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dans toute l'étendue de la France, il voulut être admis dans le Conseil d'Etat. Vainement on lui objecta sa religion. Se flattant que la crainte de le perdre l'emporteroit sur le scrupule, il insista et menaça de quitter sa place: mais il fut dupe de sa présomption. Sa démission fut acceptée le 25 Mai 1781. Il sè retira en Suisse, où il acheta la Baronnie de Copet; et y publia son ouvrage sur l'Administration des Finances.

Au bout de quelques années M. Necker reparut par intervalles à Paris. Ceux de ses amis qui avoient été véritablement les siens, et non ceux de sa place, se réunirent chez lui comme dans le tems de son ministère. Le Comte de Creutz lui ayant présenté le Baron de Staël-Holstein, qui venoit de lui être envoyé de Suède comme Chevalier d'Ambassade, ce dernier fut aussitôt admis dans sa société. Jeune et d'une belle figure, il cut le bonheur de plaire à Mademoiselle Necker. Peu de tems après, le Roi de Suède rappela le Comte de Creutz pour lui confier le portefeuille des affaires étrangères dans sa patrie. Il fut remplacé par le Baron de Staël-Holstein, qui, en sa qualité d'Ambassadeur de Suède à la Cour de France, et professant la religion protestante, devint bientôt l'époux

envié d'une riche héritière dont plusieurs grands seigneurs de France avoient inutilement sollicité la main. Son bonheur, néanmoins, ne fut pas digne d'envie. Non que Madame de Staël fût sans moyens de plaire: elle avoit, sans être belle, une tournure agréable, la taille moyenne, le maintien noble, de la grâce dans les paroles et dans les manières, le coup-d'œil vif et un air rusé qui sembloit rehausser la finesse qu'elle mettoit dans ses propos. On ne lui reprochoit qu'un peu de néligence dans sa mise et un extrême désir de briller dans la conversation. Elle parloit peu, mais par sentences, et cherchant à faire effet. Cette malheureuse manie de briguer les éloges, qu'elle tenoit de son père, et ce ton pédant qu'elle n'avoit pu s'empêcher de prendre dans la société de Thomas et de sa mère, devoient, sans doute, paroître désagréables à un homme simple dans son langage et sans la moindre affectation. Mais c'est sur-tout la grande supériorité de ses talens à ceux du Baron de Staël qui détruisit bientôt cet heureux accord qu'on voit régner dans des unions mieux assorties à cet égard. La distance en effet étoit imLe Baron de Staël n'avoit que peu de ces grâces légères sous lesquelles la vivacité

mense.

françoise sait souvent cacher un défaut de ressources dans l'esprit.

Cependant, ce fut en conséquence de ce mariage que M. Necker se fixa de nouveau en France dans un tenis où la prodigalité de son successeur au contrôle des finances dut nécessairement accroître sa réputation. Mais M. de Calonne ayant attaqué la véracité de son Compte rendu au Roi, dans son discours d'ouverture à l'Assemblée des Notables convoquée en 1787, il envoya un mémoire justificatif à Louis XVI.; et quoique ce Monarque eût expressément, désiré qu'il ne fût point connu, son amour de la considération et de la gloire le lui fit publier. Dès que le Roi eût appris que sa réponse au discours de M. de Calouue étoit imprimée, il l'exila par une lettre-de-cachet à quarante lieues de Paris. Madame la Baronne de Staël, qui au mois d'Août de la même année avoit donné le jour à une fille, passa avec son père le tems de cet exil. Il ne dura que quatre mois le 25 Août, 1788, le Roi rappela M. : Necker au ministère, au moment où il venoit

de publier son ouvrage sur l'importance des opinions religieuses.

Ce second ministère, qui le 11 Juillet, 1789,

se termina par un second exil, est l'époque où Madame de Staël commença la carrière épineuse des lettres.

Elle y débuta par des observations sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau, qui lui méritèrent de justes éloges. La troisième édition est augmentée d'une lettre de Madame de Vassy, et d'une réponse de Madame de Staël. Mais déjà antérieurement à cette époque, et avant qu'elle eut atteint sa vingtième année, elle s'étoit essayée à écrire trois nouvelles, qu'elle fit imprimer à Lausanne en 1795, avec un Essai sur les Fictions et une Epitre en vers au Malheur, composée pendant la tyrannie de Robespierre et de ses infâmes coadjuteurs, le tout sous le titre de Recueil de morceaux détachés, dont la seconde édition revue et augmentée fut publiée à Leipzic en 1796. Dans la nouvelle intitulée Mirza, Madame de Staël semble avoir anticipé le plan que la Société Africaine de Londres s'efforce de réaliser aujourd'hui. Elle y fait dire à un voyageur au Sénégal : que le Gouverneur avoit " déterminé une famille nègre à venir demeurer à quelques lieues de là pour y établir une habitation pareille à celles de St. Domingue, se flattant sans doute qu'un tel exemple ex

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"citeroit les Africains à la culture du sucre, et

qu'attirant chez eux le commerce libre de " cette denrée, les Européens ne les enléveroient "plus à leur patrie pour leur faire souffrir le joug affreux de l'esclavage."

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Dans son Essai sur les Fictions, Madame de Staël s'est attachée à prouver qu les romans qui peindroient la vie telle qu'elle est, avec finesse, éloquence, profondeur, et moralité, seroient les plus utiles de tous les genres de fictions. L'imitation du vrai produit toujours de plus grands effets que les moyens surnaturels. allégories prolongées où, comme dans Spenser's Fairy Queen, chaque chant est le récit du combat d'un chevalier, qui représente une vertu contre un vice son adversaire, ne peuvent être intéressantes, quel que soit le talent qui les embellisse. On arrive à la fin tellement fatigué de la partie romanesque de l'allégorie, qu'on n'a plus la force d'en comprendre le sens philosophique. Quant aux allégories qui n'ont pour but que de mêler la plaisanterie à des idées morales, Madame de Staël pense qu'elles ne font ressortir l'objet philosophique que très-imparfaitement. Lorsque l'allégorie est amusante en elle même, la plupart des hommes retiennent

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