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de soldats; qui recueillera ceux qui, sortis inopinément du service pendant la révolution, sont exposés à un dénuement aussi cruel pour eux qu'alarmant pour notre tranquillité; cette institution, qui n'exposera pas la liberté, et dont le succès pourrait même avec le temps nous donner la possibilité de réduire encore l'armé active, coûtera annuellement en temps de paix 5,400,000 livres, c'est-à-dire environ le seizième des frais de l'armée active, en nous donnant la faculté d'augmenter sa force de deux cinquièmes.

Après ces dispositions, messieurs, sur l'armée de ligne et sur les auxiliaires, le service que dans un moment de péril extraordinaire l'État pourrait obtenir de l'institution des gardes nationales a fixé l'attention de vos comités.

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» L'Assemblée a déjà adopté quelques principes sur la nature de cette institution; mais son organisation n'est point encore décrétée, et il est instant de s'en occuper.

» Appelés dans une circonstance extraordinaire à vous présenter promptement des mesures de sûreté, vos comités n'ont pas dû entreprendre un travail de cette étendue; la préparation eût pu exiger un temps considérable; la discussion qu'il aurait entraîné dans l'Assemblée aurait pu suspendre des mesures sur lesquelles il est à désirer que l'opinion ne soit pas long-temps incertaine.

» Nous nous sommes donc bornés, sur l'organisation générale des gardes nationales, à une disposition préparatoire qui en facilitera le travail, et qui pressera surtout l'époque de l'exécution effective des décrets qui auront été rendus; mais nous en avons détaché dès à présent une partie importante applicable à tous les modes d'organisation, et essentiellement liée aux circonstances qui nous occupent; je veux dire le mode suivant lequel les gardes nationales pourront être em→ ployées dans des momens de guerre au service de l'État.

>> Tous les citoyens actifs sont gardes nationales depuis l'âge de dix-huit ans jusqu'à celui de cinquante; il n'est donc pas possible que les corps entiers puissent servir et sortir de leurs foyers; ils ne peuvent, si je puis m'exprimer ainsi, marcher que par extrait, et il est nécessaire d'établir un mode suivant

lequel le choix pût s'opérer et le corps s'organiser au moment où la patrie en danger invoquerait leur secours.

La volonté libre des individus, 'et dans le cas de concours le choix des camarades, peuvent seuls déterminer ceux qui seront employés à ce service honorable,

>>> Les divisions des corps nous ont paru être marquées par le canton et le district; nous avons pensé que la garde nationale de chaque canton pourrait fournir une compagnie de volontaires du nombre de trente jusqu'à cinquante hommes, en raison de la population; que les compagnies de canton réunies devraient former un bataillon par district.

» Vous adopterez sans doute, en organisant la garde natio¬ nale, ces divisions de district et de canton; avec assez d'étendue et de consistance pour donner l'ensemble et l'har◄ monie aux mouvemens des gardes nationales, elles ne présentent ni le chaos d'une organisation par petites municipalités, ni les dangers politiques et les inconvéniens attachés à l'éloignement des lieux, qui résulteraient d'une organisa¬ tion par département.

» Il me paraît, messieurs, que ces divisions sont parfaitement applicables à l'institution momentanée de volontaires destinés à être mis en activité dans les momens de danger.

»Un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant et quatre caporaux commanderont la compagnie; un chef de bataillon et un lieutenant-colonel commanderont le bataillon, auquel il sera attaché un adjudant-major,

» Chaque compagnie de volontaires élira ses officiers; le bataillon entier élira ceux qui doivent commander tout le bataillon.

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Le volontaire recevra quinze sous de solde: cette paie, ira en croissant de grade en grade, mais dans la progression la plus modérée.

» Le service des volontaires sera déterminé par un réglement particulier; ils ne pourront être mis sur pied que d'après un décret du Corps législatif. Leur service fini, avec les circonstances qui l'auront rendu nécessaire, ils rentreront dans les gardes nationales sans y conserver aucune distinction.

» Cette institution ne tend point et ne saurait conduire à introduire deux classes dans les gardes nationales; elle a seu̟

lement pour objet de s'assurer le nombre d'hommes nécessaire dans le moment où l'Etat aurait besoin d'employer leur secours. Elle nous donnera la certitude de pouvoir appuyer les troupes régulières par une force capable de contenir dans l'intérieur tous les mécontens, et de repousser loin de nous toutes les agressions; elle accroîtrait nos moyens, si elle était mise tout entière en activité, d'une masse de force de plus de deux cent cinquante mille hommes.

» Telles sont, messieurs, les mesures que vos comités m'ont chargé de vous proposer: elles sont celles qu'on devait soumettre plus tard à votre délibération, et que les circonstances n'ont fait qu'accélérer: elles sont simples, d'une exécu tion facile; elles présentent des moyens vastes qui ne sont pas achetés par de grands sacrifices; elles ne nuisent point aux fortunes particulières en arrachant les citoyens à l'agriculture, à leurs foyers, à leurs affaires, à leurs travaux; elles ne nuisent point à la fortune publique en diminuant le produit des richesses nationales, qui ne se forment que du résultat de l'industrie, du travail de tous les citoyens ; ces mesures ne présentent point les dangers de ces moyens extrêmes que l'inquiétude du patriotisme peut enfanter, mais que la réflexion ne saurait accueillir; de ces moyens qui, mettant en mouvement des forces immenses sans destination, exposent l'Etat aux frais ruineux, et même aux dangers de leur inactivité; et cependant, messieurs, après les avoir prises ces mesures, jetez un coup-d'œil sur l'ensemble de l'empire, et voyez le spectacle qu'il vous présentera à l'ouverture du printemps, c'est-à-dire, au moment où l'on pourrait commencer des opérations de guerre.

