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Dans une multitude d'autres circonftances, on l'adminiftroit fous la feule espece du pain. S. Denis d'Alexandrie attefte que le vieillard Serapion, fimplement malade, la reçut ainfi, ce qui étoit de fon tems fort en ufage (a).

On confioit de même l'euchariftie aux chrétiens, dans le tems des perfécutions, fous la feule efpece du pain, & le fait eft reconnu. Il en étoit de même dans un grand nombre de cas; S. Ambroife témoignoit dans l'oraison funebre de fon frere S. Satire, que fuivant l'ufage de fon tems, on lui avoit accordé de porter avec lui l'eucharifie, dans un voyage périlleux, & que le vaiffeau où il étoit, étant prêt à faire naufrage, il fe jeta lui-même dans la mer ayant attaché à fon cou le linge qui enveloppoit ce précieux dépôt, & avoit ainfi fauvé fa vie.

S. Léon, dans un décret rapporté par Gratien, ordonne de donner aux fideles les deux efpeces aux meffes folemnelles pour découvrir les Manichéens, qui s'abftenoient de celle du vin; ce qui démontre que l'ufage de communier fous les deux efpeces n'étoit pas général.

S. Jérôme rapporte qu'il y avoit à Rome des vierges qui craignant le goût &

(b) Euseb. Hist, eccles. liv. 6. ch. 44.

l'odeur du vin, ne communioient que sous l'efpece du pain.

Suivant un ufage confacré au quatrieme fiecle par le concile de Laodicée, obfervé de tous les tems, fréquemment dans l'églife grecque pendant le carême, & encore de nos jours dans l'églife latine, chaque année, le vendredi faint, à la meffe qu'on appelle des préfanctifiés, le prêtre ne prend lui-même que l'efpece du pain.

J'omets une foule d'autres exemples que je pourrois ajouter; & vous voyez que quoique pendant long-tems l'ufage le plus général ait été dans l'églife de donner la communion fous les deux efpeces, il étoit cependant fort ordinaire d'y participer fous une feule.

II. J'ajoute à préfent que l'église a eu les raifons les plus folides pour fixer la pratique actuelle, de donner la communion fous la feule efpece du pain.

Elle l'a pu fans doute, puifque c'est ici un point de pure difcipline, qui ne peut porter aux fideles aucune forte de préjudice, puifque Jéfus-Chrift fe donnant à nous dans l'état de fa vie reffuscitée, il eft néceffairement tout entier fous chacune des efpeces, & par conféquent nous recevons autant en participant à l'une des efpeces que fi nous participions à toutes les deux.

Dès lors l'église a pu changer cet ufage, qui n'a de rapport qu'avec la difcipline, ainfi qu'elle a changé celui de donner l'euchariftie aux enfans, aux chrétiens perfécutés, aux voyageurs, & à tant d'autres.

Mais il convenoit de fixer l'ufage actuel. Il étoit très-difficile de conferver l'efpece du vin fans altération, bien plus difficile encore de la diftribuer fans des dangers d'effufion & d'indécences. Il y a d'ailleurs des lieux où le vin eft fort rare, très-cher, où les églifes pauvres auroient peine à s'en pourvoir.

Ces raifons & plufieurs autres avoient infenfiblement rendu l'ufage de ne communier que fous l'efpece du pain très-commun; & S. Thomas, docteur de l'églife, qui vivoit il y a environ fix fiecles, enfeigne qu'il eft permis de communier ainfi, que c'étoit, de fon tems, l'ufage de beaucoup d'églifes.

&

Cependant la pratique de l'église devoit être uniforme fur un point de cette importance; & c'eft pourquoi les difciples de Jean Hus, qui avoit avancé plufieurs points de doctrine oppofés à la croyance de l'églife, ayant foutenu les premiers que les fideles étoient obligés de communier fous les deux efpeces, le concile œcuménique de Conftance, tenu en 1414, condamna les erreurs de cet héréfiarque,

refufa à fes fectateurs le rétabliffement de la coupe, qu'ils avoient demandé, & fur ce qu'ils avoient ofé traiter de facrilege l'ufage de ne communier que fous une efpece, le concile les déclara hérétiques. Depuis ce tems, l'ufage déja introduit de ne diftribuer l'euchariftie aux fideles que fous l'efpece du pain, a été fuivi conftamment & irrévocablement dans l'église. Enfin le concile de Trente en fa 21eme. feffion après avoir répondu, dans le chapitre premier, aux objections que les prétendus réformés avoient propofées fur ce point a frappé d'anathême par fes canons I & 2, ceux qui diroient que les fideles font obligés de communier fous les deux efpeces, ou que l'églife n'avoit pas eu de bonnes raifons pour leur permettre de ne le faire que fous une feule.

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Mais ce qui eft bien remarquable, c'est que les prétendus réformés font, fur ce point, comme fur tant d'autres, revenus d'eux-mêmesà la doctrine catholique: c'eft la difpofition précife de l'article VII de leur difcipline, rédigée au fynode de Poitiers tenu en 1560, la voici: On doit adminiftrer le pain de la cene à ceux qui ne peuvent boire du vin, en faisant proteftation que ce n'eft pas mépris,& faisant tel effort qu'ils pourront, même approchant la coupe de la bouche tant qu'ils pourront, pour obvier à tout fcandale.

Quoi! leur fynode a eu, à leur avis, affez d'autorité pour faire un tel réglement, & ils refuferont à l'églife le droit d'arrêter ce point d'ufage & de difcipline!

LE PROTESTANT.

Mais, Monfieur, vous m'avez dit que les peres du concile de Trente avoient répondu aux objections des prétendus réformés, fur le retranchement de la coupe : voudriez-vous bien, pour achever de m'inftruire fur cet article, m'apprendre quelles font ces objections, & ce qu'on peut y répondre ?

LE DOCTEUR.

Elles n'ont aucune folidité; les auteurs de la prétendue réforme les tirent de la fainte écriture, & raisonnent ainfi.

Notre Seigneur en inftituant l'euchariftie, a dit à fes apôtres en leur présentant le pain , mangez-en tous; comme auffi en leur donnant le calice, buvez - en tous: il faut donc faire l'un & l'autre.

Il avoit dit auffi, fi vous ne mangez la chair du fils de l'homme, & fi vous ne buvez fon fang, vous n'aurez pas la vie en vous (a). Donc, pour avoir cette vie, il faut recevoir le pain & le vin.

(a) S. Joan, ch. 6, v. 54.

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