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chez des puissances étrangères jalouses de notre corps d'artillerie, et qui, manquant de ces talens précieux, y mettraient le plus haut prix, et feraient servir contre la France une pratique éclairée, une éducation militaire qui a coûté beaucoup à la nation. Nous avons pensé, messieurs, qu'il suffisait de vous soumettre ces réflexions pour vous faire rejeter surle-champ une mesure aussi fâcheuse pour des hommes qui méritent autant d'intérêt que les lieutenans en troisième de l'artillerie.

» Le nombre des inspecteurs - généraux de l'artillerie est de dix. Le plan du ministre les réduit à six, et comme cette réduction rend impossible le service de ces officiers généraux, qui était déjà très-difficile, vu leur âge avancé et vu l'étendue de leurs fonctions, puisqu'ils doivent inspecter annuellement les troupes de l'artillerie, toutes les places de guerre et les établissemens relatifs à ce service, le ministre pour les suppléer porte jusqu'à douze les commandans d'écoles qui ne sont que sept; ce qui fait un officier général de plus dans les deux premiers grades réunis. Le double emploi pour les mêmes fonctions serait un des moindres inconvéniens de ces changemens.

>> Il se trouve aujourd'hui vingt-deux directions pour l'artillerie de toutes les places du royaume, celle de Corse comprise le ministre en réduit le nombre à seize; mais indé-` pendamment de la trop grande étendue que cette réduction donnerait à la surveillance de chaque directeur, il en est résulté dans le plan du ministre la nécessité d'ajouter un officier supérieur à chacune des nouvelles directions.

» Ainsi dans l'ordre actuel il existe vingt-deux colonels directeurs et vingt-trois lieutenans-colonels sous-directeurs ; total quarante-cinq officiers supérieurs pour les directions: le plan du ministre propose seize colonels directeurs et trente-deux lieutenans-colonels sous-directeurs; total, qua- · rante-huit officiers supérieurs pour le même service ; la différence est donc de trois officiers supérieurs en plus dans le plau du ministre. Ce même plan réduit à trente les soixantedeux capitaines en premier attachés aux places de guerre : sans doute la suppression d'une partie des forteresses néces

sitera celle des capitaines qui y sont fixés; mais cette suppression ne peut être effectuée que par extiuction, puisqu'ils ont fait une sorte de traité avec l'État en acceptant ces places, et que leur pension de réforme équivaudrait pour le plus grand nombre aux appointemens dont ils jouissent

en ce moment.

» Le plan du ministre réduit à sept les neuf compagnies d'ouvriers, lorsque la distribution de ces compagnies dans les parcs des différentes années suffit à peine aux besoins du service; ce qui amène d'ailleurs une réforme de huit officiers et cent soldats ouvriers, espèce d'homme précieuse qui ne se forme qu'avec beaucoup de temps et de soins, et qu'on retrouverait difficilement au moment de la guerre.

» Enfin le plan du ministre sépare du corps de l'artillerie les compagnies des mineurs pour les donner au corps du génie. Les officiers d'artillerie et ceux des mineurs réclament contre cette décision, qui devait être au moins et pourtant n'a pas été précédée d'une discussion contradictoire : l'officier général qui commande ces mineurs avait exposé des principes qui avaient porté le ministre à ne pas séparer les mineurs du corps de l'artillerie, et telle était leur destination dans le plan que le ministre avait adressé le 28 mai dernier au comité militaire : il les attache au corps du génie suivant le nouveau plan adopté par le roi le 7 juillet; mais il n'a exposé aucun nouveau motif pour appuyer cette décision.

» Peut-être doit-on regarder cette prétention réciproque des deux corps de l'artillerie et du génie sur les mineurs comme l'occasion précieuse d'un projet de réunion entre ces deux corps. Ce projet a paru d'une grande importance à votre comité sous les rapports du service et sous ceux de l'économie; votre comité a réuni vingt officiers des deux corps et plusieurs officiers généraux et particuliers, et après plusieurs séances, la très-grande majorité a conclu que cette réunion serait économique, féconde en avantages, et praticable suivant un mode qui conserverait aux plus anciens officiers des deux corps leurs fonctions habituelles : le ministre a prononcé qu'il voyait trop d'inconvéniens dans ce projet. Cependant votre comité pense qu'il est de son devoir

de suivre cette idée importante avec toute l'attention et la prudence qu'elle exige pour mettre l'Assemblée en état de statuer ce qu'elle jugera de plus convenable; MM. Thiboutot et Puzy, chargés des rapports sur l'artillerie et sur le génie, vous développeront les principes et les conséquences de cette grande opération (1).

Et, soit d'après leur opinion, soit d'après un examen ultérieur si vous l'ordonnez, vous serez à même de statuer sur un objet qui intéresse de la manière la plus essentielle la force et les succès de l'armée. Il nous suffit aujourd'hui de vous assurer que, quelque parti que vous preniez, la somme de 4,277,358 liv., portée dans le compte du ministre pour les dépenses de l'artillerie, ne sera pas outrepassée.

No VIII.-Génie.

>> Le numéro VIII présente un tableau de la formation et des dépenses du corps du génie. Je vais vous donner connaissance, messieurs, des changemens que le plan proposé apporterait à la composition actuelle.

