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fubftance, ils en difent d'abord plus qu'ils ne voudroient?

Au refte, il ne faut pas s'en étonner : ceux qui innovent ne peuvent pas parler à leur gré; ils trouvent des maximes établies qui les obligent à forcer leurs expreffions & leurs idées, ils n'ont pas d'abord la hardieffe de tout renverfer.

Mais quand enfuite s'en tenant plus clairement au feul fens de figure, ils ont parlé avec plus de fincérité, ils font convenus, pour me fervir encore des termes de M. Boffuet, & tes paffages en ont été très-fouvent cités, que fuppofé qu'il faille prendre à la lettre ces paroles, ceci eft mon corps, les catholiques raisonnent plus conféquemment que les luthériens (a).

En effet, comme Jéfus-Chrift dit, en inftituant le facrement ineffable, ceci eft mon corps, & qu'il ne nous appartient pas de rien changer à fes expreffions, il faut en conclure que ce qui étoit du pain & du vin, eft fon propre corps & fon propre fang.

Č'eft fon corps & fon fang d'une maniere permanente & non pas feulement pour le moment de la réception, puifque le pain & le vin n'existant plus, étant détruits par la puiffance divine, la fainte

euchariftie eft & continue d'être le corps & le fang du Sauveur. Dès qu'il y eft réellement, il faut l'y adorer, puifqu'on ne peut pas imaginer de raifon qui difpenfe de lui rendre par-tout où il eft, le culte fouverain qui lui eft dû.

Comme d'ailleurs Jéfus une fois reffufcité ne meurt plus, que fon corps ne peut plus être féparé de fon fang, il est néceffairement tout entier fous l'apparence du pain, & tout entier fous celle du vin; par conféquent on reçoit autant fous l'une que fous l'autre, fous une feule que fous les deux enfemble, ce qui autorife l'églife à permettre que les fideles ne reçoivent que l'apparence du pain.

Mais, fur-tout il y eft pour continuer à s'y offrir fans ceffe à Dieu fon pere, comme la victime de notre falut, & parlà continuer, en faveur de tous les hommes qui fe fuccéderont jusqu'à la fin du monde, de leur expliquer à chacun en particulier le mérite du grand facrifice qu'il offrit une feule fois pour eux tous fur la croix.

Voilà, Monfieur, quelles font les fuites du dogme de la préfence réelle. Voilà comme un fommaire de ce que renferme fuivant l'expreffion du Roi Prophete, ce mémorial des merveilles du Seigneur, qui, comme s'écrioit autrefois S. Auguftin avec transport:<< tout puiffant, tout intelligent,

>> tout riche qu'il eft, n'a rien pu, n'a rien » fu, n'a rien eu de plus à nous donner. »

LE PROTESTANT.

Vous réduifez donc, Monfieur, fi j'ai bien faifi ce que vous avez eu la bonté de me dire, les fuites de la préfence réelle à cinq articles.

La deftruction du pain & du vin dans l'eucharifte, la préfence permanente de Jéfus-Chrift en ce facrement. L'obligation de l'y adorer.

Le retranchement de la coupe. Enfin la vérité du facrifice euchariftique. Mais, Monfieur, le premier article n'eftil pas ce que l'églife catholique appelle la Tranffubftantiation: voudriez-vous commencer par me l'expliquer?

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, ce mot tranffubftantiation fignifie un changement d'une fubftance à une autre, & il exprime ici nettement que ce qui étoit d'abord du pain & du vin n'est plus enfuite du pain & du vin, mais le corps même & le fang de Jéfus-Chrift quoique, par la puiffance de Dieu, nos fens continuent à recevoir les mêmes impreffions que fi c'étoit encore du pain & du vin.

Ce dogme eft établi

par l'écriture,

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, par

la tradition, par le confentement de toute Féglife grecque, par l'embarras même où s'eft jeté Luther en voulant s'en écarter, enfin par la décifion de l'églife.

I. Par l'écriture. Jéfus-Chrift dit, ceci eft mon corps, qui fera livré pour vous: or s'il reftoit du pain, fi ce pain contenoit le corps de Jéfus-Chrift, s'il étoit uni à ce corps, la propofition ne feroit pas exactement vraie; il auroit fallu dire: avec ce pain, dans ce pain eft mon corps & non pas, ceci eft mon corps : en voici la

preuve.

Pour qu'on puiffe dire avec vérité, qu'une chofe contenante eft une autre chofe contenue en elle, il faut que la premiere foit faite pour contenir la feconde, ou au moins qu'elle en foit le figne reconnu voilà du vin, pourra-t-on dire en montrant une bouteille qui en eft remplie, voilà cent écus, dira-t-on en préfentant un fac d'argent; mais qu'un homme, par exemple, ait enfermé fa montre dans une petite ftatue creufe, pourra-t-il dire en faifant voir la ftatue, c'est ma montre d'or?

Or, le pain n'eft point fait pour contenir le corps d'un homme, il n'en eft en aucune forte le figne : Jéfus-Christ n'auroit donc pas pu dire, fi le pain fût resté, ceci eft mon corps.

II. Auffi tous les chrétiens jufqu'à Lu-,

ther, entraînés par la force des termes, l'avoient-ils entendu ainfi, & depuis les apôtres les peres l'ont clairement exprimé. Ils appellent tous l'euchariftie le corps de Jésus-Chrift, fa vraie chair, fans qu'aucun ait dit que le pain & le vin y ref

taffent.

Mais la plupart annoncent précisément la tranffubftantiation par leurs expreffions.

Je vous ai déja cité, en parlant de la préfence réelle, des textes de S. Irenée, de S. Juftin; mais tous les autres peres ont parlé de même.

Tertullien dit que Jésus-Chrift ayant pris le pain, en avoit fait fon corps.

S. Cyrille de Jérufalem, qu'après la confécration il n'y avoit plus ni pain ni vin, que le pain étoit changé au corps, & le vin au fang de Jéfus-Chrift, comme il avoit changé aux noces de Cana l'eau en vin.

S. Grégoire de Niffe, qu'il tranfélémentoit la nature des chofes vifibles, comme il changeoit pendant fa vie les alimens en fa chair. S. Ambroife, qu'il changeoit par sa bénédiction la nature même des chofes.

S. Jean Chryfoftôme, qu'après la confécration il n'y a plus ni pain ni vin. Théodoret, que par la confecration le pain & le vin font changés, & deviennent

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