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» yeux seuls du Tout - Puissant, dit-il (1), peuvent >> apercevoir tous les fils de la trame de l'histoire. >> Peut-être, cependant, ajoute-t-il, le tableau qui » vient d'être tracé, découvrira-t-il aux yeux de l'ob>> servateur éclairé, la perspective d'un plus grand et plus glorieux avenir, en lui faisant apercevoir dans >> la propagation de la civilisation européenne déjà >> parvenue au-delà des mers, jusques dans les régions » les plus reculées, les élémens du plus vaste et du plus puissant système politique, non plus borné à » une seule partie du monde, mais qui embrasserait >> l'univers. >>

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Faisons des vœux pour l'accomplissement de ce présage, et saluons de loin la grande unité qu'il annonce (2).

(1) Préf. des deux premières éditions, pag. xij. •

(2) Soirées de Saint-Pétersbourg. Les expressions empruntées ici à M. le comte de Maistre, s'appliquent à une tout autre prédiction dans son ouvrage.

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HISTORIQUE

DU SYSTÈME POLITIQUE

DES ÉTATS DE L'EUROPE

ET DE LEURS COLONIES,

DEPUIS LA DÉCOUVERTE DES DEUX INDES.

TROISIÈME PÉRIODE.

DEPUIS LA MORT DE FRÉDÉRIC LE GRAND ET LE COMMEN¿CEMENT DE L'AGE RÉVOLUTIONNAIRE, JUSQU'A LA CHUTE DU TRONE IMPÉRIAL DE FRANCE, ET A LA RESTAURATION - DE LA. LIBERTÉ DU SYSTÈME POLITIQUE DE L'EUROPE. (1786-1815. )

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1.

QUELQUE courte que soit, en comparaison des précé

dentes périodes, celle dont on va retracer l'histoire, l'importance des événemens qui la remplissent et surtout le caractère particulier qui la distingue, obligent de la considérer séparément. Quel nom convient mieux à cette époque, que celui de révolutionnaire? Jusqu'alors toutes les tentatives pour détruire l'indépendance du système politique de l'Europe avaient été vaines. Le temps était venu où, exposé à de plus grands orages, ce système devait enfin s'écrouler, et n'être recomposé que de ses propres débris.

2. A la mort de Frédéric, cet imposant édifice semblait affermi sur des fondemens inébranlables. S'il s'élevait quelques doutes sur sa solidité, c'était au plus dans les états de l'Est. On était bien loin d'en concevoir dans les autres. Après la catastrophe qui dissipa cette illusion, il a été facile d'en découvrir les causes. Mais n'en retrouvet-on pas aussi les élémens dans nos précédentes recherches?

3. Quiconque portait un regard attentif sur la situation intérieure des grands états de l'Europe, ne pouvait se dissimuler que, loin que les constitutions de la plupart se fussent améliorées, elles se survivaient à elles-mêmes. Celle d'Espagne n'avait d'autres soutiens, depuis la suppression des Cortès, que le catholicisme et l'inquisition. Celle de France, portant en elle-même le principe de sa destruction, était depuis long-temps en proie à une lutte intestine. Les factions déchiraient celles des républiques, de tout temps vicieuses et maintenant sans appuis. L'empire d'Allemagne avait peine à se mouvoir dans la lenteur de ses formes. Le gouvernement de la Prusse, machine artificielle, venait de perdre son principal ressort. Celui de l'Autriche était occupé de projets qui devaient bientôt échouer, et l'anarchie régnait en Pologne et dans l'empire ottoman: La tendance constante des souverains vers le pouvoir arbitraire, avait, dans presque tous les états du continent, anéanti la liberté publique ; les assemblées des états étaient ou abolies ou réduites à une vaine formalité; nulle part elles n'avaient le caractère d'une véritable représentation nationale.

4. Et cependant l'idée en vivait partout, réveillée et entretenue par les plus grands écrivains, non comme une simple théorie, mais comme un bien réel dont l'expérience de l'heureuse Angleterre devait faire sentir tout le prix. Cette idée pouvait-elle ne rester que spéculative dans la politique pratique, et ne devait-elle pas être, au milieu des orages et des aberrations de la période suivante, l'étoile polaire sur laquelle se fixeraient constamment les regards?

5. Mais ce n'était pas seulement les rapports des souverains avec le peuple, et ceux des états entre eux, qui

étaient changés. Combien peu ressemblaient à leurs ancêtres et les bourgeois et les nobles actuels! Plus le fardeau des charges publiques était pesant, plus on prétendait qu'il fût également supporté par tous. Les castes privilégiées devaient donc, à chaque réunion des états, être encore plus menacées que les princes; et cependant les anciennes constitutions reposaient sur cette séparation des castes.

6. On ne connaissait de mesure de la force des états, que celle des armées permanentes; et en effet, il n'y en avait guère d'autres. La composition de ces armées, qui toujours plus étroitement subordonnées à l'esprit du gouvernement, avaient subi un accroissement proportionné à celui de la puissance des princes, élevait partout un mur de séparation entre elles et la nation. Les armées n'étant que dans leurs mains, qué restait-il aux peuples sans défense, qu'à se soumettre, quand l'armée était battue et dispersée? Ainsi pouvaient se renouveler les journées de Zama et de Pydna, et une seule bataille décider du sort du plus puissant empire.

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7. Combien, à plus forte raison, devait-on craindre de si tristes résultats, si l'on comparait ces forces militaires avec les forces pécuniaires, sans lesquelles les premières ne sauraient exister! Ce principe de vie manquait à presque toutes. Il n'y avait pas sur le continent, une seule puissance en état de soutenir par ses propres moyens, une guerre de quelque durée. On n'y parvenait que par le secours de subsides, ou que par l'invention de quelques nouvelles extorsions. C'est ainsi qu'on était arrivé au point que ces systèmes trouvaient leur peine dans leurs propres excès. Les redoutables conséquences d'une situation aussi forcée ne pouvaient que se développer à la première occasion.

8. Tandis que ces appuis politiques chancelaient, les soutiens moraux n'étaient pas moins ébranlés. La base de tout gouvernement, le saint respect pour les droits de la possession légitime, ce principe sans lequel il n'y a que guerre de tous contre tous, était anéanti. La politique avait déjà levé le masque en Pologne, et dès lors prévalut le système de l'arrondissement des états aux dépens des faibles. La malheureuse

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