'un et celle de l'autre. Dites-moi lequel des deux a fait une bonne mort? lequel en a fait une mauvaise? Je pense que la mort du pauvre est ici meilleure que la mort du riche. Trouveriez-vous bon d'être enseveli ici-bas avec des aromates, et d'être dévoré en même temps dans l'enfer par la soif? A Dieu ne plaise, me répondezvous; car je pense que ce sera là votre réponse. Vous saurez donc faire une bonne mort, si vous savez mener une bonne vie; car une bonne vie est assurée d'une récompense éternelle. »>

20. Le concile de Latran tenu sous Innocent III, canon 22: <«< Comme les infirmités corporelles peuvent avoir le péché pour cause, puisque Notre-Seigneur dit au paralytique qu'il avait guéri: Ne péchez plus désormais, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pire (JOAN., V, 14); nous statuons par le présent décret, et nous ordonnons strictement aux médecins des corps, que, lorsqu'un malade les appellera, ils l'avertiront et le presseront avant tout d'appeler aussi les médecins des âmes, afin qu'ils puissent travailler plus efficacement à guérir le corps, après que l'âme elle-même aura été guérie, puisque, la cause cessant, l'effet doit cesser par-là même. Une des causes de ce décret, c'est qu'il y a des malades qui, lorsque les médecins les engagent à pourvoir au salut de leur âme, se désespèrent aussitôt; ce qui rend le danger de mort où ils sont encore plus imminent. Que si quelque médecin vient à transgresser cette constitution, après qu'elle aura été publiée par les ordinaires des lieux, qu'il soit privé de l'entrée de l'église jusqu'à satisfaction convenable. Au surplus, comme l'âme est beaucoup plus précieuse que le corps, nous défendons aux médecins, sous peine d'anathème, de conseiller à un malade des choses qui puissent être nuisibles au salut de son âme. >>

21. Le concile de Trente, session XIV, dans la doctrine qu'il y a

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