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fuivi à cet égard la même marche que chaque homme fuit naturellement dans le développement de fes facultés & de fes opérations pour étendre & perfectionner fon intelligence; obfervation effentielle & fondamentale dans l'Anthropologie, & qu'il feroit aifé de vérifier par le rapprochement de cette feconde partie avec la troifieme, qui présenteroit l'analyse détaillée des facultés & opérations de l'intelligence humaine.

On ne manqueroit pas enfin dans cette partie, de faire remarquer la correspondance des progrès que les hommes ont fait en connoiffances, & de ceux qu'ils ont fait dans le langage à mesure que ces connoiffances fe font étendues & développées, & de justifier par-ci par-là les obfervations qu'on pourroit faire à cet égard par quelques étymologies, dont la preuve se trouveroit dans le Vocabulaire étymologique préfenté dans la cinquieme partie, comme nous le verrons ci-après.

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CHAPITRE IX.

Troifieme & quatrieme partie de l'Anthropologie: Noologie & Boulologie, Science de l'homme confidéré comme être penfant & voulant ou intelligent & moral.

POUR

OUR avoir une connoiffance exacte de l'homme, ce n'eft point affez d'avoir faifi les grands traits qui caractérisent fon efpece, il faut encore s'inftruire plus à fond & en détail de ce qu'il peut offrir d'intéressant tant pour l'intellectuel que pour le moral. Le troifieme objet de l'Anthropologie, & auquel on destineroit une troifieme partie, que nous appellons Noologie (de voos mens), feroit l'homme confidéré comme intelligent & développant fa penfée, pour embraffer & connoitre tout ce qui l'environne & l'intéreffe. Avant que d'en venir à l'analyfe approfondie des facultés & des opérations de l'ame humaine & à l'expofé des loix qui en réglent l'exercice pour la conduire à la connoiffance du vrai, on remonteroit d'abord aux premiers matériaux de la pensée, c'est-à-dire, à ces perceptions primitives qui entrent dans

l'ame originairement par la voie de la fenfation extérieure & intérieure, & ces diverses impreffions que les diverfes qualités des objets extérieurs font fur fa fenfibilité par le moyen des organes ordonnés comme inftrumens pour acquérir les élémens primitifs de toutes fes connoiffances.

Paffant de-là, fecondement, à l'examen des facultés que l'ame exerce fur ces premieres perceptions pour en former fucceffivement fes combinaisons idéales, on commenceroit par celles qui paroiffent dépendre le plus de l'organisation, celles de la reminiscence, l'attention, la mémoire, la contemplation, qui y retiennent & y fixent ces premiers matériaux, enfuite l'imagination dont l'activité & la force fervent à les lier & les affocier entr'eux; facultés dont l'exercice eft bientôt fuivi de celui d'autres pouvoirs qui paroiffent beaucoup moins dépendans du phyfique, & que l'ame déploie fur les mêmes matériaux pour les foumettre à diverfes combinaisons ou formes, & en tirer des connoiffances plus étendues & plus développées des objets. Telles font les facultés de compofer, décomposer, abftraire, analyfer, comparer, généraliser, au moyen desquelles l'ame fe forme des idées com

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plexes, tant individuelles que générales, genres ou efpeces, notions de fubftances, modes, relations, en les liant à diverfes expreffions appropriées à chacune d'elles, & d'un ufage abfolument indifpenfable dans le discours.

L'examen de ces diverfes facultés feroit fuivi, troifiémenient, de celui des diverfes opérations qui en dérivent, telles que la fimple penfée, le jugement qui rapproche les penfées pour les unir ou les féparer, le raifonnement qui rapproche les jugemens pour en faire fortir des conféquences, la réflexion énoncée par le difcours qui combine l'usage de toutes les précédentes, pour parvenir à la découverte du vrai fur les objets dont l'ame s'occupe, & par-là étendre & perfectionner fon intelligence.

A cela on joindroit, quatriémement, une espece d'échelle des degrés dont cette perfection eft fufceptible, & qui feroient exprimés par les dénominations fuivantes, entendement, raifon, talent, intelligence, difcernement, jugement, efprit, pénétration, fagacité, profondeur, génie, prévoyance, babileté, &c. &c.

On ne manqueroit pas, cinquièmement, de diftinguer avec foin les divers genres de connoiffances auxquelles l'homme peut at

teindre, qui varient felon les divers genres d'objets & felon les diverses facultés ou opérations que l'ame met en œuvre pour les connoître; ce qui conduiroit à rapporter à diverses branches diftinctes ces connoiffances avec les principes qui, pour chacune d'elles, doivent fervir de base & de guide aux procédés de l'intelligence: on y diftingueroit entr'autres celles qui font évidentes par elles-mêmes; celles qui font certaines par l'observation, le témoignage, l'analogie; celles qui ne s'élevent pas à la certitude & qui ne font que probables avec plus ou moins de degrés de vraifemblance.

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Chemin faifant, on indiqueroit les conditions inféparables de l'exercice de chacune des facultés & opérations de l'ame, pour que cet exercice puiffe la conduire à la découverte du vrai, & l'élever fur chaque objet au plus haut degré de certitude qu'il eft poffible on retraceroit fuccinctement les loix de la logique, de la critique, du calcul des vraisemblances & de l'art conjectural, telles que les hommes les fuivent naturellement toutes les fois qu'il leur arrive de rencontrer jufte & de trouver la vérité.

Tout cela fourniroit, fixiémement, les vrais procédés de l'art de penfer, qui fe

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