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faisantes qui sont le fruit de la nouvelle Constitution et qui doivent faire le bonheur du soldat, cette discipline exacte sans laquelle il n'est pas de véritable force militaire, et sans laquelle les armées, cessant d'être utiles au-dehors, deviennent bientôt redoutables à la tranquillité du dedans.

» La nouvelle organisation militaire rendra l'armée française aussi imposante pour nos ennemis que rassurante pour les citoyens ; ces troupes, que l'honneur a toujours animées, et qui trouvent aujourd'hui un nouveau principe de valeur dans le patriotisme qui les enflamme, surpasseront l'espérance des citoyens quand une organisation bien entendue. donnera le développement le plus avantageux à leurs forces et à leur courage, quand des lois militaires sages et ponçtuellement exécutées dirigeront vers le bien commun tous les sentimens généreux par lesquels elles sont mues.

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» Hâtez-vous donc, messieurs, pour l'avantage de l'armée et pour le salut de la patrie, d'achever ces lois militaires dout les premières ont été reçues comme autant de bienfaits, et dont celles qui doivent succéder vous sont demandées avec l'ardeur d'un zèle qui brûle d'être utile et de servir son pays! Que les militaires connaissent exactement les biens dont ils doivent jouir et les devoirs qui leur sont imposés ; qu'ils les connaissent, et la soumission la plus profonde, et l'exécution la plus ponctuelle prouvera que la véritable liberté est amie de l'ordre, et que le patriotisme est dans tous. les états le principe certain de l'accomplissement des devoirs.

>> S'il est vrai que quelques dangers nous environnent; s'il est vrai que les ennemis de la chose publique cherchent à fomenter des divisions au-dedans, qu'ils y trament des complots criminels; s'il est vrai, comme on l'annonce, que des ligues au-dehors, des entreprises perfides menacent notre Constitution naissante et semblent vouloir étouffer dans son berceau la liberté de l'univers, hâtons-nous de donner à nos forces militaires cette énergie et cette impulsion qui ne peuvent être que les résultats d'une organisution sagement combinée; avantages que rien ne peut balancer, et qui seuls peuvent assurer le succès des armées; hâtons-nous donc de les procurer à l'armée française pour ne pas exposer la va

leur des généreux militaires qui la composent à essuyer des revers pour la première fois qu'ils combattraient véritablement pour la patrie et la liberté!

» Les idées que nous vous proposons, messieurs, ont été long-temps discutées avec des militaires expérimentés; les légères modifications que nous apportons aux idées du ministre de la guerre ont été particulièrement l'objet de cet examen et ont été presque unanimement adoptées; toutes tendent à augmenter la force de l'armée soit par le nombre des individus, soit par la formation des corps, sans en augmenter la dépense. Nous les présentons à votre délibération avec la confiance que nous inspirent la réputation des militaires qui ont coopéré à notre travail et la puissance des motifs qui nous ont déterminés, et, dans le cas où elles essuieraient des oppositions, ces motifs vous seront développés dans le cours de la discussion avec plus d'étendue que n'a pu me le permettre l'extrême brièveté du temps que j'ai eu pour faire un travail aussi difficile par la multiplicité des objets que j'ai eu à mettre sous vos yeux. »

La discussion s'ouvrit aussitôt sur le projet de décret présenté par M. A. Lameth; elle fut long-temps soutenue contradictoirement par les généraux et officiers que l'Assemblée comptait parmi ses membres; plusieurs d'entre eux proposèrent de nouveaux projets: MM. d'Ambly et Du Châtelet, s'appuyant d'une expérience de plus de quarante années dans la carrière des armes, s'élevèrent contre les innovations proposées. MM. Bureaux-Puzy, Custine et Larochefoucault-Liancourt voulaient que, par respect pour l'initiative royale, l'Assemblée s'abstîut de délibérer sur la partie mécanique de l'organisation de l'armée (1): le rapporteur combattit cette objection en faisant observer qu'il était indispensable que l'Assemblée connût le nombre des individus de chaque grade et la division générale de l'armée pour en voter les dépenses, et cet argument qui parut sans réplique, se trouvait encore fortifié par le préambule du projet : « l'Assemblée nationale, délibérant sur le plan d'organisation de l'armée qui lui a été présenté de la part

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(1) Voyez tome IV, page 181, le décret du 28 février 1790; il détermine tous les points législatifs sur lesquels le Corps législatif doit délibérer relativement à l'armée.

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» du roi parle ministre de la guerre, et après avoir entendu » son comité militaire, etc. » L'Assemblée prit en effet pour base de ses délibérations le plan arrêté par le roi; mais elle admit la plupart des modifications proposées par son comité, accueillit quelques amendemens produits pendant la délibération, et, du 31 juillet au 18 août 17590, elle statua sur le nombre d'hommes dont se composerait l'armée pour l'année législative, sur le nombre de soldats étrangers qui en feraient partie, sur les appointemens fixés pour chaque grade, sur la somme totale des dépenses, etc. (1) Elle décréta successivement, sur la proposition de son comité militaire (2) et presque sans discussion, tout ce qui devait compléter l'organisation de l'armée, qu'elle termina le 9 mars 1791 par le décret réglementaire sur le recrutement et les engagemens : ce décret, conséquence de celui du 16 décembre 1789 (voy. tom. I, pag. 142), est le seul qui laissât encore dans la nouvelle organisation un des vices de l'ancienne en consacrant l'engagement volontaire par recruteurs, espèces d'hommes souvent la'honte de l'armée et toujours l'effroi des familles : ce n'est pas que l'Assemblée constituante n'eût aperçu les dangers d'un mode justement proscrit aujourd'hui; «une conscription » nationale comprenant la seconde tête de l'empire et le » dernier citoyen actif» avait déjà trouvé des partisans dans son sein; mais la majorité se laissa entraîner par l'apparente liberté dont ce mode cache les piégès qu'il tend à la jeunesse et à l'inexpérience. Du reste on applaudira toujours au travail admirable et tout--åfait neuf que cette Assemblée a laissé sur l'avancement, à ses dispositions bienfaisantes sur les retraites ; et c'est aussi par ces deux points que nous terminerons le présent paragraphe; mais nous transcrirons auparavant un rapport sur une question

