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C'eft ainfi que le pécheur eft enfuite armé contre la tentation, préfervé de la rechûte, animé à la perfévérance.

4°. Après tout, Dieu exerce à cet égard un fouverain empire; il met au pardon qu'il daigne accorder, les conditions qu'il veut: on voit combien elles font juftes; mais fa volonté eft la regle des chofes, il nous fuffit qu'il ait révélé qu'elle eft telle.

5°. La conformité que le chrétien eft obligé d'avoir avec Jésus-Chrift forme encore ici une preuve bien décifive: Quoi ! il a fallu, dit l'écriture, que l'innocent fouffrit pour les coupables, & qu'il fouffrit jufqu'à la mort de la croix, il l'a fallu pour qu'il entrát ainfi dans fa gloire (a). Des ingrats, des perfides qui après le baptême, ont à fon égard violé leurs fermens, n'auront aucune part à fes douleurs? & que deviendra donc la maxime de S. Paul que je vous ai déja citée, nous fommes les cohé ritiers de Jésus-Chrift, pourvu que nous fouffrions avec lui (b).

6°. Et n'eft-ce pas là d'ailleurs ce qu'exige l'économie générale du falut?

L'homme n'eft point un automate: il a reçu de Dieu la liberté, il eft capable de

(a) Luc. 24, 26.
(b) Rom, 8, 17. -

bien & de mal en conféquence fi Dieu lui propose un bien immense, un bonheur éternel, il exige de lui, pour y parvenir, les plus grands efforts, & cette volonté fe manifefte à tous égards.

Il eft riche & libéral; les bienfaits ne lui coûtent rien: cependant il veut que l'homme les demande, & que pour les obtenir, il le prie fans ceffe.

Jéfus-Chrift a bien voulu devenir fon médiateur, & le chef de tous les chrétiens, il veut cependant qu'ils joignent à fa médiation les prieres qu'ils lui adreffent tous les uns pour les autres.

que

C'eft ainfi qu'il a fatisfait pour eux, & néanmoins il veut qu'ils expient, par des peines particulieres, les péchés qu'ils commettent après le baptême, uniffant leur fatisfaction à la fienne, dont elle tire tout fon mérite.

Quoi de plus fimple, de plus jufte, de plus conféquent ?

LE PROTESTAN T.

Tant de preuves réunies me frappent beaucoup: c'est même là le jugement que porteroient tous les hommes de bon fens fur les injures qui leur feroient faites à eux-mêmes.

Un pere pardonnera entiérement une premiere fois à fon fils; s'il retombe dans

des fautes grieves, il lui montrera enfuite plus de févérité; autrement on dira qu'il eft trop bon, qu'il manque de prudence: mais en Dieu rien ne manque; la justice & la bonté marchent toujours ensemble & d'un pas égal, ainfi que fes autres

attributs.

Mais je vois bien que ce premier point va vous conduire au fecond; s'il y a une mesure de pénitence fixée par la justice de Dieu à tous les pécheurs, ainfi qu'on ne peut s'empêcher de le reconnoître, il faudra bien que celui qui ne l'aura pas remplie dans ce monde, la rempliffe dans l'autre, & n'eft-ce pas là ce purgatoire contre lequel nos miniftres s'élevent avec tant de feu?

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, l'un dépend néceffairement de l'autre : vous avez dit là en deux mots tout ce que l'églife enfeigne de la fubftance du purgatoire, Dieu n'ayant pas fpécialement révélé la nature, la durée & les autres circonstances de cette pénitence, réglée après la mort fur les droits rigoureux de fa juftice.

Mais indépendamment de cette néceffité d'achever de remplir après la mort la jufte mesure de pénitence qui ne l'auroit pas été pendant cette vie (ce qui n'auroit

pas befoin de nouvelle preuve), l'existence du purgatoire eft d'ailleurs clairement établie par l'écriture, la tradition & la raifon même.

I. Judas Macchabée, lifons-nous dans l'un des livres facrés qui portent fon nom, ayant recueilli dans une quête deux mille drachmes d'argent, il les envoya à Jérusalem afin qu'on offrit un facrifice pour les perfonnes décédées... C'est donc une fainte & falutaire pensée de prier pour les morts, afin qu'ils foient délivrés de leurs péchés (a).

Ce ne font pas fans doute les péchés mortels des défunts, dont les prieres des vivans peuvent obtenir la délivrance, puifque ces péchés les auroient précipités à jamais dans les enfers; mais ce font des péchés véniels, ou des péchés mortels pardonnés, c'est-à-dire, ce font les peines qui refteroient à fubir pour ces péchés divers, dont les prieres peuvent procurer la rémiffion.

Ici les prétendus réformés n'ont point trouvé d'autre réponse que de rejeter du nombre des livres facrés ces deux livres des Macchabées, malgré le consentement des églifes grecque & latine, qui les ont toujours reconnus pour canoniques.

S. Paul rend aufi témoignage de ce

[(a) 2. Macch, 12, 43.

même ufage de faire de bonnes œuvres pour les morts: voici fes termes.

Autrement que feront ceux qui font baptifés pour les morts, fi les morts ne reffufcitent point, & pourquoi font-ils baptifes pour eux? (a) Les commentateurs ne s'accordent pas fur ce que pouvoit être ce baptême qu'on recevoit pour les morts; mais en quelque fens qu'on veuille le prendre, il réfulte au moins de ces paroles de l'apôtre, que l'on faifoit alors des œuvres de religion pour les morts, & que par conféquent il en eft qui peuvent dans l'autre vie avoir befoin de ce fecours.

Il est une multitude d'autres paffages par lefquels les anciens peres ont prouvé le purgatoire; par exemple le verf. 4 du ch. 4 d'Ifaïe, qu'Origene & S. Auguftin y appliquent, de l'aveu même des Centuriateurs de Magdebourg, du verf. 32 du chap. 12 de S. Matthieu, que S. Auguftin entend de même, des verf. 13, 14 & 15 du troifieme chap. de la premiere épître de S. Paul aux Corinthiens, qu'Origene, S. Cyprien, S. Bafile, S. Ambroife & S. Auguftin appliquent auffi au purgatoire, &c. On peut les voir au long dans le volume des controverfes de M. le cardinal de Richelieu (b)

(Controv. 14. ch. 6. pag. 642. 43. 44 & 45% )

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