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»Les ennemis de la chose publique, les agens du despotisme; ceux qui parmi les Français abhorrent encore la li– berté, parce qu'elle leur a ravi quelques jouissances qu'ils ne possédaient qu'aux dépens et au détriment du peuple, peut-être même quelques gouvernemens étrangers (car je n'accuse point ici les nations, que je sépare avec soin des gouvernemens), ont employé tous les moyens possibles pour séduire et corrompre la garde nationale soldée de Paris : ils croyaient apparemment, tous ces vils séducteurs, n'avoir affaire qu'à des mercenaires qu'on gagne et fait agir à force d'argent; partout ils ont trouvé des citoyens prêts à périr pour la liberté, et indignés qu'on pût les soupçonner de vendre leurs services et leurs opinions.

» Ce sont là, messieurs, les hommes pour lesquels je viens vous demander des récompenses; non pas qu'ils les sollicitent, mais parce que la nation les leur doit.

Est-il quelque autre exemple dans les annales du monde d'une ville habitée par huit cent mille âmes qui, au milieu d'une révolution dont elle est le centre et le foyer ait conservé une tranquillité aussi parfaite que celle qui a existé dans Paris? Je sais bien qu'on m'objectera quelques événemens fâcheux; mais quelle est l'histoire, même celle des hommes les plus vertueux, dont on ne désirât déchirer quelques pages! Jetons un voile sur ces fautes d'un peuple quelquefois égaré, et ne voyons que le sentiment qui a toujours prédominé chez lui. Paris, depuis le commencement de la révolution, a présenté le spectacle imposant d'une ville qui jouirait depuis long-temps d'un gouvernement libre et d'une bonne Constitution, et si quelques Français fuyant la liberté en ont émigré, les étrangers ont bien comblé ce vide et réparé ces pertes; ils y jouissent de la tranquillité la plus parfaite et de la protection des lois, et c'est, j'ose le dire, à la vigilance et au zèle infatigable de la garde soldés et non soldée qu'on doit ce calme et ce maintien de l'ordre public.

» Si ce calme n'avait existé, messieurs, où en serait notre révolution, où en serait la Constitution! Peut-être serionsnous actuellement dans les horreurs de la guerre civile;

peut-être ne fonderions-nous notre liberté que sur le sang d'une partie de la nation; peut-être les étrangers, qui n'ont été retenus jusqu'à présent que par le concert presque unanime des opinions et des volontés nationales, concert qui présente une force inexpugnable, peut-être, dis-je, les étrangers inonderaient actuellement nos provinces et chercheraient à démembrer le plus beau royaume qui existe! Oui, sans ce calme de la capitale tous ces malheurs existeraient. Paris, lieu des séances de l'Assemblée nationale, est le centre du mouvement de toutes les parties de la monarchie; la direction de ce mouvement serait-elle changée, elle de tout le reste du royaume éprouverait les plus violentes atteintes.

» Sans ce calme l'Assemblée nationale aurait-elle pn continuer ses travaux? Que serait-elle devenne? Elle aurait changé le lieu de ses séances; mais bientôt, poursuivie par d'autres factions, elle aurait été obligée d'errer de province en province, et aurait fini par s'anéantir. Alors, ou la France, devenue la proie du premier occupant, n'existerait plus, ou le despotisme, reprenaat son ancienne audace, nous aurait chargés de fers mille fois plus pesans que ceux que nous venons de briser. Il est donc de toute vérité, messieurs, que c'est à la tranquillité et à l'ordre public maintenu dans Paris que la France entière doit et la révolution et la Constitution.

» Or est-il de récompense trop brillante pour ceux qui ont anssi puissamment concouru au maintien de ceite tranquillité? Le royaume entier est intéressé, messieurs, à montrer quel prix il met aux services de cette nature, et c'est, j'ose le dire, servir les Français que de leur faire connaître ceux auxquels ils ont d'aussi grandes obligations.

Lorsqu'en 1789 la ville de Paris forma une garde nationale elle pensa bientôt que les citoyens, occupés à leurs affaires et travaux domestiques, ne pourraient vaquer en nombre nécessaire et sans paie au sérvice journalier qu'exigeaient alors la garde et la police de cette grande ville, la

garde des barrières, la rentrée des subsistances, et, depuis l'époque de cette première formation, la garde du roi et celle de l'Assemblée nationale.

> En conséquence il fut formé du régiment des gardes qui avait si bien servi la chose publique lors de la prise de la Bastille, et d'autres soldats de différens régimens français qui étaient accourus à Paris au moment de la révolution, six compagnies de grenadiers soldés, qui furent attachées aux six divisions de la garde nationale volontaire, et soixante compagnies de fusiliers soldés, dites compagnies du centre, qui furent attachées aux soixante bataillons dont est aujourd'hui composée la totalité de la garde nationale volontaire de Paris. Le service des barrières, celui de la Halle au Blé, la rentrée des subsistances ayant encore nécessité une augmentation dans les troupes soldées, il fut formé huit compagnies de chasseurs, composées en partie de soldats accourus aussi à Paris à l'instant de la révolution, et deux compagnies de canonniers, qui depuis ont été assimilées pour le service aux huit compagnies de chasseurs.

