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publique des fideles, mais fans éclat dans les maifons particulieres, on trouve cependant plufieurs témoignages décififs, tels qu'au quatrieme fiecle celui du pape Innocent I, dans fa lettre à Decentius, où il montre la différence de ce facrement d'avec ceux de pénitence & d'euchariftie, qui font auffi adminiftrés aux malades; celui de S. Auguftin, qui dit: Il faut que le malade reçoive les onctions dont parle l'écriture, (l'épître de S. Jacques dont il copie le texte) & ainfi il méritera le foulagement & la remiffion des péchés (a). S. Jean Chryfoftôme en parle de même (b) & plufieurs

autres.

Le facramentaire de S. Grégoire le grand eft auffi un témoignage authentique de la croyance de l'églife fur ce point.

LE PROTESTAN T.

Le texte de S. Jacques me paroît bien clair: d'ailleurs l'autorité de l'église de tous les fiecles, qui a conftamment adminiftré l'extrême-onction, le confentement de l'églife grecque, la décifion du concile de Trente fe réuniffent pour établir l'existence de ce facrement, je ne vois pas qu'on puiffe la contefter.

Aug. ferm. 215, de Temp.

Chryfoft. I. 5, de facerdotio, ch. 3.

Vous allez fans doute me parler de

l'ordre ?

LE DOCTEUR.

Nous avons fur ce facrement, plus clairement encore, l'écriture, la tradition & même le confentement de plusieurs des chefs de la prétendue réforme.

I. Nous lifons dans les actes des apôtres (a), que les fept premiers diacres leur furent préfentés, qu'ils firent fur eux la cérémonie extérieure de prier & de leur imposer les mains; fonction réfervée aux apôtres & enfuite aux feuls évêques leurs fucceffeurs, par un ufage qui n'a jamais été interrompu dans l'églife. L'Efprit - Saint ayant enfuite ordonné de lui féparer Paul & Barnabé pour les envoyer aux nations les apôtres jeunerent, prierent, & leur donnerent l'épiscopat par l'impofition des mains (6): modele qu'a toujours fuivi l'églife depuis, en faifant précéder les ordinations par le jeûne & la priere.

C'eft cette ordination à l'épiscopat que S. Paul rappelle à fon cher Timothée en ces termes : Je vous avertis de rallumer ce feu de la grace de Dieu, que vous avez reçu par l'impofition de mes mains (c); & encore:

(a) Act. 6, 6. (b) A&t. 13, 3.

Ne négligez pas la grace qui eft en vous, qui vous a été donnée, fuivant une révélation prophétique, , par l'impofition des mains des prêtres (a).

Or il est évident que ce rit extérieur étoit un véritable facrement, puifqu'il conféroit la grace de Dieu, & même le S. Efprit, fuivant cette autre parole adreffée auffi par S. Paul à des évêques ordonnés par l'impofition des mains des apôtres : C'est l'Elprit faint qui vous a établis évêques pour gouverner l'églife de Dieu (b).

II. Tous les premiers conciles, les plus anciens peres, parlent de l'ordination comme d'un facrement, & lui en donnent le nom : on peut voir leurs canons & leurs textes dans le premier tome du Traité de Vuitaffe, de ordine, depuis la page 17 jufqu'à la page 25.

Je ne vous citerai que ce paffage de S. Auguftin: il écrivoit contre les donatiftes, qui prétendoient qu'à la vérité par l'héréfie on ne perdoit pas le baptême, mais le droit de baptifer reçu par l'ordre du facerdoce: Qu'ils expliquent, disoit-il, comment on perd l'un, fi on ne perd pas l'autre.... Et le baptême & l'ordre qui donnent le pouvoir de baptifer, font chacun un vrai

(a) 1. Tim. 4, 14. (b) Act. 20, 28.

Sacrement

facrement, ce dont perfonne ne doute; comment peut-on donc perdre l'un fi l'on ne perd pas l'autre: il ne faut faire injure ni à l'un ni à l'autre de ces deux facremens (a).

III. Ces raifons font fi décifives, que plufieurs des chefs de la prétendue réforme ont d'abord mis l'ordination au rang des facremens.

Henri VIII, après fa féparation de l'églife romaine, fit dreffer des regles pour le gouvernement eccléfiaftique en Angleterre, & voici comment il y parle de l'ordination.

En prépofant aux églifes les miniftres, qui font les diacres, les prêtres & les évêques, on doit retenir la cérémonie de l'impofition

des mains, parce qu'il en , parce qu'il en eft fait mention થ dans les faintes écritures, & qu'elle a toujours été d'ufage dans l'églife (b).

Vous avez vu par les paffages que je vous ai cités au commencement de cet entretien, que c'étoit-là d'abord le fentiment de Luther, de Mélanthon, de Calvin & du fynode de Leipfic qui mettoient l'ordination au nombre des facremens: la force de la vérité les faifoit parler ainfi; mais ce fut enfuite l'intérêt de leur caufe qui les engagea à changer de langage.

La même autorité de l'écriture & de

(a) Auguft. liv. 2. contra Parmen, cap. 13, n. 30. (b) Ch. 6, des facrem.

la tradition, qui établissoit invinciblement que l'ordre eft un facrement, en réservoit l'adminiftration aux évêques feuls fucceffeurs des apôtres : or les prétendus réformés n'en avoient aucun dans leur fociété. Luther & Zuingle étoient prêtres; mais après eux la réforme fe trouva non plus feulement fans épiscopat, mais même fans facerdoce: comment donc auroit-elle pu reconnoître alors un Jacrement de l'ordination?

Luther, comme je vous l'ai dit, avoit bien ofé, en vertu d'un prétendu pouvoir reçu immédiatement de Dieu, établir Nicolas Armfdorf, évêque de Naumbourg; mais il n'y avoit pas d'apparence qu'il fe trouvât jamais un autre homme affez hardi pour donner un nouvel exemple d'une telle entreprise; les réformés furent donc forcés, malgré tout ce qu'ils avoient dit d'abord, de laiffer difparoître à petit bruit avec les degrés divers d'ordination & de miffion eccléfiaftique, le facrement même de l'ordre & de n'en plus parler; mais leur filence anéantira-t-il un point de croyance & de difcipline fi conftamment établi?

LE PROTESTAN T.

Non, Monfieur, je ne vois pas qu'on puiffe le penfer.

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