Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

payer deux fois ses dettes au moment où elle espérait être nommée à la place de première. La dauphine, devenue reine, donna pour motif de son refus qu'il était trop imprudent de donner la garde de son argent aux gens connus par leur désordre; qu'on exposait, non-seulement le dépôt, mais l'honneur des familles. La reine adoucit ce refus en plaçant les enfans de cette dame à Saint-Cyr et à l'Ecole militaire, et en leur accordant des pensions. Lorsqu'il fut question, à l'époque de la Constitution, de recréer la maison en abolissant les titres de dames et chevaliers d'honneur, et que le roi voulut porter une économie sévère dans toutes les parties de sa dépense et de celle de la reine, on arrêta la suppression du renouvellement journalier des bougies. La charge de première femme se trouvait, par cette réforme, privée de son plus fort revenu. Le roi, en travaillant avec M. de La Porte, le fixa à vingtquatre mille livres, en ajoutant qu'elles auraient de plus les fonctions et les bénéfices des dames d'atours dont la charge serait supprimée; qu'il fallait que les premières femmes fussent choisies parmi des femmes estimables et bien nées, et que leur traitement les mît toujours au-dessus des dangers de l'intrigue ou de la corruption. Le plan de la maison, formée d'après les lois constitutionnelles, fut arrêté, mais la seule partie militaire fut mise en activité.

La reine avait douze femmes ordinaires :

Madame de Malherbe, femme d'un ancien com

missaire des guerres, maître-d'hôtel de la reine; morte depuis la révolution ;

- Madame de Frégals, fille de M. Émengard de Beauval, major de la ville de Compiègne, lieutenant des chasses, et femme d'un capitaine de cavalerie; elle vit dans ses terres en Picardie, et a de la fortune;

-Madame Regnier de Jarjaye, en même temps première femme en survivance. Son mari est retiré du service. Ils vivent à Paris dans une honnête aisance;

-Madame Campan, en même temps première femme en survivance et lectrice des princesses filles de Louis XV, ne remplissait depuis long-temps que les fonctions de la place de première; madame de Misery, sa titulaire, étant retirée dans sa terre de Biache, près Péronne;

-Madame Auguié, morte victime de la révolution, pour avoir prêté vingt-cinq louis à la reine pendant les deux jours qu'elle passa aux Feuillans. M. Auguié était alors receveur-général des finances du duché de Lorraine et de Bar, et administrateur des subsistances;

-Madame Térasse des Mareilles. Son mari est placé dans une administration. Sa fille a épousé le frère de M. Miot, conseiller d'État;

-Mademoiselle de Marolles. Demoiselle de SaintCyr, restée pauvre, retirée dans sa province, aux environs de Tours;

-Madame Cardon, veuve du major d'Arras, restée avec de la fortune, vivant dans ses terres;

Madame Arcambal. Son mari et son beaufrère sont placés dans le département de la guerre;

Madame de Gougenot. Son mari, gentilhomme, propriétaire fort riche, receveur-général des régies, maître-d'hôtel du roi, est mort victime de la révolution. Elle vit retirée à Paris et dans l'aisance. Elle serait restée fort riche si elle avait eu des enfans;

- Madame de Beauvert, femme d'un commissaire des guerres, ancien mousquetaire, chevalier de Saint-Louis. Restée fort

pauvre;

Madame Le Vacher, morte. Son mari est actuellement receveur des octrois de Marseille;

Madame Henri. Son mari est actuellement dans les bureaux de la guerre. Son père était chargé en chef de la liquidation de la liste civile. Ils ont beaucoup d'enfans.

Les huit femmes de la reine les plus anciennes réunissaient trois mille six cents francs de traitement.

Les quatre dernières avaient deux mille quatre cents livres.

On avait trois cents livres de moins sur les appointemens, lorsqu'on obtenait un logement dans le château de Versailles ou dans le grand commun. Lorsque le roi allait à Compiègne en juillet, et à Fontainebleau en octobre, on ajoutait trois cents

pour

livres par voyage aux appointemens des femmes, les indemniser des frais de déplacement. On doit observer qu'avec économie ces voyages faisaient dépenser mille ou douze cents livres. Mais les maris de ces dames avaient tous des états honorables et lucratifs, et l'on ne considérait nullement les appointemens de ces sortes de places; l'appui et la protection de la reine étaient les seules raisons -qui les faisaient briguer, J'ai vu un moment où la moins fortunée jouissait de quinze à vingt mille francs de revenu, tandis que quelques-unes d'entre elles avaient, par l'état de leurs maris, depuis soixante jusqu'à quatre-vingt mille francs par an; mais ces fortunes venaient des emplois de finances, des places accordées ou du bien patrimonial, et n'étaient nullement puisées sur le Trésor royal, les pensions accordées étant rares et peu considérables.

On n'accordait point de retraite aux premières femmes; elles conservaient la totalité des émolumens de leur place trop considérable pour qu'on pût lès indemniser. Les survivancières les remplaçaient à la cour, et avaient six mille livres d'appointemens.

Les femmes de chambre ordinaires obtenaient quatre mille livres de pension après trente années révolues de service, trois mille livres après vingtcinq ans, deux mille livres après vingt années de fonctions.

Les douze femmes servaient quatre par semaine,

deux par jour; ainsi les quatre femmes qui avaient servi une semaine, avaient quinze jours de repos, à moins qu'on n'eût besoin d'une remplaçante, et, dans la semaine de service, elles avaient encore deux ou trois jours d'intervalle. Le service en femmes n'avait de table que lorsqu'on quittait Versailles. Les premières avaient leur cuisine et leur cuisinier. Les autres se faisaient apporter à dîner dans leur appartement.

Femme de garde-robe : la nommée R.........

Cette femme était chargée de tous les détails qui concernaient sa place, mais son service durant toute l'année la rendait fort utile pour beaucoup d'objets du service de domesticité intérieure, qui auraient été mal exécutés par des femmes de la classe de celles qui servaient la reine. Son utilité et les bontés de sa maîtresse l'avaient rendue malheureusement trop nécessaire. On ne put lui cacher quelques détails relatifs au départ pour Varennes, et il paraît démontré qu'elle avait trahi les secrets de la reine en les communiquant à des députés ou à des membres de la commune de Paris. Elle était sous les ordres directs de la première femme qui, assez ordinairement, en cas de vacance, procurait cette place à sa propre femme de chambre. Lorsque la reine, à son retour de Varennes, renvoya la dame R........., elle la remplaça par la gouvernante du fils de madame Campan.

« ZurückWeiter »