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S. Céfaire d'Arles, qu'avant l'invocation du nom facré, la fubftance étoit du pain & du vin, & qu'enfuite c'étoit le corps & le fang de Jésus-Chrift.

On peut voir tous ces textes, avec bien d'autres encore, dans le traité de M. Vuitaffe fur l'eucharistie (a).

III. Mais le témoignage le plus décifif c'eft celui de l'églife grecque.

Elle s'eft malheureufement féparée dès le neuvieme fiecle de l'églife latine, par le schisme de Photius, & depuis ce tems elle n'a fans doute rien pris d'elle: cependant elle a toujours expreffément profeffé, ainfi qu'elle le fait encore, le dogme de la tranffubftantiation, parce qu'elle le tenoit avant le fchifme de la croyance primitve qui remonte aux apôtres. Ce fait a été incon teftablement établi, ainfi qu'à l'égard de la préfence réelle, fous les ordres de Louis XIV,par les déclarationsexpreffes dont je vous ai déja parlé : elles font recueillies au troifieme tome de la Perpétuité de la foi, livre 8; on les trouve auffi dans d'autres auteurs.

IV. Delà, quand Luther, par une fuite du feu qui l'animoit contre l'églife romaine, a ofé attaquer ce point de croyance, ayant à combattre tout l'univers, il a manifefté

(a) Vuit. tom. 2, pag. 316, 317, 318.

par fes variations, fon embarras & le foible de fa cause.

Vous avez déja vu que confidérant d'abord la confervation ou la deftruction du pain, comme une opinion indifférente, fur laquelle il laiffoit une entiere liberté de croyance, il a enfuite taxé d'impiété la tranffsubstantiation ; & hafardant enfuite fous une foule d'expreffions diverses, l'impanation, la companation, il n'a fu se fixer à rien de précis (a).

V. Mais enfin l'église à réglé, ainsi qu'elle peut feule le faire, fur ce point comme fur tous les autres, la croyance des fideles.

Déja le troifieme concile de Rome. tenu en 1059 contre l'erreur de Berenger, avoit expreffément défini que le pain & le vin étoient fubftantiellement convertis au corps & au fang de Jésus-Chrift.

Le concile général de Latran s'étoit servi en 1215 du terme de tranffubftantiation, en prononçant ainfi : Le pain étant tranffubf tantié au corps & le vin au fang de Jésus-Chrift.

Mais le concile de Trente a développé avec le plus grand foin ce dogme qui n'avoit pas encore été directement attaqué avant Luther; & il l'a défini en termes formels fous peine d'anathême (b).

(a) Voyez le VII. Entret. pag. 174.
(b) Conc. Trid. feff. 13. ch. 4. & can. 2.

LE PROTESTANT.

Il faut avouer que ces paroles de JefusChrift, ceci eft mon corps, expriment la tranffubftantiation. Aux textes de l'écriture vous ajoutez la tradition & la décifion expreffe de l'églife, qui, comme vous me l'avez fi bien prouvé dans notre fixieme entretien, doit fixer & régler la croyance des fideles. Je n'ai donc plus de difficulté fur la tranffubftantiation.

Ce dogme, m'avez-vous dit, eft lié avec celui de la préfence permanente de Jésus-Chrift en l'euchariftie. Voudriez-vous bien à préfent m'expliquer ce que vous entendez par cette préfence permanente?

LE DOCTEUR.

ˊ

La vérité eft toujours fimple & d'accord avec elle-même: telle eft la doctrine catholique. Dès que Jéfus-Chrift eft réellement préfent en l'euchariftie, & que le pain & le vin n'y font plus, cette eucharistie n'eft autre chofe que Jéfus-Chrift, & continue de l'être.

L'églife l'a toujours cru ainfi, & en voici les preuves démonstratives.

Dans les premiers ûecles on portoit l'euchariftie, après la célébration des faints myfteres, à ceux qui n'avoient pas pu y affifter; & S. Juftin en rend expreffément

témoignage dans fa feconde apologie pour les chrétiens. S. Cyprien (a) & plufieurs

autres auteurs anciens nous affurent auffi que dans le tems des perfécutions on la confioit aux chrétiens, qui l'emportoient chez eux pour fe fortifier par cette fainte nourriture, au moment où ils étoient faifis pour comparoître devant les tyrans.

Dans tous les tems on a confervé l'eu

charistie, pour la porter aux malades, & fur-tout à ceux qui fe trouvoient en danger de mort, ce qui par conféquent arrivoit tous les jours.

Delà, quand la paix a été entiérement rendue à l'églife, elle a établi les pieux ufages d'expofer dans les temples la fainte euchariftie au culte des fideles, de la tranfporter avec pompe dans des proceffions folemnelles; & toutes ces cérémonies ont été célébrées avec encore plus d'éclat depuis l'inftitution faite depuis tant de fiecles, de la fête du très-faint facrement & de fon octave.

L'église a donc toujours cru la présence permanente de Jésus-Chrift en ce facrement. Mais Luther ayant d'abord admis enfuite toléré, enfin condamné la destruction du pain & du vin dans l'euchariftie fe jeta par-là dans de grands embarras.

(a) S. Cypr, lib. de lapfis,

corps

Cette question, Combien de tems le de Jésus-Chrift refte-t-il avec le pain? devint un fujet de divifion entre ceux qui s'attacherent à lui. Pour combattre plus efficacement la pratique conftante de l'églife catholique de conferver l'euchariftie, ainsi que je viens de vous l'expofer, ils imaginerent de dire que le corps de Jefus-Chrift n'étoit avec le pain que dans l'ufage: mais cette expreffion étoit bien vague.

Mélanchon, fi intimement lié avec Luther, avança que comme tous les facremens confiftent dans une action, le corps de Jésus-Chrift n'étoit avec le pain que dans l'action de la cene; & Kemnitius donnant enfuite à certe expreffion plus d'étendue, l'y reconnut préfent pendant la totalité de l'action de la cene prife moralement ( a).

D'autres frappés par l'ufage conftant de l'églife dans tous les fiecles, de conferver l'euchariftie pour y recourir en tant de circonftances, porterent le tems de la préfence de Jésus-Chrift avec le pain jufqu'à trois jours; d'autres avec de Dominis pendant le temps qui s'écouloit d'une célébration publique de la cene jufqu'à l'autre (a), d'autres plus ou moins loin.

Calvin, qui favoit trouver au befoin

Kemnitius 2. parte examinis, cap. 3 & 6.

(b) De Dominis, lib. 5. ch. 6. n. 257.

dans

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