» Le corps du génie, depuis l'ordonnance du mois de décembre 1776, est composé de treize directeurs des fortifications, qui avaient le rang de brigadiers du moment de leur promotion à la place de directeurs; le surplus du corps du génie était de trois cent seize officiers divisés en vingt-une brigades composées chacune d'un colonel, d'un lieutenantcolonel, d'un major, de quatre capitaines en premier, de cinq capitaines en second et de trois lieutenans, plus un officier dont l'avancement était borné au grade de lieutenantcolonel, et dont les fonctions étaient de surveiller l'entretien de la galerie des plans en relief.

» Ces vingt-une brigades étaient réparties dans les différentes directions selon les besoins du service, et ces mêmes besoins exigeaient souvent que des officiers d'une brigade en fussent tirés soit pour pourvoir au service des colonies, soit pour suppléer aux besoins extraordinaires du service dans les différentes directions.

» De là il résultait que la division du corps du génie par

D

(1) Voyez ci-après le rapport fait sur cette question, par M. Bouthillier.

brigades était une disposition parfaitement illusoire, puisque constamment il était inévitable de l'altérer; au moyen de quoi le comité ne voit nul inconvénient à l'abandonner comme le fait le ministre.

» La même ordonnanee de 1776 exigeait que les sujets sortis de l'école du génie fussent successivement attachés à la suite des écoles de l'artillerie et à la suite de l'infanteric pour y prendre une connaissance détaillée du service de ces différentes armes. Les inconvéniens de cette disposition, dont le premier aperçu était fait pour séduire, ne tardèrent pas à se faire remarquer; ils isolaient de jeunes officiers et les enlevaient à la surveillance inimédiate et paternelle de leurs chefs naturels; ils interrompaient le cours de leur instruction, et les exposaient à perdre pour long-temps, peut-être même pour toujours, le goût de l'application nécessaire dans ce métier.

» La foule des sujets qui se présentaient au concours pour être admis dans le corps royal du génie, malgré l'extension faite à l'instruction exigée des candidats, malgré la sévérité croissante des examens, malgré la réduction des places d'élèves, détermina le ministère à autoriser l'accroissement des surnuméraires, qui, dans ce moment, sont au nombre de quarante-sept, ce qui porte le pied actuel du corps du génie à trois cent soixante-seize officiers, au lieu de trois cent vingt-neuf qu'indique l'ordonnance. Le ministre réunit les mineurs au corps du génie, et comme ce premier corps est dans l'état actuel de trente-deux officiers, il s'ensuit que les deux corps réunis sont de quatre cent huit officiers, que le ministre réduit à trois cent dix; par conséquent la réforme est de quatre-vingt-dix-huit officiers: cette réforme paraît bien forte, surtout si l'on considère que tous les emplois dans les deux corps sont le prix d'études longues et pénibles et d'une dépense considérable faite avec incertitude absolue du succès.

» Toutes les réflexions que j'ai eu l'honneur de vous présenter à l'égard de l'artillerie s'appliquent également au corps du génie, et je dois me borner à vous assurer, comme je l'ai fait à l'article précédent, que quelque parti que vous

preniez, la somme de 951,520 livres demandée par le ministre ne sera pas dépassée.

No IX. Dépenses, accessoires.

» Le numéro IX présente un état général des dépenses accessoires du département de la guerre.

>> Cet état, messieurs, a déjà été scrupuleusement examiné dans votre comité; mais les détails en sont si nombreux et si compliqués, et les dépenses qu'il renferme sont tellement subordonnées aux dispositions ultérieures que vous arrêterez sur les divers rapports qui vous seront faits, qu'il serait impossible de vous offrir aujourd'hui un résultat exact et invariable sur cet objet. En effet, messieurs, și vous jetez les yeux sur le tableau qui vous est présenté par le ministre vous apercevrez sur-le-champ les relations intimes que les diverses parties de dépenses qui y sont portées ont avec toutes les parties de l'organisation générale; vous concevrez que les frais des étapes, convois militaires et rassemblemens annuels, portés dans ce compte à 1,500,000 liv., seront considérablement diminués si vous déterminez que les garnisons seront permanentes; que les états-majors des places, réduits à 800,000 liv., pourront peut-être l'être encore davantage d'après le travail qui vous sera présenté sur la conservation ou la destruction des places de guerre; que les travaux de l'artillerie, ceux du génie et les bâtimens militaires, portés à 5,400,000 liv., sont également subordonnés à ce travail, et peuvent encore éprouver une réduction par la réunion des deux corps du génie et de l'artillerie; que les dépenses des invalides et récompenses militaires dépendent des dispositions que vous arrêterez à cet égard, et que des changemens dans le régime actuel pourraient apporter encore des diminutions dans les dépenses; qu'enfin la connétablie et la maréchaussée, portées à 4,778,000 liv., dont l'une, la connétablie, sera probablement supprimée, et l'autre, la maréchaussée, pourra être modifiée, peut-être même remise aux départemens, éprouveront aussi des réductions ou modifications. Vous voyez d'après ces observations, messieurs, qu'il est impossible de vous offrir dans ce moment un état.

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