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moins une fois dans leur vie, fi leur croyance étoit véritablement fondée fur la fainte écriture, & fi la vérité fe trouvoit dans l'église romaine ou dans les fociétés qui en font féparées. «< Car enfin, difiez» vous, l'erreur peut varier à l'infini » mais la vérité eft une & ne peut fe » trouver tout à la fois dans deux fenti» mens qui fe contredifent : cependant je » n'ai pas droit de prétendre que la vérité » fe trouve dans la fociété où j'ai pris » naissance, précisément parce que j'y fuis » né. » Il faut donc, Monfieur, que je fasse cet examen : mais comment m'y prendrai-je, me fuis-je dit à moi même ? cette difcuffion n'eft-elle pas au deffus de mes forces? Je n'ai ni la connoiffance des différentes opinions, ni les livres où je pourrois la puifer, & quand je les aurois, puifje bien me flatter de découvrir avec certitude le véritable sens des textes de la fainte écriture, fur des points controverfés depuis plufieurs fiecles par les perfonnes les plus célebres?... Plus j'ai réfléchi, plus je me fuis confondu dans mes idées & moins j'ai pu comprendre par où il me falloit commencer un examen fi important & d'où dépendoit mon falut éternel.

Inquiet alors, agité, troublé, je me fuis fenti porté à venir chercher auprès de vous des lumieres vous m'avez paru inftruit

& zélé, puis-je efpérer que vous voudrez bien avoir quelques conférences avec moi, & m'aider dans la circonftance de ma vie où je me fuis trouvé le plus embarrassé? LE DOCTEUR CATHOLIQUE.

Dieu en foit béni, mon cher Monfieur : c'est la grace qui vous a touché, c'est sa main qui vous a conduit. Il faut donc qu'Aujourd'hui, dit fon Prophete, puifque vous entendez fa voix, vous n'endurciffiez pas votre cœur (a); il veut votre falut; il vous invite à chercher les routes heureuses qui feules peuvent vous l'affurer. Ne négligez pas votre propre bonheur. Venez donc, Monfieur; j'ai plus d'empreffement à vous. recevoir, que vous n'en avez à vous présenter à moi. Oui, entrons en conférence ensemble; prenons des jours, des heures qui vous foient commodes; je ferai exact à m'y trouver: foyez-le à vous y rendre ; & d'abord je vous préviens que je n'entends exercer fur votre efprit aucun empire. Je vous exposerai des vérités qui me paroiffent claires, inconteftables; nous en raisonnerons, & vous jugerez vous-même de ce que vous devez en penser.

LE PROTESTANT.

Hé bien, Monfieur, commençons dès à

(a) Pfal. 94. 8.

préfent. Vos affaires vous le permettent→

elles ?

LE DOCTEUR.

Volontiers, Monfieur, je n'en ai point. de plus intéreffante.

LE PROTESTANT.

Vous nous difiez, Monfieur, en recevant l'abjuration de votre profélyte, que l'églife catholique romaine eft la véritable églife de Jéfus-Chrift; que par conféquent ceux qui font nés hors de fon fein doivent s'y réunir comme au fein de leur véritable mere, que leurs ancêtres n'auroient pas dû quitter; il me femble que c'étoit à-peu-près

là le fonds de votre instruction.

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, vous l'avez bien faifi; c'eft auffi le point capital que nous avons à traiter ensemble, & pour le faire avec ordre, je vais d'abord vous donner dans ce premier entretien quelques notions générales fur la forme que Jéfus-Chrift a donnée à fon église en l'inftituant, & fur l'état où elle a fubfifté depuis fa fondation jufqu'à préfent; je ne parlerai que de faits publics, conftans, reconnus de part & d'autre, & qui ameneront la difcuffion des points contestés entre nous & nos chers freres féparés, dont nous regrettons tous les jours la perte.

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Mais avant que de parler de catholicité, je vous le demande, êtes-vous fincérement attaché à la religion chrétienne, & bien convaincu de ce que nous enfeignent les faintes écritures, qu'on fait profeffion de croire dans la fecte où vous avez été élevé? LE PROTESTANT.

Oui, Monfieur, je fuis chrétien. Nous apprenons, nous récitons, nous profeffons, ainfi que les catholiques, le fymbole des apôtres; je le crois fermement : fi j'ai été jufqu'ici attaché aux articles particu liers qu'on m'a enfeignés dès l'enfance & fur lefquels les proteftans s'éloignent de la croyance des catholiques romains,. c'eft que je les ai cru vrais.

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Nous les difcuterons tous, mais allons avec ordre; d'abord ouvrons l'évangile; que nous apprend-il de la forme que Jéfus-Christ a donnée à fon églife?

Le fils de Dieu eft defcendu du ciel en terre pour fauver les hommes. Il eft venu fonder une religion qui feule religion qui feule peut conduire au ciel, & qui doit durer jufqu'à la fin du monde. Pour enfeigner cette religion il a choifi des apôtres & des difciples; il les a chargés de l'annoncer dans tout l'univers; il a voulu que ceux qui feroient profeffion de cette religion divine ne

formaffent qu'un même corps. C'eft ce corps répandu de toutes parts qu'il a appellé fon églife.

N'est-ce pas là ce qu'on vous a enfeigné, & ce que vous croyez vous-même ?

LE PROTESTAN T.

Oui fans doute, Monfieur, mais que voulez-vous en conclure?

LE DOCTEUR.

Suivez moi, je vous prie, je ne vous dirai rien qui ne foit auffi clair & auffi certain que ce que vous avez déja entendu.

Cette églife, ainfi que la religion qu'elle profeffe, devoit durer jufqu'à la fin du monde cependant Jéfus-Chrift ne devoit pas toujours la gouverner d'une maniere vifible; il ne devoit pas toujours converfer avec les hommes fur la terre; après avoir donné fon fang pour leur falut, il devoit monter au ciel pour y placer fon humanité fainte à la droite de Dieu fon pere. Les apôtres qu'il avoit choi fis pour être les pafteurs de fon églife, étoient fujets à la mort. Il falloit qu'il y en eût après eux qui de fiecle en fiecle fe fuccédaffent les uns aux autres, & formaffent jufqu'à la fin du monde cette partie de l'églife de Jéfus-Chrift qu'on appelle l'églife enfeignante.

Or cet ordre dont la raison même

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