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ONZIEME ENTRETIEN.

Nombre des facremens en général, & leur inftitution faite par Jésus-Chrift. Néceffité de reconnoître les facremens de confirmation, d'extrême-onction, d'ordre, de mariage & de pénitence.

LE DOCTEUR.

Je me fuis étendu dans nos deux précé

dens entretiens fur tous les points de doctrine qui ont rapport à l'eucharistie; nous avons à conférer aujourd'hui fur les autres facremens.

L'églife catholique en a toujours reconnu fept; le baptême, la confirmation, l'euchariftie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre & le mariage.

Les chefs de la prétendue réforme admirerent d'abord ce nombre ; mais enfuite iis varierent, & rejeterent tantôt les uns tantôt les autres.

Je ne condamne pas, difoit Luther, les fept facremens; mais je nie feulement qu'on puiffe les prouver par l'écriture (a)

(a) Lib, de captivit. Babyl, de confirmat.

Auffi Sleidan, zuinglien & enfuite luthérien, rapporte-t-il dans fon hiftoire qu'il fut arrêté au fynode de Leipfic, tenu en 1548, trente ans environ après la naiffance de la réforme, qu'on recevroit les fept facremens de l'églife (a).

Luther, qui en retrancha enfuite quel ques-uns, perfifta pendant quelque tems à retenir au moins la pénitence.

que

Nous confeffons volontiers, dit-il, la pénitence eft un facrement, avec la vertu des chefs qui abfolvent; car elle a la promeffe & la foi de la rémiffion à cause de JésusChrift (b).

,

Je fuis grandement d'avis, difoit Mélancthon, qu'on y ajoute l'ordination comme on dit, c'eft-à-dire, la vocation au miniftere évangélique (c).

Zuingle vouloit qu'on retînt fpécialement le mariage (d).

Calvin toujours fertile en expreffions qui ménageoient des reffources pour les variations futures, reconnoiffoit deux facremens communs à toute l'églife (e): ce font les termes exprès qu'employerent les prétendus réformés de France, & qu'on trouve dans leur confeffion de foi art. 35,&

(a) Sleidan. hift. liv. 20.

(b) In affertionibus contra Lovanienfes. A. 35.
(c) Mel. in locis editis cap. de numero facrament.
(d‍) Zuing, ch. du mariage.

(e) Inftit. liv. 4, cap. 14, n. 20.

dans leur grand catéchisme dim. 48. Calvin fe réservoit par-là la liberté d'en admettre de particuliers, & fpécialement il reconnut l'ordination, au moins en un certain fens.

Enfin Daillé dans fon apologie approuvée par les trois autres miniftres fes confreres, dit, plutôt peut-être pour couvrir ces variations qu'avec fincérité, le nombre des véritables facremens eft de nulle ou de très-peu d'importance (a); comme s'il pouvoit être indifférent d'admettre ou de rejeter quelqu'un des moyens établis par Jésus-Chrift pour fanctifier les hommes.

Il n'eft pas étonnant au refte, que ceux qui n'avoient plus aucune regle fixe de croyance, variaffent entr'eux & même que chacun d'eux changeât d'opinion dans des tems divers fur ce point comme fur tous les autres.

Aujourd'hui les calviniftes ne reconnoiffent dans le fait que deux facremens le baptême & la cene.

On peut donner une premiere preuve générale de l'existence des fept facremens; la voici.

Qu'est-ce que les facremens?

Ce font des fignes fenfibles, des rits extérieurs, que Dieu a établis pour communiquer fa grace aux hommes.

(a) Contr, de Rich, p. 691.

Cette définition eft commune aux catholiques & aux prétendus réformés, c'est celle qui fe trouve dans leur grand catéchifme aux dimanches 46, 47 & 49, ainfi que dans celui du concile de Trente.

Or le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre & le mariage font des rits extérieurs, que Dieu a établis pour communiquer fa grace aux hommes.

Ce font donc là fept facremens.

Il n'y a point de difficulté fur le baptême & l'euchariftie; tous les prétendus réformés reconnoiffent que ce font des facremens.

L'ufage conftant de l'églife, fa décision expreffe, & le confentement de l'églife grecque, montrent qu'il en eft de même des cinq autres.

I. Oui, il eft conftant que depuis les apôtres jufqu'à Luther, & enfuite jufqu'à-préfent, l'églife a toujours mis en ufage ces cinq rits extérieurs, comme établis de Dieu pour communiquer fa grace

aux hommes.

Ce fait eft établi par les écrits des peres de tous les fiecles, les canons des conciles, &c.

Je vous rapporterai leurs textes en grand nombre, quand je traiterai de chacun de ces facremens en particulier.

II. Le concile de Trente l'a expreffément décidé en ces termes, fi quelqu'un dit que les facremens de la nouvelle alliance n'ont pas été inftitués par Jésus-Chrift ou qu'il y en a plus ou moins de fept,... qu'ïl foit anathême (a).

III. L'églife grecque, ainfi que je vous l'ai dit en parlant de l'euchariftie, s'eft malheureusement féparée de l'églife latine au neuvieme fiecle par le fchifme de Photius depuis ce tems elle n'a affurément rien pris d'elle; cependant elle a toujours reconnu & administré, ainsi qu'elle le fait encore, les fept facremens, parce qu'elle les tient des apôtres par la fucceffion non interrompue qui remonte jufqu'à eux: & c'eft un fait conftant.

LE PROTESTANT.

Mais, Monfieur, j'ai remarqué que dans la définition que vous avez apportée des facremens, il eft exprimé qu'ils font inftitués de Dieu; eft-il bien certain que ce foit Jésus-Chrift qui les ait tous établis ?

LE DOCTEUR.

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Oui, Monfieur, cela eft très-certain: F'évangile rapporte en termes formels l'inf

(4) Conc. Trid. feff, 7y cani-xı

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