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Je reprens chacun de ces paffages. I. Quant aux paroles de l'institution de l'euchariftie, Jéfus-Chrift établit alors, comme je vais bientôt vous le montrer le facrifice perpétuel de fon corps & de fon fang; il parle à fes feuls apôtres qu'il en fait les miniftres: il faut bien qu'eux & leurs fucceffeurs confacrent le pain & le vin, & participent aux deux fymboles. Mais il n'eft pas question dans ces textes, de la diftribution de l'euchariftie aux fimples fideles: cette diftribution fous l'une ou l'autre des efpeces, ou fous toutes les deux, devient, dès qu'on reconnoît la préfence réelle, un point de difcipline, qui peut varier & que l'églife a droit de régler, fuivant la diverfité des tems, des âges, des états & des autres circonstances.

II. Si Jéfus-Chrift a parlé une fois dans le chapitre VI de S. Jean, de manger & de boire pour avoir la vie, quatre fois dans ce chapitre & en ce même difcours il a attribué cette vie à la feule manducation.

Si quelqu'un, dit-il v. 52, mange de ce pain, il vivra éternellement.

Le pain que je vous donnerai (Ibid.) c'est ma chair, pour la vie du monde; celui qui mange de ce pain (v. 59) vivra éternellement.

Celui qui me mange (v. 58) vivra pour

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moi. Comment faut-il donc, pour concilier ces textes, entendre les paroles du v. 54, qui donnent lieu à l'objection? comme tant d'autres où la particule & rend le même fens que la particule ou par exemple, fi quelqu'un, dit la loi, Exod. 20. 5. frappe fon pere & fa mere qu'il foit puni de mort: pour encourir la peine, il n'étoit pas néceffaire de les avoir frappés tous les deux.

Il est évident d'ailleurs, que l'églife l'a toujours ainfi entendu, puifque quand elle ne donnoit aux malades que l'efpece du pain, elle n'entendoit pas les exclure par-là de la vie éternelle.

C'est pourquoi S. Paul emploie dans le même texte, 1. Cor. 12, 26 & 27, les deux particules & & ou, dont la premiere rend le fens de la feconde : après avoir dit: Toutes les fois que vous mangerez ce pain, & que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur; il ajoute auffitôt: C'eft pourquoi quiconque mangera ce pain, ou boira le calice du Seigneur indignement, fera coupable du corps & du fang du Seigneur.

Mais voici à préfent d'autres paffages de P'écriture, qui favorifent clairement la participation à la fainte euchariftie fous une feule efpece.

Les peres & les interpretes.conviennent que la fraction du pain à laquelle les dif

ciples d'Emmaüs reconnurent leur divin maître, étoit l'euchariftie; or ils n'y participerent que fous le fymbole du pain. Voici le texte : Etant à table avec eux, il prit le pain, il le bénit, & l'ayant rompu, il le leur donna: en même tems leurs yeux s'ouvrirent, ils le reconnurent; & il difparut de devant eux (a). Voilà donc l'euchariftie reçue des mains mêmes de Jéfus - Chrift fous la feule efpece du pain.

Nous lifons dans les actes des apôtres, ch. 20, que S. Paul étant à Troade un jour de dimanche, il rompit le pain; & Calvin avoue que cette fraction du pain étoit l'euchariftie: cependant il n'eft fait dans tout le texte aucune mention du vin.

LE PROTESTANT.

Il ne me refte, Monfieur, aucune difficulté fur la communion fous une feule efpece. Voyons le dernier article qui nous reste à examiner ; le facrifice euchariftique, le facrifice de la meffe; c'est un dogme de l'églife romaine contre lequel j'ai été fort prévenu.

LE DOCTEUR.

Je n'en fuis pas furpris; accoutumé à croire qu'il n'y a dans l'euchariftie que du

pain & du vin, vous n'avez garde d'y trouver un facrifice. Mais fi Jésus-Chrift y eft réellement préfent, il eff certain qu'il s'y offre à Dieu fon pere pour le falut des hommes, & que fon oblation a toutes les qualités d'un vrai facrifice. Cette vérité eft clairement établie par la confécration de l'euchariftie & par fon oblation.

I. Je dis d'abord par fa confécration, qui eft réservée aux miniftres de la religion, fucceffeurs des apôtres, à qui feuls JéfusChrift a donné le pouvoir de changer le pain & le vin en fon corps & fon fang.

En effet, auffi-tôt que le prêtre a prononcé les paroles de la confécration, notre Seigneur eft préfent fur l'autel, & fa préfence feule eft déja le commencement de fon oblation, parce qu'une oblation eft cenfée offerte dès qu'elle eft fur l'autel. Mais ce qui confomme fon oblation, c'est la maniere dont il y eft, c'est-à-dire, l'état de victime. Il n'eft point dans l'euchariftie dans un état naturel comme il eft dans le ciel, & cette maniete dont il eft fur l'autel eft, felon la pensée de Tertullien, l'oblation la plus parfaite. Il s'offre donc réellement dans l'euchariftie. J'ajoute que cette oblation a toutes les qualités d'un vrai facrifice. Une victime eft facrifiée lorsqu'il fe fait en elle un

changement, & qu'elle eft confacrée à Dieu d'une maniere particuliere: JéfusChrift eft fur l'autel comme dans un état de mort, & comme anéanti fous les efpeces du pain & du vin: il offre en facrifice le même corps qu'il a offert fur la croix, & l'euchariftie eft la continuation du facrifice fanglant qu'il offrit pour la rédemption de tous les hommes.

Auffi ces idées viennent-elles comme d'elles-mêmes, & font-elles en effet venues dans l'efprit des chrétiens de tous les fiecles, de tous les peres: car dès qu'on a parlé de l'eucharistie, on a appellé la table où on la confacroit, un autel; fon miniftre, un prêtre; & l'action même, un facrifice.

II. La réception de l'euchariftie prouve auffi qu'elle eft un facrifice; c'eft pour nous faire participer à fon ineffable facrifice, que Jefus-Chrift nous ordonne de manger fa chair adorable. Les Juifs mangeoient la chair des animaux qui avoient été immolés & offerts pour eux; c'étoit une marque de la part qu'ils avoient au facrifice. Mais Dieu leur avoit défendu de manger des victimes qui avoient été offertes pour leurs péchés, voulant leur apprendre que les facrifices de l'ancienne loi ne pouvoient par eux-mêmes expier les crimes: par une raifon contraire, Jésus-Chrift a voulu que nous mangeaffions fon corps immolé &

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