>> Total, soixante-seize compagnies soldées d'infanterie, dont six de grenadiers, soixante de fusiliers, et dix de chasseurs ou canonniers.

» Plus, le régiment des gardes avait une artillerie qui lui était particulière, et qui était manœuvrée par cent vingt soldats canonniers : ces canonniers ont suivi le régiment lors de son incorporation à la garde nationale, et l'on en a formé six sections qui ont été attachées aux six compagnies de grenadiers soldés.

» Plus, l'ancien guet à cheval de Paris a été conservé, et l'on en a formé huit compagnies de cavalerie, dites cavalerie nationale parisienne : ce corps a servi et sert tous les jours avec la plus grande activité, et est d'une nécessité indispensable pour la sûreté de Paris. On a également canservé un ancien corps, connu sous le nom de garde des ports.

» Ces différentes troupes composent une totalité de neuf mille sept cent quatre-vingt-douze hommes soldés, savoir:

» Six compagnies de grenadiers à cent trois hommes, en y comprenant les officiers..

»Soixante compagnies de fusiliers à cent trois hom mes, comprenant les officiers....

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» Dix compagnies de chasseurs ou canonniers-chasseurs à cent hommes, comprenant les officiers..... 1000 Six sections de canonniers à vingt-un hommes... 126 >> Six compagnies des gardes des ports à cent hommes. 600 » Huit compagnies de cavalerie à cent hommes... 800 >> Plus, cent huit officiers employés à l'état-major général ou états-majors particuliers de la cavalerie et des divisions....

...

» Plus, trois cent soivante tambours des compagnies de volontaires.....

»Total des soldés, dont trois cent cinquante huit officiers..

108

360

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>> Vos comités vous proposent, messieurs, de prendre au service de la nation ces troupes éprouvées par ce long et patriotique noviciat, et d'en faire pour ainsi dire une propriété nationale, qui sera d'autant plus précieuse que, n'étant jusqu'à présent qu'à la solde de la ville de Paris, elle a cependant servila France entière, et concouru puissamment, ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le prouver, à l'établissement d'une Constitution qui doit rendre heureux vingtcinq millions de Français, ainsi qu'une longue suite des générations qui nous suivront.

» Vos comités vous proposent de former de tous les soldés de Paris :

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» 1° Deux divisions de gendarmerie nationale, l'une à cheval, l'autre à pied;

» 2o Deux bataillons d'infanterie légère;

3 Trois régimens d'infanterie de ligne.

» La division de gendarmerie nationale à cheval formerait un corps de neuf cent douze hommes, y compris les officiers, ci......

D

» La division de gendarmerie à pied formerait un corps de neuf cent douze hammes, y compris les officiers..

912

9.12

» Chaque bataillon d'infanterie légère composerait ́ un corps de huit cent onze hommes, en ý comprenant les officiers; total pour les deux bataillons..... 1622 Chaque régiment d'infanterie de ligne formerait un corps composé de mille huit cent soixante-dixhuit hommes, y compris les officiers; total pour les trois régimens.....

» Plas, cent vingt-six canonniers attachés aux six bátaillons des trois régimens d'infanterie de ligne...

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126

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>> Dont trois cent seize officiers.

» Plus, six officiers, commissaire, chirurgien, etc., sécrétaire attaché à l'état-major général....

......

» Différence entre la troupe soldée de Paris et celle de la nouvelle formation : de moins dans la nouvelle formation, dont quarante-deux officiers.....

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»Vos comités vous proposeront de renvoyer au comité militaire et des pensions pour vous présenter un projet de réglement sur les pensions et retraites des réformés, et de ceux qui voudront se retirer à l'instant de la première for

mation.

»J'ai l'honneur de vous observer, messieurs, qué la formation quant aux officiers, au nombre des bataillons, des compagnies dans les bataillons d'infanterie légère et dans les régimens de ligne, est la même que celle que vous avez déjà décrétée pour les troupes de même arme; mais le nombre des grenadiers et chasseurs est plus considérable, parce que la composition actuelle de la garde soldée est plus 'forte que celle des troupes de ligne, et que, la prenant au service de la nation, vous devez vouloir récompenser également tous ceux qui le méritent; mais vos comités vous proposent qu'à mesure de la consommation des hommes on ne remplace pás les places vacantes, afin de ramener successivement les nouveaux corps à la composition des corps semblables qui font partie de l'armée française.

*Il est aussi de la justice de l'Assemblée, et plusieurs dè

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