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de cette fcience qui n'eft autre chofe que la réunion des faits généraux, tant phyfiques que moraux, qui font immédiatement relatifs à l'homme, mais l'homme confidéré fous toutes les faces qui le rendent intéreffant à ses propres yeux; l'homme diftingué des autres efpeces par de glorieufes prérogatives; l'homme appartenant à une espece répandue fur la terre, & diftribuée en fociétés dont tous les individus agiffent en vue d'un commun intérêt; l'homme déployant fon industrie pour pourvoir à fes befoins & à fon bien-être par les arts de premiere & de feconde néceffité, s'occupant des objets de goût & s'élevant à la théorie des sciences; l'homme développant fon intelligence pour embraffer par fa pensée tout ce qui l'environne, & fe procurer des connoiffances vraies & certaines; l'homme exerçant fa liberté & fon activité felon certaines regles dictées par la nature & connues par fa raison; l'homme liant commerce avec fes femblables par le langage, & affujettiffant ce langage à une forme & une marche réguliere qui favorife la communication exacte de fes fentimens & de fa penfée; l'homme enfin s'égarant dans fes opinions fur fon origine, fa deftination & fur l'objet de fon culte, & ne

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pouvant fortir par lui-même de fon aveuglement; tels font les importans objets que l'Antropologie ou la fcience générale de l'homme devroit nous préfenter: science certaine dans fes énoncés, puifqu'elle a pour base l'hiftoire des faits obfervés, raffemblés, comparés, & ramenés à des résultats généraux; fcience de l'influence la plus étendue, puifqu'elle eft comme une fource commune où la plupart des autres puifent leurs principes, la clef qui fert d'introduction à leur intelligence, le noeud commun qui les lie, le point qui les réunit, dès-là même qu'elles doivent toutes être ramenées à l'utilité de l'homme. Quelle fcience plus digne d'être placée à la tête de toutes celles fur qui elle répand fa lumiere, ou dont elle fert à apprécier l'importance?

Dans les autres sciences, l'homme n'est jamais envifagé que fous certains points de vue particuliers: le Phyficien ne confidere en lui qu'un corps organifé, le Phyfiologifte un corps animé, le Métaphyficien un efprit pur, le Moraliste un être libre; fouvent encore ce dernier ne l'envisage que fous une partie de fes relations. Combien d'écrivains de morale qui en parlant de l'homme femblent même oublier qu'il eft un être

par

mixte, un compofé de deux fubftances dont l'influence réciproque eft un fait auffi certain qu'inexplicable pour nous, L'Antropologie feule confidere l'homme dans toutes les ties de fon être, fous tous fes rapports, tel qu'il eft réellement dans fon efpece, & par rapport à fa destination; toujours appuyée fur les faits, toujours guidée par le flambeau de l'expérience, elle ne court jamais le risque de confondre ce qu'eft l'homme avec ce qu'il n'eft point, & de prendre le change fur les vues qu'il doit remplir: mais on en concevra une idée plus jufte par le plan raifonné que nous en tracerons dans les Chapitres VI-X.

Les réflexions que nous avons faites dans ce Chapitre, ont eu pour but de dévoiler les défauts des fciences, même dans leur état actuel, & fur-tout leur infuffifance pour l'inftruction des jeunes gens. Dans les fuivants, nous allons indiquer ce qu'il y auroit à faire pour suppléer à ces défauts & à cette infuffifance,

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Moyens de fuppléer aux défauts des sciences, &particuliérement à leur infuffifance pour l'inftruction. Premier moyen; étude de l'antiquité, ou des origines primitives des chofes humaines.

LA

A méthode fynthétique n'eft point propre à étendre le cercle des connoiffances humaines; elle n'eft point celle qui convient à l'instruction des jeunes gens encore fans expérience. La meilleure méthode pour étendre les fciences, & pour les communiquer, eft de partir de la connoiffance des faits acquife par l'observation & l'expérience pour en tirer par induction des réfultats & s'élever à des énoncés généraux qui fervent de base au raisonnement, en disposant ces matériaux avec ordre, fans lacune & fans disparate, C'est ce qui a été mis dans un plein jour par plufieurs grands hommes de ces derniers temps, qui eux-mêmes nous ont donné dans leurs écrits les preuves les plus diftinguées de l'excellence de cette méthode pour inf truire, & communiquer aux autres des idées

vraies & lumineufes. Mais en fe renfermant, comme ils l'ont fait, dans le cercle de leurs propres obfervations ou de celles de leurs contemporains, ne peut-on pas dire qu'ils ont établi l'édifice de leur fcience fur une base trop refferrée encore pour fervir d'appui à tout le vafte ensemble des connoiffances humaines? Ne pourroit - on point avec la foule de fecours, de favans & de génies heureux dont ce fiecle abonde, embraffer un beaucoup plus grand cercle d'obfervations, de résultats, de principes lumineux, & établir une bafe plus étendue pour fonder fur elle un édifice de fcience plus vafte, plus régulier, & plus utile que tout ce que les fiecles précédens ont pu enfanter? Ne feroitil point temps de penser à la compofition de quelque ouvrage philofophique qui offriroit, non les systêmes des particuliers & des productions de cabinet, mais le précis de toutes les recherches, obfervations, expériences, réfultats, principes admis & répandus parmi les hommes, dans tous les lieux & les temps, rapprochés, liés, & réduits en une maffe, ou corps univerfel, qui, peut-être, feroit la feule vraie Encyclopédie, ou du moins la plus utile pour l'avancement des fciences, & fur - tout la plus propre à l'inftruc

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