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falut en s'attachant à elle, ce prince, qui n'étoit point encore pleinement inftruit, fe réunit à l'églife romaine, afin d'aller au plus fûr.

La conférence entre faint François de Sales & Théodore de Beze, mérite d'être rapportée ici. Le faint miffionnaire lui demanda d'abord, fi lorfque Luther & Calvin fe feparerent de l'églife romaine, ils pou voient s'y fauver. Beze répondit qu'oui. Ils ne devoient donc pas la quitter, répliqua le prélat; dès qu'on pouvoit s'y fauver, elle étoit l'églife de Féfus-Chrift, & il ne peut y avoir de bonnes raifons pour quitter l'églife de Jésus-Chrift. Alors Beze revenant fur fes pas, dit que non. Il n'y avoit donc plus d'églife de Jésus-Chrift fur la terre, reprit faint François de Sales, puifqu'en quittant l'églife romaine, Luther & Calvin ne fe font pas réunis à une autre fociété exiftante, mais en ont fondé une nouvelle. Enfuite il démontra à Beze qu'on ne pouvoit pas dire que l'églife de Jéfus-Chrift eût été anéartie, fans démentir fes promeffes, & que d'ailleurs fi Féglife catholique n'étoit plus l'églife de Jéfus-Chrift au XVI fiecle, à caufe des dogmes qu'elle profeffoit, il eût fallu en conclure que dès le Von VI fiecle elle avoit ceffé d'être l'églife de Jéfus Chrift, puifque, fuivant Luther & Calvin, ces dogmes s'étoient introduits dans

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le V ou VI fiecle, & que par conféquent dès ce tems-là il n'y avoit plus d'églife de Jésus-Chrift fur la terre; ce qui feroit infoutenable.

Alors Beze demanda du tems pour préparer fa réponse: mais au jour convenu pour la donner, de petits enfans préfentés par leur jeune mere tinrent lieu de toute réponse, & rompirent les confé

rences.

Les prétendus réformés reconnoiffent donc que des fociétés oppofées à leur croyance, fur des points même importans, peuvent appartenir à l'église de Jéfus-Chrift. Ils l'ont même authentiquement déclaré dans votre catéchifme ordinaire, dreffé d'abord par le miniftre Burvald enfuite retouché, augmenté, & imprimé plufieurs fois, fpécialement à Geneve en 1770. A la fection 14 de la premiere partie, No. 62, page 74, on y fait cette demande: N'y a-t-il qu'une feule églife univerfelle? on répond: Non, puifque tous les fideles en quelque lieu qu'ils foient, ne com pofent qu'une feule églife, dont Jésus-Chrift eft le chef. Il falloit d'abord répondre ainfi pour ne pas contredire ouvertement le fymbole des apôtres, & celui de Conftantinople..

Mais enfuite on anéantit l'unité de l'églife dans les deux queftions fuivantes.

Au No. 163, on fait cette demande : N'y a-t-il pas plufieurs églifes particulieres? on répond : Il y a plusieurs églifes particulieres qui n'ont pas toutes la même croyance ni les mêmes pratiques; mais fi elles reconnoiffent Jésus-Chrift pour leur unique chef, elles font toutes partie de l'églife univerfelle. On voit qu'ici on donne adroitement l'exclufion à l'église romaine, qui révere le pape comme fon chef vifible. Mais que fera-t-on de l'églife anglicane qui regarde le roi comme fon chef?

Enfin au No. 164 on ajoute cette demande Les églifes particulieres font-elles toutes quam posse ¿L'on répond: Non; ily a des églifes dont la croyance & les pratiques font mêlées d'erreur & de fuperftition.

Ainfi, fuivant la doctrine des proteftans, il n'y a qu'une feule églife, mais rien n'est préjudiciable à fon unité, finon d'avoir fur la terre un chef vifible: les erreurs la fuperftition & la diverfité de croyance n'y portent aucun préjudice. Eft-il poffible d'entendre un paradoxe plus infou

tenable?

LE PROTESTAN T.

En quelque fens qu'on prenne l'unité, il est évident du moins qu'elle convient beaucoup mieux à l'églife romaine, qu'aux fociétés de la réforme.

Le catéchifme de 1770, que vous m'avez cité, eft précisément celui qu'on m'a fait apprendre dans ma patrie je le lis encore fouvent, & je vous l'apporterai quand je viendrai à nos conférences.

Vous avez renvoyé le fecond caractere de l'églife, qui eft la fainteté, pour en faire le fujet d'un entretien particulier : c'eft donc de la catholicité que vous avez à parler à préfent, & d'abord je vous prie de vouloir bien m'expliquer le véritable fens de ce terme.

LE DOCTEUR.

f

Le mot catholique, dérivé dua feglife gnifie univerfet; & voici pourquoi de Jésus-Chrift eft appellée univerfelle.

Il avoit plu à Dieu de faire annoncer, fous l'ancienne loi, par une multitude d'oracles des principaux prophetes , que quand le Meffie paroîtroit au monde, il auroit l'univers entier pour fa conquête.

» Demandez moi», difoit David au nom du Pere éternel, s'adreffant à son fils ; »poftula à me demandez moi, je vous » donnerai les nations en héritage, & » pour poffeffion les extrémités de la » terre, & dabo tibi gentes in hereditatem » tuam & poffeffionem tuam terminos » terræ (a).

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(a) Pfalm. 2. 8.

« Il dominera d'une mer à l'autre, & » depuis le fleuve jufqu'aux bouts du » monde. Tous les rois de la terre, & » toutes les nations l'adoreront (a). »

Je pourrois vous citer un très-grand nombre de pareils textes.

Devoit-il donc, ce divin Meffie, dominer fur tous les peuples de l'univers comme un monarque? Non fans doute, & cet empire temporel n'étoit pas digne de fa majefté fuprême: Mon regne, difoit Jésus-Chrift lui-même, n'eft pas de ce monde (b): mais il venoit ouvrir aux hommes, , par fa loi fainte, la porte des cieux, & les mettre en poffeffion d'un

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Auffi, après avoir lavé de fon fang les iniquités de la terre, après avoir repris, par fa réfurrection, une vie nouvelle, il ordonne à fes apôtres d'aller prêcher son évangile à toutes les nations, leur promettant, jufqu'à la confommation des fiecles, fa perpétuelle affiftance. Ils obéif

fent,

ils pénetrent jufqu'aux régions les plus reculées; la religion de leur divin maître s'établit par-tout, par les prodiges qui accompagnent leur prédication, & par les impreffions de la grace: dès-lors

(a) Pfalm. 71. 8.

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