Le Modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours

Cover
Editions du Seuil - 464 Seiten

À l'aube du XXIe siècle, la démocratie est à la fois triomphante et incertaine. L'évidence désormais universellement revendiquée de ses principes s'accompagne en effet d'une perplexité croissante sur les formes de son accomplissement. D'un côté, les hommes et les femmes aspirent à davantage de pluralisme et de décentralisation, à l'extension des contre-pouvoirs et à un contrôle des institutions démultiplié au plus près des réalités. De l'autre, ils expriment une demande accrue de politique et souhaitent la plus forte affirmation d'un lieu central dans lequel puisse s'exprimer et prendre forme une volonté commune efficace, conjurant le péril d'une "gouvernance sans gouvernement". Cet ouvrage éclaire les termes de cette question en reconsidérant l'histoire du cas français qui a constitué depuis deux siècles un laboratoire exemplaire de la tension moderne entre le particulier et le général, les corps intermédiaires et l'État.

Si le procès de la centralisation et du jacobinisme a mille fois été instruit depuis Tocqueville, il y a une autre histoire qu'il convient de prendre en compte pour saisir la marche effective des choses : celle des fortes résistances à ce jacobinisme. Car ce "modèle" n'a pas cessé d'être massivement dénoncé ou critiqué en même temps qu'il était généralement décrit comme dominant. Du même coup, il n'est pas resté figé dans sa forme native et s'est largement amendé. En resituant ainsi la prégnance de la culture politique illibérale hexagonale dans le cadre dynamique des épreuves et des contraintes auxquelles elle n'a cessé d'être confrontée, Pierre Rosanvallon est conduit à proposer une nouvelle interprétation d'ensemble du système français.

Autoren-Profil (2015)

Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique. Il est également directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et directeur du Centre de recherches politiques Raymond Aron.

Bibliografische Informationen