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le défert, & ils font morts. C'eft ici le pain qui defcend du ciel, afin que fi quelqu'un en mange, il ne meure point. Je fuis le pain vivant qui fuis defcendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; & le pain que je donnerai, c'eft ma chair pour la vie du monde.

Les Juifs difputoient entre eux en difant : Comment celui-ci peut-il donner fa chair à manger? Mais Jésus-Chrift leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis fi vous ne mangez la chair du fils de l'homme, & fi vous ne buvez fon fang, vous n'aurez point la vie en vous. Celui qui mange ma chair & qui boit mon fang, a la vie éternelle, & je le reffufciterai au dernier jour; car ma chair eft véritablement une nourriture, & mon fang eft véritablement un breuvage. Celui qui mange ma chair & boit mon fang demeure en moi & je demeure en lui. Comme mon pere qui eft vivant m'a envoyé & que je vis par mon pere, de même celui qui me mange vivra par moi. C'eft ici le pain qui eft defcendu du ciel. Il n'en eft pas comme de la manne dont vos peres ont mangé, & toutefois ils font morts; celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Il dit ces chofes enfeignant dans la fynagogue à Capharnaum, & plufieurs de fes difciples l'ayant entendu, dirent: ces paroles font bien dures, & qui peut les entendre? Mais Jefus fachant en lui-même que

Jes difciples murmuroient à ce sujet, leur dit: Cela vous fcandalife-t-il? Que fera-ce donc, fi vous voyez monter le fils de l'homme où il étoit auparavant? C'eft l'efprit qui vivifie, la chair ne fert de rien. Les paroles que je vous ai dites font efprit de vie (a).

Pefons maintenant toutes les paroles du Sauveur. 1°. Il nous promet de nous donner fon corps à manger & fon fang à boire; c'est ce qu'il répete prefqu'à chacun des verfets que nous venons de lire : il le dit clairement, il ne dit pas un mot qui indique que cela doive s'entendre dans un fens métaphorique.

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2o. Non feulement le Sauveur dit qu'il nous donnera fon corps à manger & fon fang à boire, mais il ajoute qu'il nous le donnera véritablement. Il nous affure que fon corps fera véritablement pour nous une nourriture & que fon fang fera véritablement un breuvage. Remarquez bien ce verfet 56: Mon corps eft véritablement un aliment, & mon fang véritablement un breuvage. Si après cela les calviniftes veulent encore que Jefus-Chrift ne nous ait pas promis de nous donner réellement fon corps & fon fang, qu'ils nous difent donc comment il falloit qu'il s'exprimât pour nous affurer que nous mangerions réelle

(a) Joan. cap. 6, v. 48, & feq.

ment

ment & substantiellement fa chair, & que nous boirions pareillement fon fang? Car il n'étoit pas poffible qu'il s'exprimat dans des termes plus énergiques que ceux dont il s'eft fervi.

3°. Le Sauveur compare ici expreffément la maniere dont on doit manger fa chair, à la manducation faite autrefois de la manne dans le défert: fa chair fera donc un véritable aliment.

4°. Les Juifs qui entendirent les paroles de Jésus-Chrift en furent tellement frappés, qu'ils dirent entr'eux : Comment peut-il nous donner fa chair à manger? Ils entendoient donc ces paroles dans le fens littéral, & naturellement ils devoient les entendre ainfi. Mais Jéfus-Christ, loin de leur dire qu'ils comprenoient mal le fens de fon difcours, confirme l'interprétation qu'ils lui donnoient. Il ajoute: En vérité, en vérité je vous dis, fi vous ne mangez la chair du fils de l'homme, & fi vous ne buvez fon fang, vous n'aurez point la vie en vous; d'où il réfulte que fi fes paroles ne devoient pas être prifes à la lettre, il trompa & confirma dans l'erreur les difciples qui l'écoutoient.

5°. Enfin, & ceci eft bien remarquable, plufieurs des difciples de Jéfus-Chrift ne pouvant croire un fi grand myftere, fe retirerent de fa fuite; mais alors s'adreffant

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à fes douze apôtres, loin d'apporter à tout ce qu'il avoit avancé aucun adouciffement, aucun correctif, fans parler de fens figuré, ni d'allégorie, il leur dit: Et vous, voulezvous auffi me quitter? Mais Simon Pierre prenant avec feu la parole pour tous: Ah! Seigneur, lui répondit-il, à qui irions-nous ? vous avez les paroles de la vie éternelle (a).

Ainfi le Sauveur femble près de fe voir abandonné par fes propres apôtres, s'ils ne veulent pas prendre tout ce qu'il a dit

dans fon fens naturel.

LE PROTESTAN T.

Que répondent à cela les calviniftes?
LE DOCTEUR.

Ils répondent que dans ce chapitre de S. Jean, il n'eft pas queftion de l'euchariftie, mais fimplement de la foi en JésusChrift; & que cette foi eft la nourriture fpirituelle & le pain céleste qu'il annonce & promet aux Juifs.

LE PROTESTANT.

Mais fur quoi est fondée cette réponse?
LE DOCTEUR.

Sur leur difficulté à fe perfuader la pré

(a) v. 66 & 67.

fence réelle. Mais je vais à préfent l'établir plus clairement encore par les paroles mêmes de l'inftitution de l'euchariftie.

S. Matthieu rapporte (a) que dans la derniere cene Jéfus-Chrift prit du pain, le bénit, le rompit & le donna à fes apôtres, leur difant: Prenez & mangez, ceci eft mon corps; & que prenant le calice, il leur dit: Buvez en tous, car ceci eft mon fang, le fang de la nouvelle alliance, qui fera répandu pour plufieurs, pour la rémiffion des péchés.

On lit la même chofe en S. Marc & en S. Luc, & dans la premiere épître de S. Paul aux Corinthiens, chap. II. V. 24.

Or il est évident que ces paroles, ceci eft mon corps, ceci eft mon fang, doivent s'entendre dans le fens littéral. Cela eft prouvé par la maniere dont Jéfus-Chrift s'exprime, par la qualité de ceux à qui il s'adreffe, par l'importance de l'objet dont il leur parle, par les circonftances où il fe trouve, enfin par la narration uniforme des évangéliftes & de l'apôtre S. Paul.

1o. La maniere dont Jéfus-Chrift s'exprime ne peut s'entendre dans un fens figuré. Le pain & le vin n'ont aucun rapport avec fon corps & fon fang; ils ne peuvent en être le figne & la repréfentation. Que je dife à quelqu'un, en lui

(4) Matth. ch. 26.

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