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Vous favez que c'eft par des prodiges multipliés que la religion chrétienne a été établie, que le don des miracles attaché, felon les promeffes du fauveur, à la prédication des apôtres de l'évangile, a converti l'univers, & qu'il a toujours éclaté pendant les premiers fiecles. Or ces miracles n'ont jamais été opérés que dans le fein de l'églife catholique romaine: c'est ce qu'ont attefté tous les anciens peres; les hérétiques féparés de cette église ne se font même point vantés d'en avoir le don, & quand enfuite après l'établiffement du chriftianifme, les miracles font devenus moins fréquens, parce qu'ils étoient moins néceffaires, Dieu n'a pas laiffé d'en produire quelquefois, mais feulement dans le fein de l'églife romaine, pour faire voir qu'il la reconnoiffoit tou jours pour fon églife.

C'eft ainfi qu'au onzieme fiecle, quand un fchifme faifoit douter dans l'église du véritable fucceffeur de faint Pierre, faint Bernard, attaché au vrai pape, établit la légitimité de fon élection par un très-grand nombre de miracles. Au quinzieme fiecle faint Vincent Ferrier convertit par fes prodiges une multitude d'infideles & d'hérétiques dans les divers royaumes de l'Europe. Mais fur-tout au feizieme, faint François Xavier étant allé porter la lu

miere de l'évangile aux infideles du nouveau monde, des Indes, du Japon, remplit toutes ces immenfes contrées du bruit de fes miracles, & c'eft un témoignage que Tavernier, tout proteftant qu'il eft, lui rend avec tous les hiftoriens de ce fiecle, dans fes relations du Japon, p. 8. 10. 32.

Ces miracles continuent toujours d'éclater dans l'églife romaine, & font débattus & conftatés avec l'attention la plus exacte; car, felon le pouvoir qu'elle en a reçu de Jésus-Chrift, cette églife continue toujours de reconnoître & de déclarer de tems en tems, ainfi qu'elle l'a fait dans les fiecles précédens, la gloire de quelques nouveaux faints, & elle ne le fait jamais qu'après avoir vérifié par l'examen le plus juridique & le plus fcrupuleux, les miracles qu'ils ont opérés.

Quelle multitude de circonftances fe réuniffent, comme vous le voyez, pour établir la fainteté de l'église romaine!

LE PROTESTAN T.

Mais, Monfieur, il faudroit donc que les catholiques fuffent faints eux-mêmes, comme leur églife le leur prêche : cependant que de défordres ne voit-on pas encore parmi eux! que de libertinages, & même de fcandales!

D'ailleurs nos églifes peuvent bien auffi fe glorifier de quelque fainteté, nos miniftres nous inftruisent, nous font d'excellentes prédications, nous portent au bien, & l'on voit dans nos fociétés des perfonnes qui menent une conduite très-réglée. LE DOCTEUR.

Ne foyez pas furpris, Monfieur, que quoique l'églife romaine foit fainte, il s'y trouve des pécheurs, & même en trèsgrand nombre. Notre Seigneur nous a plufieurs fois déclaré qu'il y avoit beaucoup d'appellés, & peu d'élus ; & qu'ainfi ceux qui par une prédilection ineffable de Dieu, font placés en naiffant au sein de l'églife catholique, dans la voie du falut, n'y arriveront pas s'ils ne font faints eux-mêmes: ils ont leurs paffions à combattre fans doute, & s'ils s'y livrent ils font plus coupables que ceux qui n'ont pas reçu la même grace; par-là même ils deviendront par un jufte jugement de Dieu, & en résistant ainsi à la grace, plus méchans, plus endurcis que ceux qui n'ont pas le bonheur d'être catholiques. Tremblez donc pour vousmême, mon cher Monfieur; fi vous rentrez un jour dans le fein de l'églife romaine ce fera pour vous un nouveau motif de vivre avec plus de piété, & de remplir avec plus de fidélité que jamais tous vos

devoirs, & fans cela il n'y aura pour vous ni fainteté ni falut.

Et fi nous jetons à préfent les yeux fur les fociétés de la prétendue réforme, quel contrafte y trouverons-nous! quels fondateurs! quelle doctrine! quel gouvernement!

I. D'abord quels fondateurs? Ce n'eft point, Monfieur , pour leur infulter que je me vois forcé de mettre ici fous vos yeux les traits les plus inconcevables. Je les tirerai de leurs propres écrits, ou de ceux de leurs difciples. Luther fut le premier, & quel éclat ne firent point fa préfomption, fes emportemens, fon incontinence !

Dans fon livre contre Henri VIII, roi d'Angleterre, il ofe dire dans l'enthoufiafme le plus fingulier, que les princes & les papes ne font pas dignes de dénouer les cordons de fes fouliers.

« Vous êtes fort émus, dit-il dans fa réponse à Cochleus, « de ce que je dis » que l'homme eft juftifié par la foi » feule (a). Si un papifte s'en fcandalife, » je dis qu'un papiste & un âne c'eft la » même chofe. La feule raifon que j'ai » à en donner, c'eft qu'ainfi je le veux, » ainsi je l'ordonne, que ma volonté ferve

(a) Luth, op. t. 2. refp. ad Cochi,

» de raison. Je veux être libre, ajoute-t-il » ailleurs (a), & ne m'aftreindre à au» cune autorité, ni de concile, ni de » puiffance, ni d'univerfité, ni de pon»tife. Je prétends au contraire foutenir >>hardiment tout ce qui me paroîtra » vrai, foit que je le puife dans un au»teur hérétique, foit que je le tire d'un >> auteur catholique, que quelque concile » que ce foit le condamne ou l'approuve. »

Ses emportemens contre les papes vont jufqu'à la fureur. Il n'eft pas poffible de lire ce qu'il en a dit, fans être faifi d'étonnement. << Si on pend, dit-il (b), les » larrons aux gibets, fi on punit par le » glaive les brigands & les hérétiques, » pourquoi n'attaquons-nous pas de tou» tes nos forces ces cardinaux, ces papes, » & toute cette racaille de la Sodome ro» maine qui ne ceffe point de corrom» pre l'église de Dieu ? Pourquoi ne la» vons-nous pas nos mains dans leur fang? Ceffez de faire la guerre au Turc, »jufqu'à ce que le nom de pape foit ôté » de deffous le ciel : qu'on ôte la vie à cet » homicide romain.

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» Le pape eft un loup poffédé du ma»lin efprit; il faut s'affembler de tous les

(b) T. 1. p. 193. Edition de 1545

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