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union aux tourmens de fon divin maître.

Il dit auffi que nous fommes les héritiers de Dieu & les cohéritiers de Jéfus - Christ, pourvu que nous fouffrions avec lui, pour être enfuite glorifiés avec lui (a), c'eft-à-dire que nous uniffions nos œuvres fatisfactoires à fa fatisfaction, dont elles tirent tout leur prix.

Il est donc conftant par l'écriture que Dieu exige une une fatisfaction pour le péché.

II. Auffi l'église, dès les deux premiers fiecles, fe montra-t-elle fi convaincue de cette vérité, que la pénitence rigoureuse & même publique devint en elle, pour les païens, le fpectacle le plus frappant.

Bientôt enfuite les déferts fe peuplerent de pénitens illuftres, qui, pénétrés de la néceffité de fatisfaire à la justice d'un Dieu irrité contre les péchés de leur vie paffée, exerçoient fur eux-mêmes les rigueurs les plus incroyables. Ne m'en demandez pas la description de toutes ces pénitences tant particulieres que publiques, prolongées pendant tant d'années & quelquefois jufqu'à la mort; elle remplit tous les monumens des premiers fiecles, les canons des anciens conciles, les écrits de tous les peres, qui ne parlent que de la fatisfaction due à Dieu, de la néceffité de cette fatisfaction, &c.

(a) Rom. 8, 17.

& quand ils ne le diroient pas expreffément, à quel deffein l'églife auroit-elle non feulement confeillé, mais rigoureufement exigé ces oeuvres fatisfactoires fi effrayantes, qu'à peine pouvons-nous les croire? Car fi je vous lifois ce qui nous refte des anciens canons pénitentiaux, qui ont cependant été exactement en vigueur dans l'églife jufqu'au dixieme fiecle, vous en feriez épouvanté.

Calvin convient de ce confentement unanime de la tradition & des peres fur la néceffité de la fatisfaction, & fe contente de dire froidement qu'ils fe font trompés: Je fuis peu touché, dit-il, de tout ce qu'ont écrit les anciens fur la fatisfaction: je vois que quelques-uns, ou pour l'avouer plus fimplement, prefque tous ceux dont les livres nous font reftés, fe font trompés fur ce point (a).

Cette fatisfaction, ajoute-t-il enfuite, qu'exigeoit l'églife, n'étoit point une réparation faite à Dieu pour le péché, mais un témoignage public que rendoient à l'églife ceux qu'elle avoit ainfi retranchés, lorsqu'ils vouloient être reçus de nouveau dans fa communion, de la fincérité de leur pénitence.... Ainfi ce n'étoit pas à Dieu, mais à l'églife qu'étoit faite cette fatisfaction.

(a) Instit. liv. 3, ch. 4, n. 38.

Je demande fi cette efpece d'interprétation a la moindre apparence de vérité. Calvin convient que l'églife croyoit que la fatisfaction qu'elle exigeoit, étoit faite à Dieu, & il veut qu'en cela elle fe foit trompée: mais fur quoi fonde-t-il fon idée, que cette fatisfaction étoit faite à l'église même? eft-ce fur tous les exemples & les textes cités de l'écriture auxquels il n'entreprend pas de répondre, & qui expriment tous manifeftement une fatisfaction faite à Dieu & non aux hommes ?

III. Mais ici le poids des raifons achevera de mettre la doctrine catholique hors de tout doute: on les trouve développées avec beaucoup de netteté dans le concile de Trente (a).

Elles font fondées fur les attributs de Dieu, la conformité que le chrétien doit avoir avec Jésus-Chrift, & l'économie générale du falut.

1o. La juftice de Dieu exige une fatisfaction temporelle pour le péché qu'il par

donne..

Tout péché mortel étant l'offense de Dieu, & la griéveté d'une offense se mefurant fur les titres de celui qui eft outragé, ce péché eft néceffairement d'une malice infinie, & mérite par-là une peine éternelle.

(a) Conc. Trid. (eff, 14, cap. 8.

Dieu veut bien la remettre au pécheur; mais la justice n'exige-t-elle pas qu'il lui impofe en échange une peine temporelle, plas ou moins forte, fuivant le nombre & la malice de fes péchés ?

Quoi, l'homme aura abufé de tous les dons de Dieu pour l'outrager, & pourra continuer à l'infulter conftamment fur la terre, en tenant jufqu'à fa mort le langage de l'impie dont parle l'écriture: J'ai péché, & que m'en eft-il arrivé? (a) Des malheureux endurcis dans leurs crimes, les auront multipliés au delà du nombre des cheveux de leur tête, & la juftice de Dieu n'exigera d'eux rien de plus fur la terre pour les expier, que de celui qui n'en aura commis qu'un feul, c'eft-à-dire, rien ni de l'un ni de l'autre ?

2o. La fageffe de Dieu l'exige de même. Il y a deux facremens pour les péchés; le baptême qui remet le péché originel involontaire, ainfi que ceux qu'on auroit commis avant que de connoître Dieu, & la pénitence qui remet ceux qu'on a commis après avoir été baptisé.

Or il étoit de la fageffe de Dieu, que dans le premier de ces facremens l'application des mérites de Jéfus - Christ fut entiere, fans l'impofition d'aucune peine

(a) Enlif. 5, 4.

temporelle, pourquoi? c'eft que l'homme étoit à Pégard du péché originel plus malheureux que coupable, ne l'ayant pas commis lui-même; que d'ailleurs il en fubiffoit l'entiere pénitence par l'épreuve des peines de cette vie, qui font la punition du péché originel; & que quant aux péchés que des adultes auront commis avant le baptême, étant devenus des hommes nouveaux par une véritable régénération, il convenoit Dieu leur pardonnât avec une entiere indulgence cette premiere fois toutes les fautes de leur premiere vie d'ignorance & de ténebres.

que

Mais après le baptême, les péchés de ces enfans de Dieu, qui ont profané en eux ce facré caractere, renfermant tant d'indignité, d'ingratitude & de perfidie, ils méritent fans doute une plus grande punition.

3o. Ici même Dieu agit auffi par bonté. Ces peines temporelles qu'il faut fubir pour le péché font un frein qui retient l'homme foible & l'empêche d'y retomber, par l'épreuve de ce qu'il en coûte pour offenfer Dieu, fuivant cette parole du prophete: reconnois, ô pécheur, combien il est amer pour toi d'avoir abandonné le Seigneur ton Dieu (a).

(a) Jër. 2, 19.

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