De la Lillérature pendant le siècle de Louis XIV. 58 PRÉCIS DE LA VIE ET DES ÉCRITS DE MAD. LA BARONne de staël-ĦOLSTEIN. C'EST une des belles prérogatives d'un peuple libre, environné de nations esclaves, d'être le dépositaire des écrits que la conscience des tyrans voudroit anéantir; et de tous les ouvrage que l'Angleterre a sauvés de l'injuste condamnation des factions atroces ou de la force op. pressive sous lesquelles la France a gémi depuis vingt ans, il en est peu de plus dignes d'être conservés que l'Essai de Madame de Staël sur la Littérature considérée dans ses rapports avec les Institutions Sociales. Témoin des funestes effets d'une révolution dont les orages ont également frappé les institutions sociales et les lettres, Madame de Staël s'est attachée à examiner l'influence de la religion, des mœurs, et des lois sur la Littérature, et celle de la Littérature sur les lois, les mœurs et la religion. En traçant les progrès des peuples vers la perfection dans les lettres, elle a marqué le point que cette double influence leur a permis d'atteindre. Les philosophes les plus éclairés ont reconnu la perfectibilité comme l'appanage de homme à tous égards: mais personne avant Madame de Staël n'en avoit fait l'application spéciale à la Littérature. Cependant cette sage restriction n'a pu la garantir contre l'injustice des esprits foibles ou pervers qui rejettent ce dogne en général, parce que leur folle vanité ou leur ambition criminelle leur présentent les principes qui les dirigent et les mesures qu'ils ordonnent comme absolument parfaits. Ils taxent de présomption ceux qui croient à la possibilité de faire mieux que l'on n'a fait jusqu'ici, tandis que ce sont eux qui out l'arrogance de s'imagi ner des modèles de perfection. Éblouis par leurs vaines erreurs, ils ne voient pas que ceux |