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verez-vous que l'église romaine est la feule fociété qu'on puiffe regarder comme la véritable églife de Jéfus-Chrift, & que les fociétés proteftantes n'appartiennent pas à cette églife?

LE DOCTEUR.

C'est le point capital que nous allons difcuter, & vous verrez qu'il est auffi incontestable que le premier.

J'ai trois preuves à vous en apporter, dont je vais d'abord vous développer l'ordre & la fuite.

Je dis que l'églife romaine eft feule la véritable église de Jéfus-Chrift:

1o. Parce que c'eft la feule qui ait pour fondateur Jéfus-Chrift, & pour conducteurs des miniftres envoyés de fa part.

2o. Parce qu'elle eft auffi la feule qui ait tous les caracteres, toutes les propriétés de l'église de Jéfus-Chrift.

3. Parce qu'elle donne à la foi des catholiques une certitude que ne peut avoir la foi des prétendus réformés.

Vous fentez bien, Monfieur, que je ne puis pas vous développer toutes ces preuves en un feul entretien; ainfi je me borne aujourd'hui à la premiere.

Je dis donc que l'églife romaine a JéfusChrift pour fondateur, & que fes pafteurs tiennent de lui leur miffion, c'eft-à

dire, le pouvoir & le droit d'enseigner & de gouverner les fideles; tandis que toutes les fociétés qu'elle a retranchées de fon fein, n'ont ni Jéfus-Chrift pour fondateur, ni pour conducteurs des miniftres qui tiennent leur autorité de lui.

L'églife eft un grand arbre que le pere de famille a planté de fes propres mains : il l'a profondément enraciné, & l'a mis par-là à l'abri des vents & des tempêtes; il fait pleuvoir fur lui la rofée du ciel avec abondance il le remplit toujours d'une feve féconde, il envoie fans ceffe fes ouvriers, qui le cultivent, qui l'arrofent, & il les charge d'en retrancher les branches mortes; mais c'est toujours l'arbre, le même arbre : les branches une fois retranchées ne lui appartiennent plus.

LE PROTESTAN T.

Je vous l'avoue, Monfieur, cette idée me frappe, & je fuis impatient de connoître les preuves que vous apportez pour établir que l'église romaine eft la feule qui ait Jéfus-Chrift pour fondateur, & dont les pasteurs tiennent leur miffion de lui. LE DOC TE U R.

C'est ce qu'il me fera très-facile de vous démontrer.

En effet, nous trouvons dans l'écriture deux actes folemnels de la fondation que Jésus-Chrift a faite de fon églife.

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Dans l'un il s'adreffe à Pierre feul pendant le cours de fa vie fainte, & dans l'autre, il donne fes ordres, après fa résurrection, à tous les apôtres réunis.

D'abord il choifit faint Pierre pour en faire le chef de cette églife, parce qu'en effet il faut à tout corps, & fur-tout à un corps répandu par toute la terre, un préfident, un centre d'union toujours fubfiftant.

Mais comment s'exprime-t-il en élevant cetapôtre à la dignité de chef d'un tel corps?

Il change fon nom de Cephas en celui de Pierre, pour exprimer de la maniere la plus éclatante ce qu'il va faire: Tu es Pierre, lui dit-il, & c'eft fur cette pierre que je bâtirai mon églife.

Je la bâtirai: Jéfus-Chrift en eft donc l'architecte ; il l'appelle mon églife: il en eft donc le fondateur, le maître; elle vient de lui, elle eft à lui.

Auffi faint Paul, fon apôtre, lui donnet-il également le titre de l'église de Dieu de l'églife de Jésus-Chrift, qu'il a acquife par fon fang (a). Il ajoute, écrivant aux Ephefiens, qu'elle eft fon corps & qu'il en eft le chef (b): qu'il la conferve pleine de gloire, n'ayant ni tache, ni ride. . . . qu'il la fanctifie, qu'il la purifie, qu'il la chérit, &c. (c).

(a) Act. 20. 28. (b) Eph. 5. 23. (c) Ibid. 27.

Jéfus - Chrift prêt enfuite à monter au ciel, réunit tous fes apôtres, & leur dit : Comme mon pere m'a envoyé, je vous envoie allez donc, enfeignez toutes les nations, les baptifant au nom du Pere, du fils, & du faint Efprit, leur apprenant à obServer tout ce que je vous ai commandé moimême, & voici que je fuis avec vous tous les jours jufqu'à la confommation des fiecles (a).

Or cette église ainfi fondée par JéfusChrist, c'est précisément l'églife catholique romaine, & ce ne peut pas en être une autre, puifqu'elle fubfifte toujours depuis cette fondation, fur cette même fouche fous le même gouvernement, & qu'il

n'en eft ainfi d'aucune autre fociété.

LE PROTESTAN T.

On ne peut pas nier, Monfieur, que Jéfus-Chrift n'ait fondé une églife, & qu'il n'en ait établi faint Pierre le chef. Mais depuis cette fondation il s'eft écoulé bien des fiecles, eft-il également certain que par la fuite des tems il n'y a point eu d'interruption entre les premiers fucceffeurs des apôtres, & ceux qui ont conduit l'église après eux, fpécialement entre ceux qui ont fuccédé à faint Pierre, & le pape qui fiege aujourd'hui à Rome, enforte

(a) Math. 28.

qu'on puiffe dire que les pafteurs de l'églife romaine ont toujours tenu leur miffion des apôtres, & par-là de JéfusChrift lui-même.

LE DOCTEUR.

Oui, Monfieur, cela eft très certain, & par l'inftitution de Jéfus-Chrift, & par l'enchaînement des faits les plus conftans. I. Je dis d'abord, par l'institution de Jéfus-Chrift.

Ce font bien fans doute les apôtres que Jéfus-Chrift avoit envoyés lui-même ; mais ceux que les apôtres envoyerent enfuite, ceux que leurs fucceffeurs ont envoyés & enverront encore jufqu'à la fin du monde, ont été, font & feront envoyés de la part de Jéfus-Chrift, par fon ordre, & ce point eft démontré par la difpofition précife de l'acte de fondation. Jésus-Chrift s'exprime ainfi : Et voici que je fuis avec vous tous les jours jufqu'à la fin du monde. Donc il ne promet pas fon affiftance feulement à fes apôtres mais à tous leurs fucceffeurs, tant que le monde durera, puifqu'il les réunit fous le mot vous qu'il applique à tous, & à qui il donne une étendue qui embraffe tous les jours & tous les fiecles.

II. Après cette fondation de l'église,* que firent les apâtres? ils exécuterent

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