» D'un côté vos colonies: des commissaires sont envoyés; les moyens de persuation ramèneront la paix parmi des citoyens que l'erreur a pu égarer, mais que la patrie et l'intérêt commun solliciteront également de faire cesser des divisions funestes; des troupes, des moyens de force appuieront la raison et la justice, et vos colonies, sauvées par elles des troubles qui les agitent, seront par elles à l'abri de toute attaque, de tout danger.

Si vous jetez les yeux sur la France, vous serez également rassurés par les moyens de force publique qui s'offriront à

vos regards : l'armée, à ce moment entièrement organisée, présentera des cadres dans lesquels, au besoin, le premier signal fera entrer cent mille soldats, qui en porteront la force au niveau des puissances les plus formidables. Si de pareils moyens ne suffisaient pas, une seule volonté, un seul décret du corps législatif mettra sur pied près de trois cent mille hommes de gardes nationales, de ces hommes qui depuis le commencement de la révolution ont prouvé qu'il n'était pas de fatigue qui pût rebuter, de danger qui pût intimider ceux qui veillent, ceux qui combattent pour la liberté; de ces hommes qui ont prouvé qu'il n'y avait pas de sacrifices qu'ils ne sussent faire à cet inestimable bien, et qui prouveraient s'il le fallait qu'ils savent mourir pour le défendre!

» C'est ce tableau, messieurs, que nous avons cru qu'il était de notre devoir de vous présenter, de présenter à la nation entière, pour qu'elle vit, qu'elle reconnût dans tous les momens que notre sollicitude n'est pas ralentie, qu'elle veille sur sa sûreté; pour que la confiance naisse des moyens que vous aurait indiqués votre inquiète prévoyance; pour que ces moyens, aussi redoutables par leurs effets qu'ils auront été paisibles par leur intention, puissent faire cesser enfin de sacriléges résistances, soumettre à la volonté nationale ceux que de vaines espérances ou des regrets plus vains encore éloignent de la soumission, et prouver à tous que, résolus de maintenir la Constitution que nous avons jurée, nous combattrons sans relâche cenx qui voudront la troubler au-dedans, ceux qui voudront l'attaquer au-dehors; aucun sacrifice ne nous coûtera pour faire échouer leurs projets coupables, et nous ne leur accorderons aucune trève avant que la nation, délivrée de leurs intrigues et de leurs menaces, puisse enfin recueillir tranquillement les fruits de sa persévérance et de son courage!

» Voici, messieurs, le projet de décret que les membres de vos trois comités ont unanimement adopté, et qu'ils m'ont chargé d'avoir l'honneur de vous présenter. »

Les termes du décret présenté par M. Lameth étaient conformes aux dispositions contenues dans le rapport. Après une légère opposition des membres du côté droit, et

dans la même séance, l'Assemblée adopta sans aucun changement la partie de ce projet portant organisation d'une réserve de cent mille auxiliaires nationaux ayant au moins dix-huit ans et pas plus de quarante : quant à la partie re/lative aux gardes nationales volontaires, elle fut ajournée.

S IV. Organisation des gardes nationales.

(Voyez plus haut le rapport sur la force publique, principalement la section IV, page 16.)

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Les députés de la nation venaient d'être convoqués pour réparer les désordrés et les dilapidations des agens du gouvernement; respectueux envers l'autorité suprême, mais fidèles à leur mission, ils prononcent les mots destruction des abus, liberté, félicité publique... Le despotisme s'en effraie, et bientôt le sanctuaire de la volonté nationale est viole. L'héroïque serment du jeu de paume vient ajouter aux alarmes de la tyrannie. Une séance royale avait été annoncée; elle a lieu, et produit un effet contraire à celui qu'en attendaient ses auteurs: elle reste célèbre cette séance nommée royale, mais c'est par la noble conduite des députés des communes. Le despotisme irrité d'un si beau courage, tente de nouveaux efforts, il s'appuie du criminel secours des baïonnettes, il déploie contre la nation tout l'appareil de la guerre.

C'est vainement que Mirabeau tonne contre les excès d'une soldatesque gorgée d'or et de vin, qui prédit dans ses chants impies l'asservissement de la France; c'est vainement que l'Assemblée nationale fait parvenir au roi ces adresses sublimes et respectueuses qui réclament de sa bonté le renvoi des satellites et l'appel des gardes bourgeoises trompé, trahi par ses agens, le prince reste sourd aux cris du peuple, aux prières de ses représentans...... Mais la voix de Mirabeau, mais les vœux de l'Assemblée ont été entendus des fils de la patrie; ils sont armés, la Bastille est prise, le despotisme est vaincu, et l'histoire s'enrichit de la journée du 14 juillet 1789.

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