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montrant un portrait, voilà le roi; ou en lui faifant voir une carte géographique, voilà la France; mes expreffions ne le tromperont point, c'est comme fi je lui difois : Ce portrait eft la figure du roi ; cette carte repréfente la France. Mais il n'en eft pas de même dans les chofes, dont l'une n'eft point le figne de l'autre : les loix du difcours ne permettent pas qu'on donne le nom d'une chose à celle qui n'en est point le figne, ou naturellement ou par l'ufage. C'eft pourquoi lorfque Jésus-Christ bénit le pain & le vin & dit: Prenez, ceci eft mon corps.... buvez, ceci eft mon fang, les apôtres devoient naturellement entendre, qu'il changeoit le pain en fon corps, & le vin en fon fang, & qu'il leur donnoit réellement fon corps & fon fang adorables.

2o. L'importance de l'objet dont le Sauveur inftruifoit alors fes difciples, exigeoit qu'il leur parlât clairement & fans. figure. C'est un facrement qu'il inftitue, un facrement qui va former le lien public de fa religion. C'eft le teftament de la nouvelle alliance, ce font fes dernieres volontés.

3°. A qui dit-il ceci eft mon corps, ceci eft mon fang? C'est à fes apôtres destinés à établir fa religion & fon églife dans tout l'univers; c'est à ceux qui devoient être

pleinement inftruits fur les facremens & fur toutes les vérités de la foi, pour en inftruire les autres; c'eft à ces mêmes apôtres à qui, dans le cours de fes dernieres inftructions, il avoit dit: Voici le tems où je ne vous parlerai plus en paraboles (a); c'est à ces mêmes apôtres à qui il avoit dit à Capharnaum, qu'il leur donneroit fon corps à manger & fon fang à boire.

4°. En quelles circonftances le Sauveur dit-il, prenez, ceci eft mon corps, &c? C'eft la veille de fa mort, dans le moment où il alloit quitter fes apôtres; c'est après leur avoir dit: Il y a long-tems que je defirois ardemment de manger avec vous cette derniere pâque (b); voulant par-là leur faire entendre qu'avant fa mort il vouloit donner aux hommes le gage le plus fignalé de fon amour; un bienfait fi précieux pourroit-il confifter à leur donner la figure & la fimple représentation de fon corps & de fon fang?

5°. Enfin la narration fimple, uniforme & parfaitement femblable des évangéliftes & de l'apôtre S. Paul, ne peut s'accorder avec le fens figuré que les calviniftes attribuent aux paroles de Jéfus-Chrift. S. Matthieu

(a) Joan. 16, 25. (b) Luc. 22, 15.

S. Marc, S. Luc & S. Paul les rapportent précifément de la même maniere, ils fe fervent des mêmes expreffions, leur narration eft parfaitement d'accord avec la promeffe de Jéfus-Chrift rapportée dans le fixieme chapitre de S. Jean. Quand les apôtres ou les évangéliftes difent des chofes difficiles à entendre, l'un a coutume d'expliquer ce que l'autre n'a pas dit affez clairement, fur-tout quand il s'agit des facremens & des vérités les plus importantes; mais ici ils font tous d'accord, même quant aux expreffions. Aucun d'eux n'infinue qu'on ne doive pas prendre à la lettre les paroles de Jéfus-Chrift. Sur quoi donc pourroit être fondée l'interprétation qu'en donnent les calviniftes?

LE PROTESTANT.

Ils difent que les apôtres devoient entendre les paroles du Sauveur dans un fens figuré, parce qu'il fe fervoit fouvent de paraboles, & que d'ailleurs il est évident que du pain & du vin ne peuvent être le corps & le fang du Seigneur.

LE DOCTEUR.

Il eft, dites-vous, impoffible qu'un morceau de pain foit le corps du Seigneur, & qu'un peu de vin foit fon fang.

Qui, fans doute, cela eft impoffible:

auffi Jésus-Chrift ne dit pas, ce pain eft mon corps, ce vin eft mon fang, mais ceci eft mon corps, ceci eft mon fang; c'est-à-dire, ce que je vous donne, qui étoit il y a un inftant du pain & du vin, eft maintenant mon corps & mon fang. Les apôtres devoient l'entendre ainfi; ils devoient d'autant plus aifément le croire, qu'ayant été témoins des prodiges qu'il avoit opérés en tant d'occafions, ils favoient que rien ne lui étoit impoffible, & que d'ailleurs le fens naturel de fes paroles fignifioit qu'il leur donnoit réellement fon corps & fon fang. Si réellement il ne le leur avoit pas donné, il faudroit dire (ce qui feroit un horrible blafphême) qu'il trompa fes apôtres; il faudroit dire qu'il a trompé toute fon églife, qui a toujours entendu fes paroles dans le fens littéral, dans lequel il favoit qu'elle les entendroit toujours.

Ce n'eft pas tout; il faudroit dire que Jésus-Chrift nous a tous trompés, fans nous laiffer aucun moyen de fortir d'erreur, & de découvrir la vérité; parce que dans l'écriture il n'y a pas un feul texte qui nous indique que les paroles que JéfusChrist proféra en inftituant l'eucharistie, doivent être entendues dans un fens métaphorique, & que d'ailleurs l'églife, interprete de la parole de Dieu, a toujours enfeigné que Jéfus Chrift a réellement

donné à fes apôtres & nous donne dans l'euchariftie fon corps & fon fang. Donc fi à cet égard nous fommes dans l'erreur, nous n'avons aucun moyen de reconnoître la vérité.

Je vais plus loin, & je dis que fi nous fommes dans l'erreur, c'eft Jéfus - Christ même qui nous y induit & nous y confirme, puifqu'il nous ordonne d'écouter fon églife, de nous en tenir à la maniere dont elle interprete fes paroles; fi nous nous trompions, nous pourrions rejeter fur Jéfus-Chrift même la caufe de notre erreur. Voilà, Monfieur, les conféquences affreufes de la doctrine des calviniftes.

LE PROTESTAN T.

Rien de plus frappant que les preuves que vous venez d'apporter; mais voici ce que nos miniftres objectent: Jésus-Chrift, après avoir dit, prenez, ceci eft mon corps, &c. ajouta: Faites ceci en mémoire de moi, d'où ils concluent que l'euchariftie n'eft qu'un mémorial, un figne, une représentation du corps & du fang de notre Seigneur. LE DOCTEUR.

Cette conclufion n'eft pas jufte: JéfusChrift nous ordonne de nous fouvenir de fa mort en approchant de l'euchariftie; mais ce fouvenir loin d'exclure la présence de fon corps, la fuppofe; fi

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