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extérieur, un spectacle qui frappe & qui inftruife? ne l'avoit-il pas prefcrit fous cette loi où il avoit daigné déterminer lui-même la pompe des riches ornemens du grand prêtre, la forme des vêtemens des lévites, l'ordre des facrifices divers, cette multitude d'observances légales & de rits facrés?

En effet, tout ce qui tient à la religion ne doit-il pas être tiré hors du cercle des chofes du fiecle, des ufages ordinaires de la vie? L'homme ne fe prend-il pas par les fens, & ne font-ce pas les impreffions que font fur lui les objets extérieurs qui aident à réveiller fes fentimens, à élever fon ame?

Les fouverains s'attirent les hommages de leurs fujets, & affermiffent leur fidélité par la fplendeur du trône; les magiftrats fe font refpecter des peuples par la majefté de leur extérieur. Ainfi les miniftres du Seigneur doivent exprimer la gloire de leur divin maître, la folemnité de fes fêtes, la différence des tems de joie, de pénitence, qu'elles ramenent chaque année, par les objets divers qu'ils mettent fous les yeux des fideles.

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Vous en ferez vous-même, Monfieur édifié, confolé, touché, quand vous aurez le bonheur d'être réuni à la fainte églife, & vous bénirez Dieu de lui avoir inspiré d'établir tout cet augufte cérémonial.

Pour entrer en quelque détail fur les obfervances que les prétendus réformés ont le plus critiquées, le figne de la croix, par exemple, qu'ils ont pris en horreur, eft un ufage des premiers fiecles, dont parle Tertullien, qui rappelle aux chrétiens la profeffion de leur foi, qui confacre à Dieu toutes leurs œuvres, & qu'on ne peut blâmer, ce femble, que par humeur, ou efprit de parti.

L'ufage de la langue latine dans la célébration du fervice divin a fur-tout déplu aux proteftans, il ne faut pas s'en étonner, puifqu'ils abandonnoient l'églife latine; mais ils n'ont rien pu oppofer de folide à cette pratique : l'églife n'emploie l'idiome latin que dans fa liturgie & l'adminiftration des facremens; toutes les inftructions se font en langue vulgaire. Si l'on s'imagine d'abord quelque avantage, à ce que le peuple entende les termes qui compofent la liturgie & les pfeaumes de David, les traductions en font, fur-tout en France, répandues de toutes parts, & tous ceux qui favent lire peuvent en ufer à leur gré.

Mais cet avantage prétendu ne difparoît-il pas dès qu'on lui oppofe les inconvéniens réels qu'entraîneroit la néceffité de tout traduire, non feulement en toutes les langues, mais en tous les jargons des villes & des campagnes; celle de

retoucher enfuite ces traductions, puisque toutes les langues vivantes changent fans ceffe? Qui feroit donc chargé de ces travaux , qui pourroit s'en acquitter avec fuccès? Et dès qu'on ne conferveroit plus les mêmes termes, que d'incongruités ne verroit-on pas fe gliffer néceffairement dans les verfions!

Les calvinistes en ont eux-mêmes fourni fans le favoir un exemple frappant. Leur traduction des pfeaumes, de Marot & de Beze, qu'ils ont faifie d'abord avec tant de complaifance, dont ils ont donné tant d'éditions, & qu'ils ont fait fpécialement imprimer à la fin de leur bible de Geneve de 1685, n'eft-elle pas aujourd'hui comme hors d'ufage par fon ftyle & fes termes devenus gothiques & burlesques ?

Pourroit-on par exemple s'accoutumer à entendre chanter la verfion fuivante de ce verfet du pfeaume Miferere?

» Lave-moi, Sire, & relave bien fort » De ma commife iniquité mauvaise; >> Et du péché qui m'a rendu fi ord, » Me nettoyer d'eau de grace te plaise.

Que dire de cette ftrophe du pfeaume 81?

» Ouvre feulement

»Ta bouche bien grande

» Et foudainement

» Ebahi feras,

» Que tu la verras

» Pleine de viande.

Comme auffi de ces trois vers du même

pfeaume,

» Je t'ai exaucé,

» Me tenant muffé

» Dedans mon tonnerre.

Trouvera-t-on édifiant ou ridicule d'entendre un gros miniftre entonner cette ftrophe du pfeaume 102?

» Je fuis au butor femblable
» Du défert inhabitable:

Et une jeune perfonne poursuivre dans un coin du temple.

» Je fuis comme la chouette
» Qui fait au bois fa retraite.

Ces traits font cependant des deux hommes les plus célebres, & je pourrois en citer une multitude de pareils.

Un même langage au contraire confacré par la plus haute antiquité, autorisé par l'églife, conferve inviolablement & fans.

aucune altération la pureté du dogme, l'unité de difcipline & de croyance; il devient toujours plus refpectable; fon univerfalité rend le fervice facré uniforme parmi tous les fideles, de quelque nation qu'ils foient & en quelque région de l'univers qu'ils puiffent fe trouver: n'eftil pas, par la réunion de toutes ces raifons, plus majestueux, plus digne de Dieu & plus convenable à l'églife univerfelle?

Vainement m'étendrois-je ici fur d'autres parties du cérémonial de l'églife catholique, l'ufage des cierges & de l'encens, le fon des cloches varié fuivant la diverfité des fêtes, le concours des proceffions, &c. les prétendus réformés ne fe font élevés contre ces pratiques de religion que parce qu'il étoit de l'intérêt de leur caufe de les critiquer; elles font toutes pieufes, anciennes, propres à ranimer la foi, à infpirer la ferveur. Si les calviniftes ne ceffent de dire que le papisme en eft accablé; les luthériens leurs confreres, les anglicans fur-tout, qui en ont confervé la plus grande partie, leur reprochent, avec bien plus de fondement, que leur culte facré en eft trop dépouillé.

Vous en jugerez bientôt vous-même Monfieur, & quand après vous être réuni à l'églife catholique vous aurez affifté habituellement au faint facrifice & à nos

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