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sont que plus disposés à les peindre d'un seul trait; ils avaient nommé, peu galamment, ces reparties si redoutées, les coups de boutoir du roi.

Très-méthodique dans toutes ses habitudes, le roi se couchait à onze heures précises. Un soir la reine devait se rendre, avec sa société habituelle, à une réunion chez le duc de Duras, ou chez la princesse de Guéménée. L'aiguille de la pendule fut adroitement avancée, pour hater de quelques minutes l'instant du départ du roi; il crut réellement que l'heure de son coucher était arrivée, se retira, et ne trouva chez lui personne de réuni pour son service du soir. Cette plaisanterie circula dans tous les salons de Versailles, et y fut désapprouvée. Les rois n'ont pas d'intérieur; les reines

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>> fortuné où ils allaient enfin subir le supplice. Grand Dieu! sous >> un bon prince, des sujets qui envient l'échafaud! Jour immortel, » soyez béni! j'ai acquitté le vœu de mon cœur, de décharger le poids d'une si grande douleur dans le sein du meilleur des mo

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»> narques. »

>> On remarqua à ce morceau la plus grande attention du roi et des princes ses frères. Le comte d'Artois fit même, au sujet de ce qu'il venait d'entendre, une très-belle repartie. Le lendemain, à son lever, un courtisan égoïste et corrupteur, ainsi qu'ils le sont presque tous, cut l'insouciance d'observer que l'abbé de Besplas s'était plaint mal à propos de la manière dont les prisonniers étaient traités dans les cachots qu'on pouvait regarder comme une partie de la peine que méritent leurs crimes. Le prince l'interrompit alors avec vivacité, en s'écriant: « Sait-on s'ils sont coupables? on » n'en est assuré que par l'arrêt. »

(Note des édit.)

n'ont ni cabinets, ni boudoirs. C'est une vérité dont on ne saurait trop les pénétrer : s'il ne se trouve pas habituellement auprès des souverains des gens disposés à transmettre à la postérité leurs habitudes privées, le moindre valet raconte ce qu'il a vu ou entendu, ses propos circulent avec rapidité et forment cette redoutable opinion publique qui s'élève, s'agrandit, et empreint, sur les plus augustes têtes, des caractères souvent faux, mais presque toujours ineffaçables.

T. I.

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CHAPITRE VI.

Hiver rigoureux.

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Courses en traîneaux blâmées des Parisiens.Liaison de la reine avec madame la princesse de Lamballe. — Elle est nommée surintendante. - Libelle outrageant contre MarieAntoinette. Intrigues d'un inspecteur de police. Il est découvert et puni.-Autre intrigante qui contrefait l'écriture de la reine, pour escroquer des sommes considérables. Madame la comtesse Jules de Polignac paraît à la cour. — Son caractère noble et désintéressé.-Projets ambitieux de ses amis. -Moyens qu'ils mettent en usage. Portrait de la comtesse Jules. La reine se promet de goûter près d'elle les douceurs de la vie privée. Le comte Jules obtient la place de premier écuyer. La fortune de sa famille est long-temps médiocre. La reine se félicite

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· Société de la

Mot plaisant

la comtesse du gain d'un billet de loterie. pour comtesse Jules. Portrait de M. de Vaudreuil. de la comtesse sur Homère. La faveur dont jouit la famille de Polignac excite l'envie et la haine des courtisans. Soirées passées chez le duc et la duchesse de Duras. Jeux à la mode : guerre panpan, descampativos. Paris se moque de ces jeux et les adopte. Madame de Genlis y fait allusion dans une de ses pièces de théâtre.

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L'HIVER qui suivit les couches de la comtesse d'Artois fut très-froid; les souvenirs du plaisir que des parties de traîneaux avaient procuré à la reine dans son enfance, lui donnèrent le désir d'en établir de semblables. Cet amusement avait déjà eu lieu à la cour de France; on en eut la preuve en

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retrouvant, dans le dépôt des écuries, des traîneaux qui avaient servi au dauphin, père de Louis XVI, dans sa jeunesse. On en fit construire quelques-uns d'un goût plus moderne pour la reine. Les princes en commandèrent de leur côté, et, en peu de jours, il y en eut un assez grand nombre. Ils étaient conduits par les princes et les seigneurs de la cour. Le bruit des sonnettes et des grelots dont les harnois des chevaux étaient garnis; l'élégance et la blancheur de leurs panaches; la variété des formes de ces espèces de voitures; l'or dont elles étaient toutes rehaussées, rendaient ces parties agréables à l'œil. L'hiver leur fut très-favorable, la neige étant restée près de six semaines sur la terre; les courses dans le parc procurèrent un plaisir partagé par spectateurs (1). Personne n'imagina que l'on eûtrien à blâmer dans un amusement aussi innocent. Mais on fut tenté d'étendre les courses, et de les conduire jusqu'aux Champs-Élysées; quelques traî

les

neaux traversèrent même les boulevards: le masque couvrant le visage des femmes, on ne manqua la reine avait couru les rues de pas de dire que

Paris en traîneau.

(1) Louis XVI, touché du triste sort des pauvres de Versailles, pendant l'hiver de 1776, leur fit distribuer plusieurs charrettes de bois. Voyant un jour passer une file de ces voitures, tandis que beaucoup de seigneurs se préparaient à se faire traîner rapidement sur la glace, il leur dit ces paroles remarquables: Messieurs, voici mes traineaux.

(Note des édit.)

Ce fut une affaire. Le public vit dans cette mode une prédilection pour les habitudes de Vienne : les parties de traîneaux n'étaient cependant pas une mode nouvelle à Versailles. Mais la critique s'emparait de tout ce que faisait Marie-Antoinette. Les partis, dans une cour, ne portent pas ouvertement des enseignes différentes, comme ceux qu'amènent les secousses révolutionnaires. Ils n'en sont pas moins dangereux pour les personnes qu'ils poursuivent, et la reine ne fut jamais sans avoir un parti contre elle.

Cette mode, qui tient aux usages des cours du nord, n'eut aucun succès auprès des Parisiens. La reine en fut informée, et quoique tous les traîneaux eussent été conservés, et que depuis cette époque il y ait eu plusieurs hivers favorables à ce genre d'amusement, elle ne voulut plus s'y livrer.

C'est à l'époque des parties de traîneaux que la reine se lia intimement avec la princesse de Lamballe qui parut enveloppée de fourrure avec l'éclat et la fraîcheur de vingt ans on pouvait dire que c'était le printemps sous la martre et l'hermine. Sa position la rendait, de plus, fort intéressante: mariée, au sortir de l'enfance, à un jeune prince perdu par le contagieux exemple du duc d'Orléans, elle n'avait eu que des larmes à verser, depuis son arrivée en France. Veuve à dix-huit ans et sans enfant, son état auprès de M. le duc de Penthièvre était celui d'une fille adoptive; elle avait pour ce prince vénérable le respect et l'attachement le plus tendre; mais

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