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pitié de nous, tandis qu'ils difent feulement en invoquant les faints: Priez pour nous.

Il n'en eft point d'affez groffier pour dire dans fa priere: Vierge fainte, S. Pierre, S. Paul, c'est vous qui m'avez créé, qui m'avez racheté. D'ailleurs les pafteurs catholiques inftruisent les fideles fur ce point, & rien n'eft plus clair que ce qu'enfeignent à ce fujet le concile de Trente & le catéchifme qu'il a fait compofer.

LE PROTESTAN T.

Voyons à préfent, Monfieur, ce qui concerne le culte des images des faints & de leurs ftatues. C'eft, ce me femble, l'article que les proteftans ont eu particuliérement en vue, lorfqu'ils ont accufé les catholiques d'idolâtrie. Auffi ont-ils prétendu que l'honneur que vous rendez aux images eft défendu par le premier précepte du décalogue.

LE DOCTEUR.

Le crime des idolâtres défendu par le premier précepte du décalogue, confistoit en ce que les idoles qu'ils adoroient étoient de fauffes divinités, & qu'ils mettoient en elles leur confiance; mais pour nous, nous n'adorons que le vrai Dieu.

Si nous honorons les faints, nous ne prétendons pas les élever au deffus de la

condition des créatures; nous les prions feulement de nous obtenir de Dieu, au nom & par les mérites de Jéfus-Christ, les graces dont nous avons befoin. Nous honorons les images de Jéfus-Chrift & des faints; mais nous croyons ce que l'église a toujours cru, & ce qu'enfeigne le concile de Trente, Seff. 25, qu'il n'y a dans les images aucune divinité ni vertu pour laquelle on doive les révérer ; que nous ne pouvons leur demander aucune grace ni mettre en elles notre confiance, comme les gentils mettoient autrefois la leur dans les idoles ; & que tout l'honneur que nous rendons aux images, fe rapporte aux originaux qu'elles repréfentent. Vous voyez par-là fi l'on peut nous taxer d'idolâtrie.

L'honneur qu'on rend à une image fe rapporte naturellement à l'objet qu'elle repréfente, par la raison même que l'image ou ftatue n'en eft qu'une représentation; tout comme le mépris qu'on fait d'une image, retombe fur l'objet qui eft repréfenté, d'où je conclus qu'il faut honorer les images qui représentent des chofes faintes, & que cet honneur fe rapportant aux chofes représentées, il ne peut avoir rien de repréhenfible; à moins qu'on n'attribuât aux images une efpece de divinité, ou de vertu, telle que les païens en attribuoient à leurs idoles; ce qui eft bien

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éloigné de la penfée des catholiques. Les ftatues & les images font les livres des fimples; elles inftruisent même ceux qui ne favent pas lire, & font naître dans leurs ames différentes idées & affections fuivant les différens objets qu'elles repréfentent. L'image de Jéfus-Christ crucifié nous rappelle le fouvenir de celui qui nous a aimés jufqu'à fe livrer à la mort pour nous racheter. Ce fouvenir que la préfence de l'image rend encore plus vif, nous porte à des fentimens d'amour & de reconnoiffance envers notre Sauveur à qui il en a tant coûté pour expier nos crimes.

Le tableau d'un faint pénitent nous avertit de ce qu'il a fait pour fatisfaire à la justice divine & gagner le ciel.

L'image d'un martyr & de l'instrument de fon fupplice nous rappelle ce que lui a fait fouffrir fon amour pour Jésus-Christ, & ce que nous devons fouffrir plutôt que de perdre le don précieux de la foi.

La représentation du faint homme Job affis fur le fumier, fouffrant avec une patience héroïque des douleurs qu'on ne peut exprimer, nous attendrit & nous encourage à fouffrir les maux de cette vie avec une entiere réfignation à la volonté de Dieu.

Les ftatues & les images dont les catholiques ornent leurs églifes font donc autant

de

de pieuses leçons qui réveillent dans les ames des fideles des fentimens de religion.

C'est pourquoi le concile de Trente enfeigne que les hiftoires des myfleres de notre rédemption exprimées par des peintures ou d'autres représentations, fervent à inftruire le peuple & à l'accoutumer & l'affermir dans la pratique de fe fouvenir continuellement des articles de la foi: de plus que l'on tire encore un avantage confidérable de toutes les faintes images, non feulement en ce qu'elles fervent au peuple à lui rafraîchir la mémoire des faveurs & des biens qu'il a reçus de JéfusChrift; mais parce que les miracles que Dieu a opérés par les faints, & les exemples falutaires qu'ils nous ont donnés, font par ce moyen continuellement exposés aux yeux des

fideles pour en rendre graces à Dieu, & pour

les exciter à conformer leur vie & leur conduite fur le modele des faints, adorer Dieu, l'aimer & vivre dans la piété (a).

LE PROTESTANT.

L'ufage de ces ftatues & de ces tableaux. eft-il bien ancien? A entendre parler nos miniftres, il femble que c'eft une innovation de l'église romaine.

LE DOCTEUR.

Cet ufage eft auffi ancien que le chrif(a) Concil. Trid. feff. 25.

tianifme, je vais vous citer des traits dont vous n'avez jamais entendu parler.

Cette femme qui, comme le rapporte l'évangile, fut guérie d'une perte de fang, en touchant la robe de Jéfus-Chrift, lui fit ériger dans la ville de Panéade une statue de bronze, au pied de laquelle elle étoit représentée comme fuppliante. Eusebe qui a vécu dans le troifieme & le quatrieme fiecles, rapporte dans fon Hiftoire, liv. 7, chap. 18, qu'il a vu cette ancienne statue, & qu'auprès d'elle il croiffoit une herbe qui guériffoit la maladie dont cette femme avoit été délivrée par Jéfus-Chrift.

Philoftorge, auteur contemporain d'Eufebe, rapporte la même chofe, & ajoute que les chrétiens avoient pour cette statue une grande vénération : : que fous le regne de Julien l'apoftat, les païens la traînerent dans les rues, & que le corps ayant été brifé, les chrétiens emporterent la tête & la conferverent avec foin & avec respect.

Aftérius, Nicéphore, & beaucoup d'autres en parlent. Sozomene rapporte que Julien l'apoftat fit placer fur la bafe de cette ftatue la fienne propre, mais que le feu du ciel la confuma en partie. (a). Le miniftre Dallié ne pouvant nier

(a) Sozom. I. 5, ch. 21.

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