Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ciens fe font trompés, & en conféquence je foutiens qu'il ne faut pas les imiter.

Ils le faifoient pour foulager leur douleur.... c'est que des chrétiens eurent honte de ne pas montrer pour leurs défunts des fentimens & des foins que montroient les païens mêmes.

Mais la plus légere prudence fuffit, ajoute-t-il, pour reconnoître que tout ce qu'on lit à ce fujet chez les anciens eft accordé aux ufages du tems & à la fottife du vulgaire : ils ont été, j'en conviens, entraînés dans l'erreur, parce qu'une crédulité inconfidérée prive Jouvent les hommes de fens.

Et pour donner enfuite un exemple illuftre de cette condefcendance aux erreurs vulgaires.

Auguftin, dit-il, rapporte dans le livre de fes confeffions que Monique fa mere l'avoit prié avec beaucoup d'ardeur de faire mémoire d'elle à l'autel, en célébrant les myfleres après fa mort; c'étoit un defir de vieille femme pour lequel fon fils par une affection naturelle 'ne fe régla pas fur l'écriture, voulant le faire trouver

bon aux autres.

Auffi fon livre, du foin qu'on doit avoir des défunts, eft fi froid que fa feule lecture doit éteindre toute la chaleur du zele infenfé qu'on pourroit avoir pour le foulagement des défunts.

Je conviens au reft, que les anciens auteurs eccléfiaftiques ont regardé les prieres pour

les morts comme des œuvres de piété ; mais il faut fe régler fur l'écriture (a).

Mais ne font-ce pas là des infultes faites bien gratuitement à Ste. Monique, à S. Auguftin & à toute l'antiquité chrétienne, jufqu'aux apôtres : ce font tous, fuivant Calvin, des hommes qui fe trompent, entraînés par une fotte crédulité; lui feul eftil donc un ange infaillible?

Ecoutons-le lui-même, cet Augustin, & voyons dans fes autres ouvrages s'il parle par complaifance pour fa vieille

mere.

Il eft hors de doute, dit-il, que les morts font fecourus par les prieres de la Ste. églife, par le facrifice falutaire, par les aumônes diftribuées à leur intention, afin que Dieu les traite avec plus de miféricorde, que ne mériteroient leurs péchés; car l'églife obferve par toute la terre, le tenant de la tradition des peres, qu'il foit fait mémoire au facrifice de ceux qui font morts dans la communion du corps & du fang de Jésus-Chrift, & que ce facrifice foit offert pour eux; mais je dis pour ceux qui ont tellement vécu que les œuvres de piété puiffent leur être utiles après leur

mort.

Que les chrétiens rendent donc à leurs proches décédés les honneurs de la fepulture, qu'ils

(a) Calv. Inftitut. 1. 3, ch. 5, n. 19.

leur faffent conftruire des tombeaux.... mais qu'ils aient encore bien plus de foin de faire pour eux plus abondamment des prieres des offrandes, des aumônes, parce que ce font ces œuvres faintes qui aident véritablement leurs ames (a).

C'est ce qu'il répete en d'autres termes, mais toujours avec la même énergie, dans ce livre célebre qui paroît fi froid à Calvin.

De nos jours, des docteurs catholiques pourroient-ils parler de ce point de croyance en termes plus exprès? Ici la tradition eft donc auffi formelle que l'écriture, & l'église grecque eft d'ailleurs conftamment d'accord avec la latine.

Je vous le demande à préfent, Monfieur, après ce concours fi conftant, fi uniforme de l'écriture & de la tradition pour établir le purgatoire & l'utilité de la priere pour les morts, que peut-on penser de ce texte de Calvin, le purgatoire eft une pernicieuse invention de fatan, qui détruit les mérites de la paffion de Jésus-Chrift, fait une injure atroce à la miféricorde divine, & eft contraire à la foi (b)?

Comment les calviniftes ont-ils ofé inférer dans leur confeffion de foi cet article

(a) Aug. ferm. 172. de verbis Domini.

(2) Calv. Inftit. liv. 3, ch. 5.

XXIV: le purgatoire eft une invention fortie de la boutique de fatan? Il faut plaindre leur ignorance; mais peut-on excufer leur témérité ?

III. Mais la raifon feule ne montre-t-elle pas que l'existence du purgatoire eft une conféquence néceffaire des vérités fondamentales du chriftianifme?

L'ame eft immortelle : celle du pécheur qui meurt dans la difgrace de Dieu par le péché mortel eft féparée de lui pour toujours & abymée dans les enfers: mais toutes celles qui fortent de ce monde fans péché mortel, doivent-elles être admises fur le champ à la gloire du paradis?

Rien de fouille ne peut y entrer, fuivant le témoignage de l'écriture (a), & ce n'eft pas dans ce royaume de Dieu qu'on peut faire pénitence; cependant des ames à qui le péché mortel a été pardonné, ne doiventelles pas fouvent y être encore foumises?

Vous avez reconnu, Monfieur, que Dieu prefcrivoit pour ces péchés pardonnés une mesure de peines temporelles à expier; mais j'ajoute à tout ce que je vous ai dit à cet égard cette réflexion bien frappante.

Quelle différence immenfe entre les ames à la mort, même entre celles qui

(a) Apocal.

échappent à l'enfer ! & comment le jufte juge pourroit-il les traiter toutes, au moment qu'elles paroiffent devant lui après la mort pour être jugées, avec une entiere égalité ?

Deux hommes meurent en même tems, l'un a toujours mené la vie la plus pure, la plus pénitente, & Dieu lui a de plus ménagé pour le fanctifier davantage les humiliations, les perfécutions, les maladies, les croix de tous les genres les plus accablantes: l'autre au contraire, a vécu dans les délices, les fuccès, les félicités du monde, & a toujours été plongé dans l'abyme de tous les vices: chaque jour multiplioit fur lui des péchés fans nombre, des crimes, des forfaits, comme auffi des fautes vénielles à chaque moment: cependant par un coup merveilleux de la grace du Tout-Puiffant, il fe convertit fincérement à Dieu, & muni des facremens de la fainte églife, auffi-tôt après les avoir reçus il expire.

Quoi! il n'y aura entre eux aucune différence, ils entreront au ciel l'un à côté de l'autre, ils verront Dieu fur le champ tous les deux, & ce voluptueux converti ne fera jamais aucune pénitence pour fes péchés mortels innombrables, pour fes péchés véniels plus multipliés encore, dont la malice approchoit fi fouvent de celle du

« ZurückWeiter »