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(1) Par son décret du 18 août 1790, l'Assemblée nationale porta l'armée active, pour l'année 1791, cent cinquante mile huit cent quarante-huit hommes, dont cent dix mille quatre cent quatre-vingt-cinq d'infanterie, trente mille quarante de cavalerie, dix mille cent trente-sept d'artillerie et de génie ; — les troupes étrangères, qui faisaient partie de ce nombre, ne pouvaient excéder vingt-six mille hommes; la dépense totale de l'armée était de 88,700,000 livres, La réserve auxiliaire de cent mille hommes, demandée par le ministre, jugée trop forte dans le rapport cidessus (page 97), mais bientôt nécessitée par les événemens, fut décrétée le 28 janvier 1791; voyez plus haut, page 51, le rapport fait à ce sujet par M. A. Lameth.

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(2) Membres du comité militaire. MM. Alexandre Lamoth, president; Broglie, secrétaire; Bouthillier, Bureaux-Pazy, Beauharnais, Noailles, Emmery, Menou, Dubois-Crancé, Wimpfen, Rostaing, Chabroud."

abordée plus haut par M. Lameth (pag. 110), relatiyement au génie, à l'artillerie et aux mineurs.

RAPPORT sur la réunion projetée des corps du génie, de l'artillerie et des mineurs, fait au nom du comité militaire par M. Bouthillier. (Séance du 9 septembre 1790.)

« Messieurs, lorsque le comité militaire a eu l'honneur de vous faire le rapport du plan d'organisation de l'armée présenté par le ministre de la guerre, il vous a rendu compte des difficultés qui s'étaient élevées relativement aux deux corps de l'artillerie et du génie. L'opinion de votre comité à ce sujet n'était pas fixée alors; il n'a pas cru pouvoir se permettre de vous en présenter aucune, et en se bornant à vous assurer que leur dépense (quelque parti que vous puissiez prendre à leur sujet) n'excéderait pas la somme de 5,204,564 livres, pour laquelle ils étaient portés dans le plan du ministre, il vous a demandé l'ajournement de cette partie du plan, qu'il n'était pas alors en état de soumettre à votre discussion : vous en rendre compte de nouveau et vous mettre à même de prononcer sur les difficultés qu'elle présente est l'objet de ce rapport.

» Réunira-t-on les mineurs au corps du génie en les enleyant à celui de l'artillerie, dont ils font partie en ce moment, conformément au plan du ministre de la guerre?

» Réunira-t-on les deux corps de l'artillerie et du génie, totalement séparés aujourd'hui, pour n'en faire plus qu'an seul à l'avenir, ainsi qu'il a été proposé par plusieurs officiers de ces deux corps?

Telles sont les deux questions importantes qu'il est indispensable de soumettre préliminairement à votre discus

sion.

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Le génie, affligé de l'espèce d'oisiveté à laquelle ses-talens se trouvent souvent condamnés, avait réclamé une troupe directement attachée à sa suite, et dont les bras, secondant son zèle, pussent le mettre à portée d'entreprendre davantage, et avec plus de certitude de succès, en réunissant plus de moyens inhérens à lui pour exécuter. Le ministre en con

séquence dans son plan avait proposé de lui réunir le corps des mineurs, faisant aujourd'hui partie de l'artillerie.

» Le corps de l'artillerie de son côté avait réclamé contre cette disposition: pour appuyer ses réclamations il invoque la nature du service des mineurs, qui a pour but les mêmes effets destructeurs que le tir des bouches à feu, les rapports nécessaires qu'ils ont ensemble par leurs moyens de détruire, et en outre la possession longue et assurée dans laquelle il est de voir ce corps distingué faire partie du sien depuis long-temps.

» Si les deux corps de l'artillerie et du génie, dont la rivalité jusqu'ici n'a toujours consisté qu'à se surpasser s'il était possible l'un et l'autre en talens, semblent annoncer dans ce moment des prétentions opposées, le zèle dont ils sont également animés en est la source commune: l'un veut conserver afin de ne perdre aucun de ses moyens de servir avec distinction; l'autre ne veut acquérir que pour se procurer des ressources pour servir encore davantage et avec plus d'utilité. L'embarras de les accorder a fait croire que la réunion de deux corps également distingués, dont l'éducation première doit être à peu près pareille, et dont les services mêmes se trouvent si souvent en rapport à la guerre, pourrait parer à toutes ces difficultés. Sans être retenus par le peu de succès qu'avait eu cette opération, déjà tentée en 1755, et à laquelle on avait été forcé de renoncer en 1758; sans être arrêtés par la diversité d'opinions à ce sujet, plusieurs officiers également distingués dans chacun de ces deux corps ont pensé qu'en adoptant un autre mode de réunion, en ne la faisant qu'éventuellement, et en laissant toujours marcher l'artillerie et le génie sur deux lignes différentes qui sépareraient leurs fonctions respectives, il en résulterait un avantage réel pour le service, sans aucun des inconvéniens qui avaient été en 1755 la suite d'une réunion trop subite. C'est dans cet esprit de conciliation que ce projet vous a déjà été présenté comme un aperçu possible par votre comité militaire.

» Pour vous mettre en état de prononcer aujourd'hui, quatre questions doivent être soumises à votre discussion.

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