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une fatisfaction temporelle, une pénitence à accomplir pour ces mêmes péchés; & comme cette fatisfaction eft des trois parties du facrement la plus frappante, la plus fenfible, il en a retenu le nom.

Mais je vous ai dit que ce point de doctrine en renfermoit plufieurs, les voici :

1o. La néceffité d'une fatisfaction temporelle, ou pénitence pour les péchés commis après le baptême, même quand Dieu les pardonne.

20. L'accompliffement de cette fatisfaction dans l'autre vie pour ceux qui ne l'ont pas acquittée en celle-ci.

3o. La rémiffion que peut en faire l'églife par le pouvoir qu'elle a reçu de Jéfus-Chrift.

Ces trois points font donc la fatisfaction due pour le péché, le purgatoire & les indulgences.

LE PROTESTANT.

Monfieur, c'eft le premier point, ce me femble, qu'il faut fur-tout bien établir: les deux autres en font une fuite: mais eft-il bien vrai que Dieu exige une fatisfaction laborieufe pour les péchés commis après le baptême? Nos miniftres s'élevent fort contre cette doctrine : je leur ai entendu dire plufieurs fois, que Jéfus-Chrift avoit acquitté pleinement notre dette, que fa

fatisfaction étant d'un mérite, d'un prix infini, c'étoit méconnoître ce mérite que de prétendre fur-ajouter nos fatisfactions aux fiennes.

LE DOCTEUR.

C'étoit bien auffi à la preuve de'ce dogme capital, que je voulois, Monfieur, principalement m'arrêter; & d'abord je mets à la tête ce dogme fondamental du chrif tianifme.

Jéfus-Chrift s'immolant lui-même, a offert à Dieu fon Pere, pour tous les péchés du monde, une fatisfaction d'un prix infini, par conféquent non-feulement fuffifante, mais furabondante, & toutes les fatisfactions que peuvent faire les hommes, n'ont de mérite auprès de Dieu que leur union à celle de ce divin Sauveur. Ce principe eft reconnu des prétendus réformés, des catholiques & de tous les chrétiens.

par

Les prétendus réformés en concluent, que Jésus-Chrift ayant tout payé, il ne refte plus aucune fatisfaction temporelle à acquitter par les pécheurs, quand leurs péchés leur font remis, & qu'ainfi la pénitence ne confifte que dans le changement & les difpofitions du cœur.

L'églife catholique au contraire a toujours enfeigné qu'outre la difpofition intérieure

intérieure de l'ame, qui eft la principale partie de la pénitence, la juftice de Dieu exige du pécheur, même en lui pardonnant, une fatisfaction extérieure ; qu'ainsi en lui remettant par le facrement de pénitence la peine éternelle due au péché, il ne le difpenfe pas d'acquitter des peines temporelles, dont il connoît feul & dont il détermine la mesure.

Or je dis qu'ici la vérité de la doctrine de l'églife eft invinciblement prouvée par l'écriture, la tradition & les raifons les plus fenfibles.

I. L'écriture eft pleine d'exemples de peines impofées pour des péchés pardonnés.

Adam peche, & Dieu lui pardonne; mais à quel prix? La terre, lui dit-il, n'ouvrira plus fon fein qu'arrofée par tes fueurs, tu mourras, & tu fouffriras jufqu'à ce que tu retournes dans la pouffiere d'où je t'ai tiré (a).

En effet l'harmonie des élémens eft interrompue, les faifons ne fe fuccedent que pour faire éprouver à l'homme infortuné divers genres de douleurs, livré au dedans, , par des maux cruels, à de perpétuelles tortures, demandant au dehors à tout ce qui l'environne des fecours qu'il

(a) Gen. 3, 19.

en arrache plutôt qu'il ne les obtient; punition pour un feul péché pardonné, qui durera autant que le monde, & dont nous fommes tous les victimes.

Après la fortie de l'Egypte, les Ifraélites adorent le veau d'or, fouvent ils murmurent contre Dieu: il leur pardonne, mais il les condamne à errer pendant quarante ans dans le défert, & à ne jamais entrer dans la terre promise (a).

Nathan annonce à David que Dieu lui a pardonné fon péché, mais qu'il souffrira dans fa famille les afflictions les plus dures & les plus humiliantes (b).

Gad lui dit de la part de Dieu de choifir, pour expier l'orgueilleufe complaifance qui lui a fait faire le dénombrement de fon peuple, une famine de trois années, ou une guerre de trois mois, ou une peste de trois jours (c):

Les Ninivites font menacés pour leurs péchés d'une deftruction prochaine; pénétrés de la néceffité de fatisfaire à Dieu pour appaifer fa colere, ils prient, ils jeûnent, ils fe couvrent de facs, de cendre & de cilices (d).

Tous ces péchés font pardonnés en vertu

Num. ch. 14, v. 20, 21.

(b) 2, Reg. ch. 12, v. 10, II. (c) Paral. ch. 21, v. 12.

(d) Jonas, ch. 3, V. 5.

de la fatisfaction de Jéfus-Chrift; & cependant quelle rigoureufe pénitence Dieu n'en fait-il pas faire à ceux qui les ont commis!

Mais il va bien plus loin; il la commande au pécheur lui-même cette rigoureufe pénitence, & par conféquent elle eft bien néceffaire.

Il ordonne de faire pénitence comme les Ninivites (a).

S. Jean-Baptifte prefcrit auffi à ceux qui viennent défert, de faire de dignes fruits de pénitence (b); ce qu'il explique de l'aumône & des autres oeuvres fatisfactoires extérieures.

Convertiffez vous à moi, dit le Seigneur, de tout votre cœur, voilà la pénitence intérieure; mais enfuite il ajoute, dans les jeûnes, dans les larmes & les gémissemens... Que l'époux forte de fa couche, & l'épouse de fon lit nuptial (c): voilà les œuvres extérieures de pénitence.

S. Paul recommande auffi ces œuvres extérieures, les jeûnes, les veilles (d).

Il dit qu'il accomplit en lui-même ce qui manque aux fouffrances de Jésus-Chrift (e), c'eft-à-dire, qu'il se châtie lui-même en

(a) Matt. 12, 41. Luc. 11, 32.

(b) Luc. 3, 8 & 11.

(c) Joël. ch. 2, v. 12, 16.

(d) 2. Cor. 6, 5.

(e) Coloff. 1, 26.

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