prouve-t-il bien clairement qué l'églife

pas

romaine eft la feule fociété chrétienne qui puiffe être appellée catholique,

LE PROTESTANT.

Il me paroît, Monfieur, qu'on ne fauroit s'y méprendre, & qu'aucune autre église ne peut le lui difputer.

Vous me direz auffi fans doute, qu'il en eft de même de l'apoftolicité, quí eft le quatrieme caractere de l'église de JésusChrift.

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, & ce point eft déja invinciblement établi : il a formé le fujet de notre précédent entretien & vous vous rappellerez fans doute tout ce que je vous y ai dit.

Je vous ai prouvé que l'églife catholique romaine étoit la feule que Jéfus-Chrift eût fondée, & dont les pafteurs tinffent de lui leur miffion; or c'eft précisément là ce que fignifie le caractere d'apoftolique: il confifte à remonter par ses conducteurs actuels, fans aucune interruption, jufqu'aux apôtres, de qui tous ceux qui ont gouverné l'église romaine, ont reçu d'âge en âge leur miffion. Caractere qui ne peut convenir à ceux qui ayant été d'abord membres de cette église pri

mitive, en ont été retranchés & ont formé, hors de fon fein, des fociétés à part, ainfi que l'ont fait toutes celles des prétendus réformés.

Sans répéter ce que je vous ai expofé fur un point fi conftant, j'y ajoute feulement cette réflexion bien fimple.

Demandez au dernier des pafteurs de l'églife romaine, de qui ténez-vous votre miffion? » Je la tiens de Jéfus-Christ, » vous répondra-t-il, avec une humble & ferme confiance, « & je remonte jufqu'aux » apôtres j'ai mes lettres; c'est mon » évêque qui m'a chargé du foin des ames » en me conférant mon bénéfice. Il a de » fon côté les fiennes, & ce font d'autres

évêques qui lui ont folemnellement im» pofé les mains; ceux-ci avoient été » également facrés par ceux qui les avoient » précédés, ceux-là par d'autres, & ainfi » en remontant, fans aucune interruption » jufqu'aux apôtres j'ai donc reçu ma » miffion de Jéfus-Chrift, parce que j'ai » le bonheur d'être membre de l'église >> catholique. >>

Faites enfuite à un miniftre de Geneve la même question, de qui tenez-vous votre miffion?« Du fynode, répondra» t-il, c'est lui qui m'a confié mon admi>nistration. » Et ce fynode de qui a-t-il reçu fes pouvoirs? Sans remonter bien

haut, il ne tardera pas d'en être à Calvin, à Luther: & quand vous lui demanderez, ce Calvin, ce Luther, qui les avoit envoyés pour enfeigner, pour prêcher, pour adminiftrer les facremens? que trouverat-il à vous répondre? ne fera-t-il pas obligé de convenir que ces premiers auteurs de la prétendue réforme fe font ingérés dans le miniftere, de leur propre autorité, & n'ont été envoyés par perfonne pour l'exercer ils ne remontent donc pas jufqu'aux apôtres, ils ne font donc pas apoftoliques.

Et n'ayez pas recours, comme l'ont fait quelques-uns de vos ministres, à la doctrine, en difant que les fociétés proteftantes font apoftoliques, parce qu'elles fuivent dans leur croyance les vérités que les apôtres ont enfeignées, & que l'églife romaine les a altérées. Je vous prouverai dans les entretiens fuivans, que ce n'eft pas par la difcuffion des dogmes qu'il faut établir l'autorité de l'églife, & la miffion de fes pasteurs, mais au contraire qu'on ne peut juger de la vérité de la doctrine que par cette autorité & par cette misfion.

LE PROTESTANT.

Vous avez renvoyé, Monfieur, ce qui concerne la fainteté de l'églife, à un

autre jour; ayez la bonté de me fixer celui auquel je pourrai revenir.

LE DOCTEUR.

Je ferai libre les deux premiers jours de la femaine prochaine.

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QUATRIEME ENTRETIEN.

La fainteté, l'un des quatre caracteres de L'églife de Jésus-Chrift, appartient à l'églife romaine, & non aux fociétés proteftantes. L'indéfectibilité, la vifibilité & l'infaillibilité, font trois autres propriétés effentielles de l'églife de Jésus-Chrift, qui conviennent à l'églife romaine, & non à la prétendue réforme.

LE PROTESTANT.

Nous devons, Monfieur, parler aujourd'hui de la fainteté, l'un des caracteres de l'églife de Jéfus-Chrift que vous attribuez à l'églife romaine.

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, & je ne m'arrêterai point à établir que la fainteté eft un des caracteres diftinctifs de l'églife de JéfusChrift, parce que cela eft prouvé par le fymbole des apôtres, & que les proteftans n'en difconviennent point. Je me bornerai à vous faire voir que cette fainteté est un des attributs de l'église romaine, & non des fectes qui en font féparées.