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employés. Si la cour fut ingrate, le peuple fut reconnaissant ; et même aujourd'hui sa mémoire est en vénération. Ce fut le Sully, le Colbert de ce pays.

La reine sut trouver un homme docile qui se prêta à ses volontés. Le marquis de Sambuca fut nommé pour remplacer le ministre disgracié ; et c'est ainsi que, suivant un usage assez constant, la médiocrité remplaça le mérite. Dès ce moment la puissance et le crédit de la reine furent inébranlablement établis.

Jamais un royaume n'éprouva plus le besoin d'une marine militaire que le royaume de Naples. Quand inême elle n'y serait pas aussi importante qu'elle l'est pour protéger le commerce, et assurer les rapports entre l'une et l'autre Sicile, elle y est indispensable, soit pour réprimer l'audace des corsaires africains, soit pour empêcher ces barbares d'attenter à la sûreté et à la tranquillité des rivages de ce royaume. On sentit donc la nécessité de créer une marine, ou d'améliorer l'ancienne. Il ne s'agissait plus que de trouver un marin habile; mais on ne voulait le prendre ni en Espagne ni en France. Le chevalier Acton avait bien servi quelque temps dans la marine; mais il y avait éprouvé des dégoûts et s'était éloigné. Il fut proposé à la reine et accepté.

Cet officier commandait alors les forces navales du grandduc de Toscane. Il avait acquis quelque réputation dans diverses expéditions contre les Barbaresques, et principalement dans une entreprise contre les Algériens, où figuraient les Espagnols, les Napolitains et les Toscans réunis. Jeune encore, ambitieux, mais sans génie, et ne connaissant guère que l'art maritime, il était doué, par compensation, d'une grande docilité et de beaucoup d'adresse: aussi ne tarda-t-il pas à s'ouvrir ce que l'on appelle une carrière brillante, en secondant les desseins de la reine à qui il devait sa fortune.

Caroline, née ambitieuse, avait l'esprit novateur de son frère Joseph, sans en avoir ni les talens, ni la philosophie. Il lui manquait et sa måle persévérance et son impassible

caractère. Elle ordonna d'abord qu'on ouvrit des routes nécessaires au commerce intérieur, et pour en payer les frais, elle établit un impôt qui devait rapporter annuellement trois cent mille ducats: mais ces utiles travaux furent presque aussitôt suspendus que commencés : le produit du nouvel impôt fut employé à d'autres besoins, et quoiqu'il dût être momentané, la perception en continua toujours.

Cependant Acton fut chargé du ministère de la marine. On attendait de lui la régénération ou plutôt une création nouvelle de la marine napolitaine; et il débuta par la plus funeste méprise. L'objet d'une marine militaire à Naples devait être de protéger contre les Barbaresques le commerce, qui, en grande partie, consiste dans l'exportation des denrées du pays. Acton s'attacha tout entier à l'idée de donner des vaisseaux de haut-bord et des frégates à un État qui avait principalement besoin de petits bâtimens qui prissent peu d'eau, et qui pussent conséquemment combattre les corsaires partout où ils se retirent dans les anses et dans les plus petits ports. Cette erreur coûta à la nation de fortes sommes, et l'on sacrifia, avec la plus insigne imprudence, les petits bâtimens qu'elle possédait déjà, et qui, armés en corsaires, s'étaient rendus redoutables aux pirates africains.

Malgré le peu de succès de ces innovations, les changemens, les perfectionnemens existaient toujours à la cour de Naples; et l'on songea à porter la réforme dans l'état militaire. D'après les ordonnances de Charles III, l'armée ne devait pas dépasser trente mille hommes ; mais, comme il arrive presque toujours en temps de paix, quand le gouvernement n'y veille pas attentivement, le nombre effectif de l'armée ne s'élevait qu'à la moitié du nombre établi, c'est-àdire, à quinze mille hommes. Le chevalier Acton, après s'être fait donner, outre le ministère de la marine, celui de la guerre, augmenta le nombre des soldats, mais ne changea point le système de dilapidation établi, et ne travailla

point à introduire parmi les troupes le bon ordre ni la discipline.

Mais, avant de retracer les moyens dont le ministre Acton se servit pour donner à l'armée une organisation nouvelle, jetons un coup-d'œil rapide sur les événemens politiques qui occupèrent la cour de Naples pendant les huit à dix années qui précédèrent l'époque où on la verra jouer un rôle parmi les puissances liguées contre la nation française.

Sans doute le roi d'Espagne ne voyait pas sans peine que, depuis qu'une Autrichienne était entrée dans le conseil du roi son fils, il y avait perdu toute espèce d'influence; que l'Angleterre était favorisée au détriment de la France, à qui tant de motifs, et surtout l'intérêt du commerce, devaient si fortement lier le royaume de Naples. Mais long-temps Charles III se contenta de donner, par ses lettres, ou par ses ambassadeurs, de simples avis, ou de faire des reproches modérés: bientôt il fallut parler en père irrité et presque en maître.

La France était dans l'usage d'acheter dans les Calabres des bois de construction; sous prétexte que ces bois étaient uẻcessaires à la marine que l'on s'occupait à former, Acton empêcha la France d'en exporter du royaume. La cour de Versailles dissimula son ressentiment.

Précisément à cette époque, arriva cet épouvantable tremblement de terre de la Calabre, où périrent tant de milliers d'hommes, où tant d'autres restèrent sans asile et sans pain. A la nouvelle de ce désastre, la cour de France, oubliant tous motifs de mécontentemens, fit expédier une frégate chargée de bled, afin que le roi de Naples pût procurer promptement des secours aux malheureux habitans des pays ravagés. Le ministre fit refuser sèchement un don qui certes n'avait rien d'injurieux et qui ne pouvait être que désintéressé tant la haine est déraisonnable!

Cette conduite envers la France irrita tellement le roi

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Charles, qu'abandonnant son système de modération, il ordonna à son fils de renvoyer un ministre qui abusait ainsi de sa confiance. Acton, soutenu par la faveur de la reine, brava le courroux du roi d'Espagne, aux ordres de qui on résista. Le favori n'en resta que plus puissant. L'Autriche et l'Angleterre devinrent les seules puissances qui furent accueillies avec intérêt, considérées à la cour de Naples agens de l'Espagne et de la France n'y éprouvèrent que des refus et souvent des insultes. » ( Mémoires sur le royaume de Naples, par M. le comte Grégoire Orloff. t. II.)

Note (V), page 265.

CHANSON

: les

FAITE IL Y A QUINZE ANS, EN 1788, PAR M. LE COMTE D'ADHÉMAR,

DEPUIS AMBASSADEUR EN ANGLETERRE.

Sur l'air du vaudeville du Tableau parlant.

Dans un monde trompeur

J'eus de la bonhomie;

Je parlai de l'honneur,

J'offris mon cœur;
La bonne compagnie
Persifla ma folie:
Ma foi, vive le vin

Et la catin!

Je fus fort bien traité,
Quand j'attaquai Silvie;
Mais je fus débouté

Pendant l'été.

La bonne compagnie
De l'absence s'ennuie :

Ma foi, vive le vin

Et la catin!

382 ÉCLAIRCISS. Histor. et piÈCES OFFIC.

D'une prude à grands frais

Je me fis une amie,

Même encore je l'aurais
Sans son laquais.

La bonne compagnie

Souvent se mésallie :

Ma foi, vive le vin
Et la catin!

(Correspondance de Grimm, tome IV, page 563.)

FIN DES ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES ET DES PIÈCES OFFICIELLES.

چی

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