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NOTE (Page 130).

A propos de ces deux vers:

Courage, enfant déchu d'une race divine !
Tu portes sur ton front ta céleste origine.

M. Villemain a déjà remarqué qu'il y a de nombreux rapports entre les Méditations de M. de Lamartine et les Hymnes de Synésius. Il est impossible en effet de n'être pas frappé des ressemblances qu'offrent souvent les vers des deux poëtes. En voici quelques exemples:

Θεὸς ἐς θνητὰ δεδορκώς. 1, 99.

L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.

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Vers cet être inconnu, mon principe et ma fin.
Prem. Médit. L'Immortalité.

Dans le sein de Dieu, ta source et ta patrie,

Affranchi pour jamais de tes liens mortels,
Vas-tu jouir enfin de tes droits éternels ? Id. Id.

Χώπόσα πάσας

Στέρεται πνοῖας
Απὸ σῶν κόλπων

Δρέπεται συνοχάν...

Οθεν ὁ ζωᾶς

Οχετός προρέων

Φέρεται μέχρι γᾶς

Atà σãç àλxáç. IV, 193 et sqq.

Tout l'univers subsiste à l'ombre de sa main;
L'être à flots éternels découlant de son sein,
Comme un fleuve nourri par cette source immense,
S'en échappe, et revient finir où tout commence.

Prem. Médit. Dieu.

Dans le rhythmè même, aussi bien que dans le fond des idées, on peut saisir des analogies :

Encore un hymne, ô ma lyre,
Un hymne pour le Seigneur;
Un hymne dans mon délire,

Un hymne dans mon bonheur.

Harmonies. Encore un hymne.

Πάλι φέγγος, πάλιν ἀὼς,

Πάλιν ἁμέρα προλάμπει

Μετὰ νυκτίφοιτον ὄρφνάν.

Πάλι μοι λίταινε, θυμέ. ΙΙ, 1.

Combien d'autres passages encore qui révèlent, chez le poëte français, les mêmes inspirations que chez son devancier !

Salut, principe et fin de toi-même et du monde,

Toi qui rends d'un regard l'immensité féconde,

Ame de l'univers, Dieu, père, créateur:

Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur;

Et sans avoir besoin d'entendre ta parole,

Je lis au front des cieux ton glorieux symbole :
L'étendue à mes yeux révèle ta grandeur;
La terre, ta bonté; les astres, ta splendeur.

Prem. Médit. La Prière.

De tes perfections qu'il cherche à concevoir,
Ce monde est le reflet, l'image, le miroir;
Le jour est ton regard, la beauté ton sourire;
Partout le cœur t'adore et l'âme te respire.
Éternel, infini, tout-puissant et tout bon,
Ces vastes attributs n'achèvent pas ton nom;
Et l'esprit, accablé sous ta sublime essence,
Célèbre ta grandeur jusque dans son silence.

Prem. Médit. L'Immortalité.

Gloire à toi dans les temps et dans l'éternité,
Éternelle raison, suprême volonté,
Toi dont l'immensité reconnaît la présence,
Toi dont chaque matin annonce l'existence.
Prem. Médit. L'Homme.

Chaque pas te révèle à l'âme solitaire;
Le silence et la nuit, et l'ombre des forêts,
Lui murmurent tout bas de sublimes secrets.

Et toute la nature est un hymne à ta gloire!
Nouv. Médit. La Solitude.

C'est ainsi qu'entre l'homme et Jéhovah lui-même,
Entre le pur néant et la grandeur suprême,
D'êtres inaperçus une chaîne sans fin

Réunit l'homme à l'ange et l'ange au séraphin;
C'est ainsi que peuplant l'étendue infinie,
Dieu répandit partout l'esprit, l'âme et la vie.

Nouv. Médit. L'Ange.

Sur les marches du trône où de la Trinité

Brille au plus haut des cieux la triple majesté... Id. Id.

On n'entendit alors que la sourde harmonie

Des sphères poursuivant leur course indéfinie;

Et des astres pieux le murmure d'amour,

Qui vient finir au seuil du céleste séjour. Id. Id.

Levons les yeux vers la colline

Où luit l'étoile du matin;
Saluons la splendeur divine
Qui se lève dans le lointain.

Cette clarté pure et féconde

Aux yeux de l'âme éclaire un monde

Où la foi monte sans effort.
D'un saint espoir ton cœur palpite :

Ami, pour y voler plus vite,

Prenons les ailes de la mort.

Nouv. Médit. Le Passé.

Il serait facile de multiplier les citations, mais il faut nous arrêter. Pour M. de Lamartine, comme pour Synésius, la poésie doit faire une étroite alliance avec la philosophie. M. de Lamartine ne s'est pas contenté de donner l'exemple; il a formulé la théorie : « La poésie et la métaphysique sont sœurs, ou plutôt » ne sont qu'une, l'une étant le beau idéal dans la pensée, » l'autre le beau idéal dans l'expression; pourquoi les séparer? » pourquoi dessécher l'une et avilir l'autre ? L'homme a-t-il » trop de ses dons célestes pour s'en dépouiller à plaisir? A-t-il >> peur de donner trop d'énergie à son âme en réunissant ces » deux puissances?» (La mort de Socrate, Avertissement.)

APPENDICE.

2101

J'ai essayé de classer dans un ordre chronologique les lettres de Synésius. Faute d'indications plus précises, souvent la comparaison des noms, des faits, le rapprochement de certains détails, quelquefois même des allusions, m'ont servi à fixer la date au moins approximative de chaque lettre. J'ai dû tenir compte aussi des différentes dispositions d'esprit que me paraissaient révéler quelques parties de cette correspondance. Je n'ai point la prétention d'avoir toujours bien deviné: mais j'espère que si toutes les dates ne sont pas certaines, elles sont au moins vraisemblables. Les lettres se suivent assez régulièrement, je crois, dans l'arrangement que je propose le lien n'en est plus brisé à chaque instant; et si l'ordre dans lequel je les ai distribuées peut en faciliter la lecture, je me tiens pour satisfait.

Ce travail comprend cinq colonnes dans lesquelles j'indique : 1° le nouveau numéro que je propose de substituer pour chaque lettre à l'ancien; 2° le numéro d'ordre qui y correspond dans l'édition du P. Pétau; 3° le nom de la personne à laquelle écrit Synésius; 4° le lieu d'où il écrit ; et 5o le lieu où réside la personne à laquelle il écrit. Pour ces deux dernières colonnes, quand je n'ai que des probabilités, je place le signe d'interrogation (?) à côté du nom du pays. Enfin dans les notes, mises au bas de la page, j'explique, aussi succinctement que possible, les raisons sur lesquelles j'appuie mon opinion.

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